Mardi 05 novembre 2024

Politique

Le Sénat burundais pour le respect de l’Accord d’Arusha ?

14/08/2017 13

La chambre haute du parlement a adopté la semaine dernière une résolution. Cet accord a notamment été mis à l’honneur. Ce qui laisse dubitatifs plusieurs.

Le Sénat burundais adopte une contre résolution

Redorer le blason burundais, un objectif du sénat burundais. Il a décidé de répondre à la résolution du parlement européen du 6 juillet par une autre résolution. Dans cette dernière, une clause attire l’attention. Elle parle de « Respecter pleinement l’Accord de paix d’Arusha.»

Le sénat indique qu’il va s’assurer de la représentation de toutes les ethnies dans toutes les institutions. Il appelle également à s’abstenir de tout comportement ou propos susceptibles d’intensifier la violence et d’aggraver la situation du pays.

La chambre haute du parlement parlerait-il vraiment de respecter pleinement l’Accord d’Arusha ? Parce que dans cette même résolution, elle indique aussi que le peuple burundais est le seul détenteur de la souveraineté nationale. C’est donc à lui de décider de l’opportunité de modifier la Constitution. Une allusion au processus de révision de la loi-mère en cours. Là, le sénat assure qu’elle veillera néanmoins à ce que l’amendement de la Constitution ne porte atteinte notamment à l’unité nationale, à la cohésion, à la réconciliation et à la démocratie.

Convaincre la communauté internationale

Le sénat burundais demande à l’Union européenne de tenir compte de l’amélioration de la situation des droits de l’Homme et de lever ses sanctions. « Elles affectent la population dans des domaines variés comme la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire et l’appui au développement durable. »

Les représentants du peuple ont par ailleurs mandé leur patron de transmettre cette résolution à toute la communauté internationale. Cela va de Bruxelles au Conseil des ministres ACP UE. L’Union Africaine ainsi que le secrétaire général des Nations Unies doivent aussi recevoir une copie. « L’image du pays en dépend. »

Le parlement européen, dans sa résolution du mois dernier avait peint un tableau plutôt sombre du Burundi. Assassinats, tortures, disparitions, il a aussi fait état d’espace médiatique et politique verrouillé. Il félicitait l’UE pour ses sanctions contre le Burundi.

>>Réactions

Kefa Nibizi : « L’interprétation de l’Accord d’Arusha prête à confusion. »

Le président du parti Frodebu Nyakuri estime que l’interprétation de l’Accord d’Arusha prête à confusion. Il se remarque de plus en plus des hésitations à s’y référer. Pour Kefa Nibizi, la plupart de son contenu figure dans la Constitution raison pour laquelle il faut privilégier la loi mère à cet accord dont l’interprétation diverge et prête à confusion.

Onésime Nduwimana : « Ils font un peu le malin juste pour plaire. »

Le deuxième vice-président du Cnared indique que Bujumbura ne respecte en rien ni l’Accord d’Arusha ni la Constitution. « Mais il ne cesse de crier à qui veut le croire qu’il respecte l’accord et la loi fondamentale.» Selon l’ancien porte-parole du Cndd-Fdd en exil, la résolution du Sénat prouve en partie qu’ils prennent conscience qu’ils sont en difficulté. « Ils font un peu le malin juste pour plaire. » Onésime Nduwimana indique que le plus urgent c’est d’accepter de négocier l’application de cet accord sans condition aucune.

Pacifique Nininahazwe : « Nkurunziza tente de faire bonne figure à ce moment crucial. »

L’activiste des droits de l’Homme indique que si la volonté du Sénat de Révérien Ndikuriyo est de protéger l’Accord d’Arusha, ce serait inédit. « Des sources indiquent que Monsieur Ndikuriyo serait opposé à la perspective d’un quatrième mandat de Pierre Nkurunziza, mais ça m’étonnerait qu’il ose une attaque frontale à trois ans des élections de 2020. »De l’avis de Pacifique Nininahazwe, Nkurunziza tente de faire bonne figure à ce moment crucial où tous les acteurs attendent la décision de la CPI sur l’ouverture de l’enquête sur le Burundi. Je m’attends à ce que d’ici le 27 octobre 2017, Nkurunziza multiplie les gestes de bonne volonté pour endormir la communauté internationale.

Hamza Venant Burikukiye : « Les Occidentaux sont hypocrites. »

Le porte-parole de la plateforme pour la société civile (Pisc-Burundi) déplore que certains aient récupéré l’Accord d’Arusha pour en faire leur slogan « anti-troisième mandat.» Hamza Venant Burikukiye parle également d’hypocrisie des Occidentaux qui réclament le respect de l’Accord d’Arusha : « Ils sont les premiers à le bafouer. Quand il s’agit d’octroyer du travail, ils favorisent une ethnie plutôt qu’une autre. »
A.N.


« Paroles, paroles, paroles »

« Le Sénat burundais pour le respect de l’Accord d’Arusha ? » Tout le monde écarquille les yeux. Les politiciens trouvent assez curieux que le Sénat ait inclus une telle exigence dans sa résolution. On sait que depuis 2015, Accord d’Arusha rime essentiellement avec respect de la limitation des mandats à deux. Les contestataires du troisième mandat du président Nkurunziza en ont fait leur cheval de bataille. Du côté du Cndd-Fdd, la Constitution a été brandie et cet Accord relégué au second plan. Que le Sénat appelle au respect de ce dernier laisse perplexe. Les plus optimistes parlent d’avancée. Mais on a envie de leur dire d’arrêter de rêver. Parce que le Sénat burundais évoque également des notions comme « la souveraineté du peuple à modifier la Constitution.» Et là on comprend que c’est juste un jeu de mots. La révision de la Constitution va suivre son cours, au nom de la volonté du peuple. La Commission chargée de statuer sur les révisions de la loi fondamentale est assez avancée. Le parti au pouvoir se projette déjà vers les élections de 2020. A moins d’un revirement de dernière minute, il ne faudrait pas trop s’attendre à un Sénat burundais faisant barrage aux ambitions affichées du président Nkurunziza. Il se pourrait que certains membres du Sénat, notamment son président, veuillent présenter leurs candidatures aux élections présidentielles. Néanmoins, il serait plus judicieux pour eux de s’expliquer au sein du parti, plutôt que de se servir du Sénat comme d’une tribune.

La question qui reste en suspens : « Pourquoi le Sénat décide de parler du respect de l’Accord d’Arusha ? » Les analystes penchent plutôt vers une astuce pour amadouer la communauté internationale. Bujumbura croule sous les sanctions économiques et a besoin de renflouer ses caisses vides. Une opération de séduction qui commence plus ou moins à payer. L’exemple frappant est celui du Conseil de sécurité. Lors de sa dernière séance, il a marché sur les œufs, se refusant de frustrer Bujumbura qui « fait des efforts.» Sauf que pour ce cas du Sénat, le remède simple et efficace contre la poudre aux yeux que l’on nous a lancée à la figure est de souffler dessus.
« Paroles, paroles, paroles », les plus anciens se souviennent de cette chanson de Dalida. « Toujours des mots, rien que des mots… » Une très belle chanson de Dalida…

Forum des lecteurs d'Iwacu

13 réactions
  1. ndamanisha

    c,est tromper la communauté afin de continuer leurs plans macabre de tuerie ! ! ! un parlement qui assiste a des tueries de sa population qui est censé protéger. pour tout dire le burundi n,as pas des senateurs. ..

  2. Rurihose

    Pourquoi publier le cimmentaire d Eruc bassement tribakiste et vide de sens , mais censurer le mien:
    Le problème urundais n est pas du tout ethnique, un groupe mafieux au pouvoir (Comme au temos de Micimbero) pille le pays , le détruit et invoque la corde ethnique quand cela l’arrange.
    Aho bica les FNL, pourquoi ne parlaient ils pas de Hutu et Tutsi, ni d Arusha.
    Les racjets des MutamaII , Mutama III, Jusqu’à Mutama N profitent ils à tous les hutus?
    Eric, vous faites sciemment des raccourcis pour justifier l’injustifiable.
    Comparez le Burundi à son frère du Nord, et vous pourrez alors apprécier la valeur de notre gouvernement

  3. eric

    SORRY WITH FRENCH
    Thank que l’accord d’arusha ne change pas en favor de la majority des hutu,le burundi n’est pa encore libre.
    Les belges demandent le respect d’accord d’arusha(partage inequitable) bcp plus que les tutsis.
    C’est malheuruex que les hutus elites se calment et pensent a l’argent avant de penser au partage logique ,juste .
    Les hutus gardent la haine et finissent par tuer nos freres tutsis.
    SVP vous hutus parler de vos droits come les tutsis le font et fait cela avec modernity .et bcp d’effort et expliquer ouvertement al’opinion internationale car le monde pense que c’est les tutsis qui sont en danger ou en injustice sociale alors que c’est l’inverse.

    ERIC IN SOUTH AFRICA
    .

    • Ndimaso

      Je suis d’accord avec vous M. Eric.
      L’accord d’Arusha est une grande injustice pour les Hutu. Les Tutsi sont 15% mais avec 50% des postes dans l’armée et la police; 40% au Gouvernement et dans des postes de responsabilité. Cela renforce la pauvreté chez une grande masse de population chez les Hutu. La question que je lance est la suivante: est-ce que la protection de la minorité passe par l’injustice à l’égard de la majorité? N’Y aurait-il pas d’autres moyens d’assurer la protection de la minorité? Dans les pays développés comme le Canada, on s’efforce, sans y arriver, d’accorder le pourcentage correspondant au % des minorités.Pourquoi cela ne peut pas convenir au Burundi?

      • Björn

        Le quota etnic dans les institution n’est pas une solution a tout les problemes et meme iö est mauvais pour le developpement. Il faut plustot mettre les competences.les gens capable de faire le boulot. On donne pas le boulot grace a la forme du nez de la personne plustot grace ala competence.

      • Hello J'y crois

        Dommage Mr ou Mme Ndimaso. voudrais-tu dire que tous ceux qui ne sont pas dans les postes politiques (des 40-60) meurent de faim? en effet, c’est dans les postes politiques que la compétence importe peu, à en croire l’accord d’arusha. car, entourés des compétences techniques (loin des considérations politiques, régionales, ethniques, religieuses, genre, etc), le Burundi se développera. et je suis parfaitement d’accord avec ça. que les moins compétents challengent dans le politique, allez courage! Je vivrais à la sueur de mon front.

    • mutama

      Hutu, hutu, malheureux et victimes. Jamais boureaux. Tous orphelins de 1972, tous les tutsi meme des bebes tutsi ont tué des hutu. Eux sont victimes, c’est pour cela que des leaders de cette idéologie portent des cailloux ou des Pierres sur leurs tetes hanyuma ngo « Caratuvunye »
      Chers amis cette musique est à regretter, les humains sont lies qu,on le veuille ou pas et on est aussi lié à la nature qui nous entourent.
      Attiser la haine, veut dire aller à l’encontre de l’harmonie parfaite qui a crée l’univers.

  4. MIZA

    L’économie pourrait repartir ! C’est la politique qui freine tout ! Entendez-vous nos chers politiciens ! Pensez à nous, le peuple que nous sommes et qui souffrons.
    http://www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=16958&Itemid=1

  5. Hello J'y crois

    Un jeu de mot, oui, si c’est pour permettre hellas à la machine d’avancer! Merci pour l’article. pour le reste, voir le pdt du sénat entrer si tôt en conflit avec N.K pour un échéancier de 3 ans, j’ai des doutes. même s’il prendrait cette option, elle serait la mauvaise voire la pire, la dangereuse pour lui

    • DUCK

      @HELLO J’Y CROIS
      Non seulement pire pour lui, mais plutot pire pour le Burundi; pire pour les refugies; pire pour les victimes qui vont en perrir; pire pour la democracy au Burundi; pire pour la region; pire pour la diplomacie internationale; pire partout. Le 4eme Mandat causera une destruction totale, qui est sous-estimee par le CNDD-FDD.
      Voici la situation:
      CNDD-FDD yibazako Opposition nta nguvu ifitse kandi ko nta nguvu igifitse, kandi ko nubwo yogira ingunvu, izoneshwa nkuko yaneshejwe muri 2015. CNDD-FDD yirengagiza ibindi vyose bishoboka, kuko yizeye ko Russia na China na Egypt na Angola, kumbure na Turkey bizoburizamwo UN Resolutions izarizo zose.
      Ngarukiye ngaha kuko kuvuga menshi siko kuyamara, ariko bidatinze, CNDD-FDD izokwitabira ibiganiro inclusive vya bose hamwe.

  6. NKINA

    Rappelez-vous toujours de cette phrase : « Vous nous jugerez à nos actes et votre satisfaction sera notre fierté ».

  7. Ramazani

    Des résolutions pour brouiller les pistes ? Certainement On connait trop bien les burundais dans l’art de brouiller les pistes et obtenir quelques euro’s des occidentaux . Non non

    • NDIKUMWAMI

      Sortez svp de cette idéologie pestiferée de Hutu et Tutsi, qui nous déshumanise complètement ? Lorsque les Burundais auront compris ça en commençant par ces politicards qui n’ont on dirait aucune notion de ce que c’est une Nation, le Burundi pourra ensuite avancer sur le plan économique.

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