Après avoir visité, ce mercredi 11 janvier, 5 fosses communes de la colline Mashitsi et Mutobo à Giheta, les sénateurs ont déclaré qu’il serait souhaitable que toutes les restes des victimes des événements tragiques qui ont endeuillé le Burundi puissent avoir un seul monument.
Sur la colline Mashitsi et Mutobo à Giheta où la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) a exhumé les restes des personnes assassinées en 1972, les fosses communes sont peu à peu envahies par la nature. Ce qui est visible d’ici quelques années, la nature reprendra ses droits et il serait impossible de reconnaître que sur ces deux collines, des milliers d’innocents avaient été enterrés pêle-mêle et sont restés là pendant des dizaines d’années.
Même constat au centre-ville de Gitega dans un petit local délabré où est rangé provisoirement les crânes, les tibias, les fémurs, le sacs mortuaires des fragments d’os mélangés avec la terre, les objets des victimes, etc. La place est trop petite et sans aération et apparemment sans beaucoup de techniques de conservation appropriées. Pour le vice-président de la CVR, Clément Noé Ninziza, il fallait une place adéquate pour y mettre ces restes humains sinon les chances qu’ils restent intacts sont minimes. « Avec le temps, ils continueront à se détériorer et nous ne souhaitons pas que tous ces preuves disparaissent », indique-t-il.
« Que ce ne soit pas une occasion de vengeance »
Même son de cloche chez les membres du Sénat. Selon eux, le plus dur a été fait. Il ne faut pas que tous ces efforts de chercher ces fosses communes, d’identifier et d’exhumer tous ces os et objets des victimes soient vains. D’après eux, il est temps de prendre une décision définitive et constructive pour le pays. Pour eux, c’est un signe éloquent qui montre que les Burundais ont commis du plus jamais ça. A partir de ces preuves, indiquent-ils, les générations futures y tireront des leçons de cohabitation pacifique.
« Que ce ne soit pas une occasion de vengeance pour les uns et les autres. Que tout le monde sache pourquoi et comment nous sommes arrivés à ça », déclare Honorable Cyriaque Nshimirimana. D’après le 2ème Vice-président du Sénat burundais, c’est notre passé et notre futur commun et que les parents n’enseignent pas à leurs enfants la haine et la discrimination pour ne pas tomber encore une fois dans ces atrocités.
« Ici ces sont les Hutu qui ont été assassinés en 1972 mais cela ne nous emmène pas à oublier que des Tutsi et des Twa ont été sauvagement assassinés durant les événements tragiques successifs. Il est temps alors de regarder la vérité en face pour ne pas s’accuser mutuellement », explique-t-il. Pour lui, les Burundais ont une mémoire commune, malheureusement commémorée séparément ce qui n’apaise pas les descendants des bourreaux et des victimes.
« Un monument unique pour tous ces victimes atténuera ces tensions interethniques pour permettre à tous les Burundais de commémorer ensemble et le même jour nos illustres disparues et chacun dira : Ici repose mes parents », a-t-il plaidé.