Le Synapa a déposé un préavis de grève, le 2 novembre, qu’il compte mettre en exécution le 11 novembre 2013. Il accuse le ministère de la Santé publique de manœuvres visant à l’empêcher de fonctionner. Le porte-parole dément.
Mélance Hakizimana, président national du Synapa, ne cache pas sa colère. Selon lui, le ministère de tutelle a opéré des mutations à l’endroit de certains responsables syndicaux à la base dans les provinces Ngozi, Kirundo, Rutana, Bubanza, Makamba, Cibitoke et Gitega. « Toutes ces mutations sont tombées après que nos membres aient dénoncé des cas de malversations ou contesté un redéploiement du personnel cachant un favoritisme. »
Mélance Hakizimana confie que le secrétaire attaché à la circonscription du nord et le vice-président provincial du Synapa à Ngozi ont été mutés parce qu’ils contestaient contre un redéploiement abusif du personnel. Pourtant, il assure que ce syndicat et le ministère de la Santé s’étaient convenus de ne pas affecter le personnel dans des structures de soins où on a déjà redéployé des infirmiers.
Des crimes impunis ?
Au grand étonnement du Synapa, indique Mélance Hakizimana, les autorités provinciales de la santé ont continué à affecter le personnel de même qualification que ceux qui ont été redéployés à l’hôpital de Buye. Actuellement, il déplore que les infirmiers redéployés vivent loin de leurs familles alors que huit unités envoyés par la direction provinciale de la Santé sont sur place.
A l’hôpital de Gihofi en province Rutana, Mélance Hakizimana raconte que les représentants du Synapa sont sous la menace d’une mutation pour avoir dénoncé un détournement de plus de 2 millions de Fbu par la direction de cet hôpital. Les recettes mensuelles de l’hôpital s’élèvent à 3 millions de Fbu. Ce syndicaliste indique que le véhicule du directeur consomme, à lui seul, 2 millions de Fbu par mois en carburant pendant que 300 mille Fbu sont réservés au véhicule du superviseur. Pire encore, le ministère y a envoyé une commission d’enquête et le dossier a été transmis à la brigade anti-corruption. Contre toute attente, ce directeur a été promu.
Il en est de même dans les provinces Makamba et Cibitoke où des syndicalistes ont dénoncé des détournements de vivres de la PAM dédiés aux malnourris par des responsables des centres de santé. « Au lieu de punir les coupables, ce sont des syndicalistes qui ont été mutés », s’insurge-t-il.
Un dialogue de sourds
Pour Hilaire Ntinteretse, porte-parole du ministère, ce préavis de grève n’a aucun fondement légal car ces mutations ont été opérées pour plus d’efficacité dans le rendement du personnel de santé. Il soutient que le ministère a le droit d’opérer des changements dans ses services chaque fois que de besoin. Toutefois, il fait savoir que le dialogue va continuer entre le ministère et les responsables syndicaux afin de sortir de cette crise.
Du côté du Synapa, l’on affirme qu’aucun contact avec le gouvernement n’a eu lieu. Pour Mélance Hakizimana si rien n’est fait, la grève sera observée et même d’autres actions de grande envergure reconnues par la loi pourront être menées. Et de demander à tous les membres du Syanapa de rester sereins et de ne pas céder aux intimidations.