Les administrateurs communaux restent les seuls à être payés sur base de leurs diplômes. De plus, ces élus du peuple affirment être parmi les moins rémunérés.
Pour compenser, la présidence leur consacre une enveloppe mensuelle.
Ils font l’exception. Seuls les administrateurs communaux, parmi les autres élus du peuple, sont rémunérés, jusqu’ici, selon leur diplôme. M.O. est un ancien administrateur. Il explique : le même poste ne donne pas accès au même salaire. Un administrateur, dit-il, est payé selon son niveau d’étude comme un simple fonctionnaire de l’État. Être un élu du peuple ne veut rien dire, regrette M.O. Il indique que chez les autres, à l’instar des parlementaires, la rémunération est la même quel que soit leur diplôme. « Pour ces derniers, c’est le fait d’être un élu qui compte, rajoute-t-il.
Non seulement cela, poursuit M.O, le barème du ministère de l’intérieur est inferieur à celui des autres. « Je suis licencié. Avant que je ne devienne administrateur, j’étais enseignant. Je touchais, 102.000Fbu. Quand j’ai été élu, mon salaire a chuté jusqu’à 87.000Fbu », raconte-t-il. A cela s’ajoute, dit-il, les indemnités qu’octroie la commune à son administrateur. «Celles-ci sont fonction de la richesse communale. Mais en ce qui me concerne, salaire plus indemnités ne dépassent pas 150.000Fbu », révèle-t-il.
N.P. est administrateur communal. Licenciée en sciences infirmières. Avant de faire ses études supérieures, elle était enseignante. Son salaire, confie-t-elle, était de 127000Fbu. Après sa sortie de l’université, elle n’a pas eu le temps de travailler dans le secteur de la santé, car elle est vite élue administrateur communal. Mais comme elle le souligne, son salaire n’atteint même pas 100.000Fbu. « Je ne peux même pas oser prononcer le montant de mon salaire, indemnités comprises. C’est humiliant pour un élu du peuple », se plaint-t-elle.
L’ancien, de même que l’actuelle administrateur communal sont unanimes sur les conséquences. Les administrateurs sont souvent trainés en justice pour avoir vendu des boisements, des domaines publics, des espaces verts. Dans la plupart des cas, il s’agit des retombées de leur mauvais traitement.
Une enveloppe qui calme le jeu
L’ancien administrateur se rappelle : « J’ai été le premier, dans une réunion de tous les administrateurs, lors du dernier mandat, à pouvoir dire tout haut, en face du président de la République, ce que mes homologues disaient tout bas». « Rien de mal quand on dénonce ce qui ne va pas, pourvu qu’on n’insulte personne ! Il semblerait, qu’après, mes successeurs ont commencé à bénéficier d’une assistance supplémentaire en provenance de la présidence », croit M.O.
A propos, N.P. reste prudente mais donne toutefois quelques précisions. « C’est une somme dont on ne sait de quelle législation elle émane, on ne peut pas en dire trop. Par conséquent, si tu ne l’as pas reçue, aucune réclamation ne peut être engagée. Tout dépend du bon vouloir du chef », dit-elle.
Contacté, le porte-parole adjoint du Président de la République, Willy Nyamitwe, clarifie : «Tous les administrateurs communaux et les gouverneurs des provinces reçoivent respectivement un appui de 200.000Fbu et 400.000Fbu chacun et par mois», précise-t-il. Il indique, également, que ce montant est bel et bien consigné dans le budget national, rubrique « traitement-indemnité des mandataires politiques». Selon le porte-parole adjoint, ce fonds serait géré au sein du ministère des Finances. Toutefois, Tabu Abdallah, ministre de tutelle, dit n’avoir aucune mainmise sur ce budget. « Le ministère qui m’est confié n’est que le simple ordonnateur du budget national. Quant à la gestion, chaque ministère est responsable de son budget », rétorque-t-il.
L’Assemblée Nationale se dit n’être pas concernée
Henry Bukumbanya, président de la commission chargée des affaires économiques, à la chambre basse du parlement, reconnait qu’il n’est pas très renseigné sur la question. Néanmoins, il affirme que rémunérer les administrateurs sur leurs diplômes est chose normale. « Ce sont des fonctionnaires », dit-il. L’Assemblée nationale, poursuit-il, n’est pas directement concernée. « S’ils ont à revendiquer, cela doit passer, d’abord, au conseil des ministres. Le parlement est saisi après », conclut-il.