Le professeur Elie Sadiki, archéologue préhistorien et enseignant au département de Socio-anthropologie à l’Université du Burundi, invite l’Etat à protéger le site historique de Kirwa en commune Gishubi de la province Gitega qui est assez méconnu. Valorisé, le site permettrait la création d’emplois.
« Bien qu’il compte des biens patrimoniaux, l’Etat a oublié le site de Kirwa. Il n’a pas protégé et valorisé ce site comme il a fait pour le site de Gishora. La seule protection est que la population a peur des mythes et informations effrayantes (domestication des pythons sacrés) qui tournent autour du site. Malgré cela, l’accroissement de paysans sans terres cultivables les pousse à s’y infiltrer pour cultiver des cultures vivrières » a déploré Elie Sadiki avec beaucoup de regret.
Le professeur a égrené d’autres dangers qui guettent le site de Kirwa. Le site est vulnérable et fragile, ses arbres sacrés sont vieux. Le nombre de visites incontrôlées, l’ignorance de la population environnante, les conflits sociopolitiques qu’a connus le pays, l’exploitation forestière anarchique qui raréfie les espèces végétales, facilitent petit à petit la disparition du site.
Pour valoriser le site, le professeur suggère la restauration et l’exploitation touristique du site. « Le reboisement des arbres sacrés serait très important pour rétablir le site. Il faut aussi construire un mini-musée d’archéologie. » D’après ce spécialiste, les objets trouvés dans le site devraient être conservés dans un musée qui ne se trouve pas loin du site. « Il faudrait un mini-musée à Kirwa pour collecter, conserver et montrer les objets retrouvés dans le but des expositions ». Ce mini-musée boostera le tourisme et la recherche.
Il précise que cela faciliterait la naissance d’une industrie touristique, la création d’emploi et des activités commerciales. « Pour attirer les visiteurs, il faut des routes en bon état qui faciliteraient l’accès au site ; des destinations attrayantes et accueillantes dans le site. Des visites seraient réglementées moyennant une somme d’argent ».
D’après M. Sadiki, la population locale et l’Etat seraient des bénéficiaires :« Le tourisme génère de nouveaux emplois comme les guides touristiques. Des petits commerces, des boutiques seraient implantées tout près du site. Les agences de voyages auront des passagers qui visiteront le site ». Selon Elie Sadiki, l’Etat gagnerait à travers les taxes et impôts collectés dans ces agences, les hôtels, restaurants et télécommunication.
Rappelons que le site de Kirwa était la résidence des grands ritualistes de la fête des semailles Nankoni et Nzobe y’ikirwa. Leur domaine de Kirwa constituait environ 80% de la superficie de la commune actuelle de Gishubi de la province Gitega.
Lu pour vous :
https://www.lepoint.fr/afrique/tierno-monenembo-reinventons-nous-02-08-2022-2485114_3826.php
« Le Site historique de Kirwa méconnu et dévalorisé »
C’est en connaissant d’où nous venons que nous serons où nous sommes et où nous allons. Valoriser ce qu’on ne connaît pas ou qu’on ignore la signification ?
Enseignons notre histoire et non celle des autres.