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Le secteur des « petits » métiers n’a pas été oublié

05/05/2013 Commentaires fermés sur Le secteur des « petits » métiers n’a pas été oublié

Même si certains artisans burundais indiquent qu’ils n’ont pas de place dans la communauté est africaine, le ministère chargé de l’Intégration Régionale les rassure.

Au marché communément appelé « Ku k’abasazi » ou « Au rendez-vous des fous », quartier Mutanga nord, côté rivière Ntahangwa. Un groupe de plus de 20 menuisiers s’est organisé pour fabriquer des meubles sur commande ou pas. Ils ont constitué un stock et des clients peuvent se procurer des tables, des chaises, armoires, dressoirs, etc. Pourtant, la colère est grande. Depuis que le Burundi a intégré la communauté est africaine, déclare Eric Ndabarushimana, chargé du développement au sein de l’Alliance des Menuisiers du Burundi (Amebu), le secteur des menuisiers ne s’est pas amélioré. « Le prix du bois n’a pas cessé de grimper, malgré les
importations en provenance des pays de l’EAC. »

D’après M. Ndabarushimana, le pays n’a jamais manifesté son engagement à protéger et promouvoir les produits made in Burundi. « Nous avons été envahis par des fabrications d’origine étrangère. Aujourd’hui, le matériel de construction pour les portes, fenêtres, charpentes, etc. s’achète soit à Dubaï, soit en Chine », signale-t-il.

Par ailleurs, le chargé du développement à l’Amebu fait remarquer que les menuisiers ont vu les commandes baissées, ce qui entraîne parfois le chômage et la baisse des revenus. Il soutient que les menuisiers n’ont vu aucun geste de la part du gouvernement allant dans le sens de les aider pour améliorer leurs connaissances dans la fabrication de quelque chose de bonne qualité : « Ailleurs, pour raboter le bois, on utilise du matériel électrique, tandis qu’ici tout se fait à la main. »

Eric Ndabarushimana indique que, lors des foires et expositions, les organisateurs ne
leur facilitent pas la tâche alors que c’est le moment de vanter leurs mérites : « Un stand pouvant abriter un salon est loué pour 40.000 Fbu par jour. Or, il arrive que l’on passe une ou deux journées sans vendre. »
Face à cette concurrence et si le pays ne fait rien, renchérit Salvator Manirambona, vieux dans le métier depuis plus de 20 ans, beaucoup d’ateliers risquent de fermer. Ainsi, il demande au ministère en charge de l’intégration régionale de plaider pour financer la formation d’une main d’œuvre locale qualifiée.

EAC : vaste blague pour nos « stylistes », soudeurs et mécaniciens

A Buyenzi, Idi Nano, réparateur des camions et ses collègues ne veulent pas entendre parler de l’intégration régionale : « Nous vendons nos services qui ne sont pas exportables. Vous allez au Rwanda, au Kenya, en Tanzanie, vous y trouverez des mécaniciens. » Cependant, ils reconnaissent un avantage : la suppression des frais de visa.
Même son de cloche chez Gérard Ndayizeye et Jean Paul Niyonkuru, respectivement chef d’un atelier de couture et de soudure: « Que le Burundi ait intégré la communauté est africaine, qu’est-ce que cela change dans notre vie? » Le couturier et le soudeur sont méfiants du fait que même les prix des tissus et du fer n’ont pas baissé d’un centime de francs. De plus, lâchent-ils, la clientèle n’a pas du tout suivi l’intégration.

Notre souci, c’est de voir le secteur des « petits » métiers prospérer

Liliane Mpawenayo, conseiller au Département des finances, commerce et
investissement au ministère des Affaires de la Communauté Est Africaine, est rassurante. « Qu’ils sortent de leur isolement et se regroupent en associations pour soumettre leurs projets aux bailleurs, c’est ainsi que leurs voix porteront loin », conseille-t-elle.

Dans le cadre de promouvoir les « petits » métiers, Mme Mpawenayo fait savoir
qu’au niveau régional, l’exposition {Jua kali, nguvu kazi} (travail dur sous le soleil
accablant), est organisée chaque année dans l’un des pays membres de l’EAC.
Objectif : donner l’occasion aux artisans de faire connaître leurs produits, les vendre et échanger leurs expériences. Elle regrette qu’au cours d’une exposition qui s’est déroulée en Ouganda, l’année dernière, des artisans voulaient des frais de participation alors que le pays avait pris en charge le coût de leur transport ainsi que celui de leurs marchandises, la location des stands et des tables, etc. Aux artisans pessimistes, Mme Mpawenayo demande la patience. Et de les inviter à l’exposition {Jua Kali, nguvu kazi}, prévue du 2 au 9 décembre à Bujumbura où 200 artisans burundais rencontreront 500 du Rwanda, Ouganda, Tanzanie et Kenya.

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