Ils sont jeunes et surtout passionnés. Les Enfoirés de Sanoladante font désormais salle comble à Bujumbura. Zoom sur cette troupe théâtrale qui répète Liebe, une pièce qui promet d’être inoubliable.
« Kivu », « Trop c’est trop », «La fin du monde», pour ne citer que celles-là. Ce sont entre autres les pièces dans lesquelles s’est déjà illustrée cette troupe. Pour les passionnés du théâtre, rater une représentation des enfoirés reviendrait à s’absenter à une messe dominicale.
Mardi, 18h à l’Institut français du Burundi (Ifb), trois acteurs s’activent et répètent Lièbe, leur prochaine pièce. Sans crier gare, les acteurs se mettent tout à coup à jouer un passage.
Le choc, l’horreur, la peur…on se croirait dans une vraie pièce. Le jeu est tellement vrai, tellement vécu et les mots si forts prononcés. Arthur Banshayeko, un des acteurs connus de la troupe, ne s’empêche de crier sur Maggy Gakobwa, avant que Raymond Marcel Thepaut ne se mette à dérouler des mots en allemands. Les acteurs se donnent à fond.
Sans trop donner de détails sur Liebe – il faut entretenir le suspense -, Marshall Rugano confie que cette pièce touchera plus d’un.
Vieux de cinq ans, les enfoirés de Sanolandante, sillonnent l’intérieur du pays et l’outre frontières pour jouer, depuis des années. A la tête de cette troupe, au nom qui sort de l’ordinaire, Marshall Rugano donne les motifs de cette appellation : «Les jeunes aiment toujours des choses bizarres ou qui semblent étranges d’où le nom des enfoirés pour susciter de la curiosité», confie-t-il sourire aux lèvres. Cette astuce, estime cet acteur et metteur en scène, a bien marché.
Quant à Sanolandante, renchérit Marshall, résulte d’un acronyme des noms de cinq établissements secondaires qui sont à l’origine de cette troupe : «Nous étions un collectif d’élèves qui, pour la plus part, fréquentaient les lycées du Saint-Esprit, du Lac Tanganyika, Notre Dame de Rohero et l’école Indépendante.»
Une passion semée d’embûches
Cette troupe a déjà conquis un public à Bujumbura aussi bien qu’au-delà des frontières, dans ses différents pays tels l’Allemagne, la RDC à Kisangani dans le festival Ngoma ou alors l’année passée au Rwanda dans le festival artistique Ubumuntu.
Toutefois, Marshall admet que des difficultés minent cet art : «Nous avons lancé la troupe avec plus de quarante acteurs, aujourd’hui il en reste peu. Le théâtre ne paie pas. »
Autre difficulté, la troupe n’a pas un espace propre à elle : «Nous devons toujours solliciter une salle à l’IFB. Néanmoins, nous n’avons pas le droit exclusif étant donné que d’autres activités s’y déroulent. Nous n’exploitons pas les sales à notre aise», fait-t-il savoir.
Ce dernier, ancien acteur de la troupe Pili Pili et de Lampyre, ne se lasse pas et fait savoir que les enfoirés s’activent pour d’autres projets : «Nous avons déjà la prochaine édition de Buja sans tabou qui pointe à l’horizon mais nous envisageons aussi de lancer des cafés théâtres.»
En attendant, les enfoirés promettent une interprétation à couper le souffle en dates du 7 et 8 avril à l’IFB. Pour les impatients, rigole Marshall, « Liebe» veut dire amour en allemand. Et d’ailleurs, dit-il, cette langue fera partie de certains passages du texte.