Le Burundi fait face à un sérieux manque d’enseignants. « Le ministère de l’Education a reçu l’autorisation d’engager 630 nouveaux enseignants, soit 5 par commune, sur les 12 000 demandés au gouvernement », a précisé le ministre lors des questions orales au Sénat, ce 24 septembre. Iwacu a fait le même constat dans son enquête sur ce dossier, à peine deux semaines après la rentrée scolaire. Face à cette pénurie d’enseignants, certaines écoles se débrouillent comme elles peuvent.
Un de nos reporters a constaté, dans un lycée public, qu’un professeur d’histoire enseigne aussi les technologies de l’information et de la communication (TIC). Pour pallier ce problème, qui représente un obstacle majeur à une éducation de qualité, « le ministère recherche activement des partenaires pour soutenir le gouvernement et relever les défis du secteur éducatif ».
La veille, les députés avaient analysé un rapport d’audit sur la gestion budgétaire du ministère de la Fonction publique. Ils ont constaté que ce ministère sollicite des fonds bien supérieurs à ses paiements de salaires. « Nous prévoyons des montants supérieurs pour couvrir les salaires des fonctionnaires promus ainsi que de nouveaux fonctionnaires engagés. Quant au reste des montants non consommés, ils ont été transférés au trésor », a répondu le responsable de ce ministère. Des questions me taraudent. Est-ce que les enseignants ne sont pas payés par le ministère de la Fonction publique ? Si oui, pourquoi remettre l’argent alors qu’on en a besoin pour le recrutement ? En soumettant le budget programme, le ministère de l’Education n’a-t-il pas exprimé le besoin de recruter des enseignants ?
Le thème des états généraux de l’Education tenus du 14 au 16 juin 2022 à Bujumbura était « Bâtir un système éducatif performant pour un meilleur avenir ». Par ailleurs, le Burundi s’est doté d’un Plan sectoriel de l’éducation 2022-2030. Tous ces efforts et initiatives concourent à promouvoir l’accès à une éducation de qualité. Va-t-on réussir sans enseignants suffisants et qualifiés ?
Plusieurs défis hantent le secteur de l’éducation. Sans être exhaustif, on peut citer : le manque de cohérence des programmes qui ne sont pas adaptés aux besoins du marché de l’emploi ; un enseignement plus théorique que pratique (manque de laboratoires, d’ordinateurs, de connexion internet) ; des effectifs très élevés dans les classes ; des universités sans innovations.
Mais la question des enseignants qualifiés et performants se pose avec acuité. Selon les observateurs, le pays peine à attirer et conserver des enseignants de qualité, en grande partie à cause de la faible motivation. « Les données montrent que les salaires des enseignants sont relativement bas par rapport à d’autres professions exigeant un niveau d’études similaire, entraînant ainsi une baisse du prestige du métier. »
Offrir à tous une éducation de qualité est au cœur de l’agenda Éducation 2030. Pour atteindre cet objectif, il faudra des enseignants qualifiés, formés, correctement rémunérés et motivés. On aura ainsi redoré le blason de la seule profession qui crée toutes les autres professions.
Burundi. C’est le seul pays de l’Afrique de l’Est où l’enseignant n’est pas valorisé. Allez au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie, « Mwalimu » est quelqu’un qui est respecté socialement, son salaire n’a rien à envier par rapport aux autres professions.