Quatorze jours à peine après la reprise des activités à la RTNB, le climat est loin d’être stable. La direction et les syndicalistes se jettent le tort dans des correspondances adressées aux plus hautes autorités.
<doc2170|left>Dans une lettre du 16 novembre 2011 adressée à la ministre des Télécommunications, de l’Information, de la Communication et des Relations avec le Parlement, Chanel Nsabimbona, directeur Général de la Radio Télévision Nationale du Burundi(RTNB), s’attaque aux syndicalistes. Pour lui, la grève observée du 3 au 8 novembre ne visait que la fermeture pure et simple de la station.
Il y a eu sabotages : « Certains chefs de services ont procédé à des coupures de câbles de liaison, on s’est retrouvé devant des machines vides d’éléments vidéos sonores, tout le stock a été nettoyé afin de parer à toute forme de secours. Toutes les émissions en stock ont été effacées y compris celles des plus hautes autorités du pays ».
Ce n’est pas tout comme accusations : « Le service des émetteurs, poumons de la station avait été déserté et la radio sur internet débranchée. », ajoute-t-il. Il souligne en outre que beaucoup des chefs de services s’étaient joints aux grévistes en violation de la loi qui, dit-il, interdit, en cas de service minimum, aux chefs de services de déserter leurs postes d’attache. Toutefois, il tranquillise la ministre qu’après la reprise du travail, le climat au travail est très serein.
Des solutions intermédiaires
Le 4 novembre, signale le directeur général de la RTNB, le Comité de direction s’est réuni et a arrêté des mesures de sauvetages en procédant au remplacement des responsables qui ont failli à leurs missions. A la fin de la lettre, il réaffirme que la RTNB se porte bien au niveau financier. Il qualifie les propos des syndicalistes d’imaginaires et mensongers. Selon Chanel Nsabimbona, les syndicalistes de la RTNB ont une fâcheuse habitude de mener des grèves sans fondements.
Les syndicalistes contre-attaquent
Pour les syndicalistes, la situation est plutôt dramatique. Dans une lettre du 21 novembre adressée au président de la République, les membres du Comité exécutif du syndicat des travailleurs de la radiotélévision nationale (SYRT) dénoncent une profonde détérioration du climat socioprofessionnel. Ils appellent le chef de l’Etat à tout faire pour suivre de près cette situation et à assurer leur protection car, selon eux, « les allégations dont ils sont victimes portent atteintes à l’honneur et à la dignité de l’ensemble du personnel ».
Ce climat est consécutif aux agissements de Chanel Nsabimbona : « Il sème la zizanie au sein de l’entreprise dont il a la charge de diriger », indiquent-ils. Les syndicalistes exigent une enquête de moralité et un audit de gestion administrative et financière à la RTNB.
Des manquements graves et la politique de diviser pour régner
D’après cette lettre, Chanel Nsabimbona est irresponsable, recourt à la diffamation et applique la politique de "diviser pour régner". Il y a eu violation flagrante du Code du travail : « Pendant que le personnel observait le mouvement de grève, Chanel Nsabimbona a procédé à des transferts, des destitutions de responsables de services, et s’est adonné à des manœuvres de séquestrations, d’intimidations, de répression et autres formes de division du personnel », mentionnent-ils.
Ces syndicalistes accusent : « Ayant refusé tout dialogue social, il a pris une autre démarche diffamatoire et de diabolisation à l’égard du personnel. Il y a conspiration, il a échafaudé des manœuvres tendant à discréditer les représentants du personnel en les accusant d’infractions imaginaires, inventées de toute pièce pour distraire et tromper l’opinion. Il est allé jusqu’à les qualifier des subversifs et de déstabilisateurs des institutions », signalent-ils.
Dans cette même lettre, le directeur général de la RTNB est accusé de diverses malversations. Ces syndicalistes mentionnent quelques exemples comme la mauvaise gestion d’un montant de 1.500.000.000 Fbu provenant de fonds propres de la RTNB, les dépenses colossales pour la réparation des véhicules, l’entretien du jardin de la RTNB, etc. Il est aussi accusé de clientellisme, de népotisme, de manque de transparence dans le recrutement. Ce n’est pas tout, ces syndicalistes accuse le directeur général de la RTNB de favoriser l’impunité sur les cas de vols, il y a le non respect des équilibres en guise de réconciliation nationale dans la nomination des chefs de services et du flou dans l’octroi des suppléments des frais de mission à l’étranger, etc.
Pour les membres du SYRT, accusés de tous les maux par le directeur général de la RTNB, Chanel Nsabimbona, une crise de confiance s’est déjà installée entre le personnel et la direction de la RTNB. C’est au moment où une copie relatant les manquements de ces syndicalistes, réservée et envoyée au Directeur du Service nationale de renseignement (SNR) dérange. Le D.G. de la RTNB se défend et affirme qu’il a tenu à lui réserver une copie ’’comme tout autre organe chargé de la sécurité’’. Selon lui, il n’y a pas eu par contre de copie pour ces syndicalistes parce que ’’ces derniers font autant et n’ont pas d’adresse’’.