Effets dominos ou exécution des injonctions venues d’ « en haut ? » La question est sur toutes les lèvres après que différents administratifs ont pris des mesures presque identiques. « Les débits de boisson sont ouverts de 17 h à 21 h les jours ouvrables et de 13 h à 21 h pour les jours fériés », avait ordonné vendredi 22 novembre le maire de Bujumbura, capitale économique.
C’est entre autres décisions du Conseil municipal « dans le but de favoriser la croissance économique et préserver la santé de la population. » Mercredi 27 novembre, l’administrateur de la commune de Gitega, capitale politique, reprend la même mesure pour question de sécurité. Le même jour, le gouverneur de Muyinga énonce la même décision que les administrateurs communaux de sa province doivent mettre en application.
Plusieurs mesures ont été annoncées. Mais celle restreignant les heures d’accès aux bistrots est tombée comme un couperet et a suscité moult réactions aussi bien chez les propriétaires que les consommateurs. Frustrations, spéculations, rumeurs, questionnement… « Etat d’urgence ou couvre-feu ? », « Une mesure unilatérale prise sans tenir compte de la réalité du pays », « Nous avons droit au loisir », laisse-t-on entendre.
Face au chômage, au revenu non régulier pour certains, au salaire qui n’arrive pas à joindre les deux bouts du mois, la plupart des Burundais essaient de se débrouiller. Face au quotidien difficile, ils vont à la recherche d’un second souffle. Une des activités génératrices de revenus prisée est l’ouverture d’un bistrot. Non sans raison. Fréquenter les bistrots et les bars est pour les Burundais une pratique inscrite dans les mœurs. Ils sont pour eux des lieux de vie, de convivialité, de plaisir, de rendez-vous. Il suffit d’inventorier leur dénomination, aucune autre activité n’a trouvé aussi de synonymes que les bistrots au Burundi : taverne, tripot, gargote, guinguette, mastroquet, troquet, tapis-franc, etc.
Certes, il faut réguler, prendre des mesures pour la bonne marche de la société. Mais, il est aussi sage d’en étudier l’impact, jauger si elles ne peuvent faire plus de mal que de bien. Nous faisons partie de la Communauté Est-africaine où la tendance est de travailler 24heures/24. Pourtant, ils boivent. Mais « baada ya kazi » (après le boulot).
Par ailleurs, il sied de s’interroger si tout administratif a la latitude de prendre de telles mesures. Autrement dit, si l’on a pas débordé sur la parcelle du gouvernement qui devrait les imposer avec l’accord du Parlement sous le regard vigilant du judiciaire. Surtout en ce qui concerne le respect de la Constitution !