{Indépendance / Tu n’es ni cha cha ni oyé / (…) / Sa progéniture, elle questionne, se révolte / Et personne ne sait vraiment qui apaisera sa rage}
Par Jean-Marie Ngendahayo, auteur burundais dans le [recueil du Samandari dédié au cinquantenaire ->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2996]
<doc516|right>L’indépendance, ce n’est pas seulement les parades, les invités de marque, les paillettes et le champagne.
C’est surtout un état d’esprit, un sentiment. Se sentir bien et en sécurité dans son pays. Ce moment devrait être aussi l’occasion d’une introspection sincère : voir le pas franchi et le chemin à parcourir.
Certes, le Burundi a beaucoup avancé sur le chemin de la démocratie. Globalement, la sécurité est bonne. Mais nous aurions encore mieux fêté si tous les fils du Burundi, quelle que soit leur position politique, étaient à l’intérieur pays.
Nous serions encore plus heureux si la Commission Vérité Réconciliation, était déjà fonctionnelle. Les auteurs des graves violations des droits de l’homme, voire de crimes contre l’humanité, qui ont détenu ou qui sont au pouvoir, veulent-ils nous
forcer à l’amnésie ?
Il nous faut reconstruire une société juste, avec des personnalités propres, au lieu d’essayer de tirer hypocritement un voile pudique sur les années de plomb et de sang. Et la CVR nous aurait beaucoup aidé. Gardons à l’esprit que l’impunité peut alimenter l’envie de revanche et rallumer le feu.
Cinquante ans après, il nous faut une vraie lecture de notre passé, née de la confrontation des faits et de la diversité des points de vue. Naguère, la répression et la violence étaient telles qu’elles incitaient les Burundais, à se replier sur eux-mêmes.
Au Burundi, nous avons conquis une certaine liberté, que nous envient d’ailleurs certains pays en Afrique. Elle est encore fragile certes, souvent mise à mal, mais nous la défendrons quel que soit le prix.
Nous voulons, désormais, marcher debout, fiers, dans une société ouverte, où partis politiques, société civile et médias travaillent librement. Un pays où une justice indépendante garantit la liberté des uns et des autres.
Comme l’écrit un jeune poète burundais, « nous voulons libérer les consciences, les langues et les opportunités, voyager vers les rêves et les exploits de l’homme cultivé. »
Les « Bazungu », responsables à tort et à raison de nos ratés, sont partis, depuis 50 ans. Il nous faut désormais assumer notre destin.