<img133|right> C’est l’histoire d’une camionnette offerte par le BINUB à un tribunal de grande instance d’une province (Bubanza). Les juges ont besoin de déplacement pour aller sur terrain. Très bien. Jusque-là, rien d’anormal.
Seulement voila, le ministre des Transports veut la camionnette pour l’affecter ailleurs (ministère de l’Intérieur). Et les choses se compliquent. Les juges dont on veut prendre le seul moyen de locomotion protestent, refusent. Ils ont raison. Dans leur travail quotidien, ils doivent aller faire des constats sur terrain, poser des bornes lors des conflits fonciers. Bref, le véhicule est indispensable. Mais une dépanneuse est envoyée avec la police pour remorquer la camionnette. Fin de l’histoire.
Pourquoi j’ai tenu à évoquer cette affaire ? Tout simplement parce qu’elle n’est pas anecdotique. Voyez un peu le tableau : trois ministères (celui de l’Intérieur, de la Justice et des Transports) qui se disputent une camionnette offerte par le BINUB à des magistrats de province! Pourtant, la justice est un des secteurs à reconstruire et à renforcer dans un pays post-conflit. Et l’on ôte les rares moyens à cette même justice. Quelle image nous donnons de nous-mêmes. C’est à pleurer.
Cette histoire illustre tragiquement l’incohérence et la désorganisation qui règnent dans certains services. Pourtant, on nous sérine à longueur de journée de « cohésion de l’action gouvernementale » … Certes, on peut me rétorquer qu’à l’échelle du pays, une camionnette c’est bien peu de choses. Mais la rigueur, la planification, la bonne gouvernance commencent dans les petites choses. Cette camionnette est un syndrome.