Le « skateboard » ou le patinage à roulettes, est pratiqué au Burundi depuis 2000. Ceux qui font ce sport en sont fiers et offrent un spectacle gratuit aux passagers, sur des routes goudronnées.
Selon Abdul Havyarimana, un pratiquant, ce sport est dangereux et exige la souplesse, la détermination et le sang froid. Sur des patins à roulettes, de jeunes garçons circulent à vive allure. Des passagers surpris, s’arrêtent pour admirer et d’autres terrifiés par les zigzags, ferment les yeux. Sur une chaine, fiers et souriants, ces jeunes descendent du campus Kiriri (la Chaussée Prince Louis Rwagasore) jusqu’au centre-ville à une vitesse hallucinante, chacun tenant son coéquipier au niveau des hanches.
Isaac, un des pratiquants signale que ce sport exige une technicité extraordinaire. D’après lui, quand on croise une voiture, dit-il, on doit maitriser les mouvements des jambes pour freiner ou la dépasser. Pendant l’embouteillage, indique-t-il, on utilise des sifflets pour signifier notre passage.
« Danger pour la circulation routière »
Isaac signale que quand on roule, une petite de coordination des mouvements des jambes entraine un accident. « Et c’est toute la chaine qui en est victime », signale-t-il. Il indique qu’il y a même des chauffeurs mal intentionnés qui leurs barrent le passage volontairement. Gaspard, un chauffeur rencontré sur la Chaussée Prince Louis Rwagasore, apprécie les démonstrations de ces jeunes.
Il affirme que s’ils seraient soutenus, ils pourraient représenter le Burundi dans de grandes compétitions internationales. Toutefois, il signale que ce sport présente un danger pour la circulation routière. Car, explique-t-il, lorsqu’ils se faufilent à travers les voitures, il y a presque une paralysie de la circulation. Les uns s’arrêtent pour admirer et peuvent perdre le contrôle de leur véhicule. D’autres, ajoute-t-il, craignent de les écraser. L’Etat devait donc construire des terrains ou des routes réservées à ces jeunes innovateurs, suggère-t-il. « Malheureusement, ils ne sont pas soutenus, pas même assurés », déplore-t-il.
Ils veulent une reconnaissance…
D’après Abdul Havyarimana, malgré les nombreuses démarches entreprises auprès du ministère de tutelle pour être reconnus, il n’y a pas eu de suite favorable: « Pour mieux nous organiser, nous avons formé un club « K2 sport » qui rassemble pour le moment plus de 30 membres. Nous allons continuer à solliciter qu’on soit reconnu comme d’autres clubs sportifs et nous espérons qu’un jour notre voix sera entendue », a-t-il indiqué.
Ces jeunes qui font face à de nombreux handicaps, demandent au ministère de la Jeunesse, des sports et de la culture de les soutenir financièrement. En effet, selon eux, ce sport exige différents matériels dont les patins à roulettes, le casque pour protéger la tête, des gans pour protéger les mains, protection des genoux et des coudes et des habits appropriés. Ils voudraient aussi un terrain spécial ou des routes spécialisées pour l’entrainement.