La Banque de la République du Burundi a baissé le taux débiteur à 6% pour le secteur agro pastoral. Le forum des producteurs agricoles salue cette décision, mais déplore l’absence des textes d’application de cette mesure.
« Les établissements de crédit seront refinancés au taux de 2% pour le financement direct des projets. » lit-on dans la déclaration du gouverneur de la BRB, Jean Ciza, au début de ce mois d’octobre. Ce dernier tient à préciser que cette décision vise à assouplir les conditions de refinancement des banques et des microfinances qui opèrent dans les secteurs porteurs de croissance. Il s’agit du secteur agro-pastoral et du secteur industriel qui mettent un accent particulier sur les activités créatrices de valeur, la promotion des exportations ou le développement de la substitution aux importations.
Dans sa déclaration, le gouverneur de la BRB fait savoir que les établissements de crédit vont se refinancer à 1% auprès de la BRB et vont ajouter une marge de 2% pour le refinancement à des institutions de microfinance (IMFS).
Selon la banque des banques, le taux d’intérêt maximal à appliquer au dernier bénéficiaire sera de 5% pour les microfinances. Pour les établissements de crédit qui financent directement les projets, le taux est fixé à 6%.
Et de souligner que les établissements de crédit et les IMFS sont appelés à appliquer les frais et les commissions qui n’alourdissent pas le coût effectif du crédit.
Cependant, cette mesure ne concerne pas seulement celles qui vont demander des avances auprès de la BRB. Le gouverneur de la BRB indique que même ceux qui ont assez de liquidités doivent appliquer ces marges maximales.
Dans cette déclaration, toute banque peut se refinancer cette avance. Car, assure Jean Ciza, lorsque les conditions d’éligibilité au refinancement ne sont plus remplies, l’établissement de crédit peut amener d’autres garanties solides et continuer à bénéficier du refinancement au même taux, afin de garder la même marge appliquée au client.
En outre, BRB va accepter le refinancement en faveur des clients en défaut de paiement jusqu’à six mois d’impayés. Pour garantir le remboursement de l’argent, la BRB promet de suivre de près la mise en place du fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnateur (FIGA) par le biais du ministère des Finances.
Les agriculteurs restent sceptiques
Pour le Forum des producteurs Agricoles du Burundi(FOPABU), c’est la satisfaction totale. Festus Ciza, vice-président de ce forum fait savoir que cette décision du gouvernement vient secourir les agriculteurs associés dans des coopératives. « Nul doute que le secteur agricole fait face à un manque de financement. L’accès au crédit en est le principal obstacle.»
Selon lui, les agriculteurs n’accèdent pas aux prêts des banques et des microfinances pour plusieurs raisons. Le taux d’intérêt débiteur est exorbitant. Dans les banques commerciales, il varie entre 15 et 16%. Et de déplorer qu’il dépasse 35% dans les certaines microfinances.
En outre, les banques jugent le financement de l’agriculture trop risqué. Le financement du secteur agricole est considéré comme un investissement à haut risque du fait des contraintes des cycles agricoles, des conditions météorologiques imprévisibles, de la petite échelle de production et des compétences techniques limitées des agriculteurs et éleveurs. Ainsi, les prêteurs exigent des garanties notamment des titres de propriété, des voitures… Malheureusement, la majorité des agriculteurs n’ont pas des titres de propriété. Ce qui les prive d’accéder aux prêts bancaires.
En effet, même s’il salue la mesure prise par la BRB. Festus Ciza, vice-président du forum des agriculteurs reste sceptique. « La décision seule ne se suffit pas. Il faut des textes d’application qui détaillent comment les agriculteurs peuvent bénéficier de ce prêt.»
D’après lui, cette décision seule ne répond pas à une série de questions que se posent les agriculteurs. Quelles sont les conditions pour accéder à ce prêt ? Les agriculteurs seront obligés de donner des garanties ? Si la garantie figure parmi les conditionnalités, les banques accepteront une terre non enregistrée au département du titre foncier?
Par ailleurs cet agriculteur se demande quand cette décision entrera en vigueur. Aujourd’hui, les coopératives qui veulent cultiver du riz peuvent bénéficier d’un prêt.