Charles Karerwa a eu 0,1 point de plus que Francine Ngendahayo à l’issue d’un test pour être chef de service à la Celon, un organe de l’Union Européenne qui finance des projets au Burundi. Pourtant, la ministre des Finances a placé Francine à ce poste.
« Permettez-moi de vous demander de sauvegarder la transparence, l’équité et la non discrimination qui ont toujours caractérisé votre noble institution », écrit Charles Karerwa à l’ambassadeur de l’Union Européenne. Dans son rapport, ce dernier précise que le bureau Transtec, qui a organisé le test de recrutement, a clairement recommandé les noms des candidats retenus suivant un classement de mérite à la page 28 : « Je figure en 1ère position avec une note de 23,1 points contre 23 de Francine Ngendahayo qui a été désignée à ma place par la ministre Clotilde Nizigama. » Dans les avis et recommandations de Transtec, poursuit M. Karerwa, « il est clairement indiqué que j’occupe la première place, et le bureau m’a proposé comme chef de section Contrat et Finances à la Celon. »
Charles Karerwa demande à l’ambassadeur de l’Union Européenne d’annuler cette décision de la ministre Clotilde Nizigama qui, selon lui, va à l’encontre de la transparence et de la réalité. « Pourquoi une nomination alors qu’on a fait un test de sélection ? Les résultats et recommandations de Transtec, seraient-ils remis en cause ? » S’interroge Charles Karerwa.
Selon Joseph Ndayikeza, porte-parole du ministère des Finances, la ministre des Finances a le droit de choisir, après l’examen, l’un des trois premiers candidats. Il pense que la ministre aurait privilégié le genre.
Par ailleurs, explique M. Ndayikeza, la ministre peut faire ses propres enquêtes pour savoir si le candidat est un bon travailleur : « Si elle apprend qu’il est fainéant, c’est un critère éloquent d’élimination. »
Selon la secrétaire de l’ambassadeur de l’Union Européenne, M. Charles Karerwa a reçu une réponse à sa réclamation : « Ce candidat doit s’adresser au gouvernement du Burundi. » M. Karerwa jure, cependant, qu’il n’a pas reçu de réponse à la correspondance qu’il a adressée à l’ambassadeur de l’U.E.
Un examen, puis une nomination
Si la ministre a la latitude de placer à ce poste qui elle veut parmi les candidats, il y a lieu de se demander le bien fondé du test de sélection. En outre, l’idée du favoritisme n’est pas exclue et met en doute la place de l’objectivité dans ce choix. Dans des agences onusiennes aussi, le recrutement s’opère suivant une certaine pratique plus ou moins obscure. Selon des sources, le gouvernement du Burundi et ces agences se sont convenus de faire une discrimination positive : on engage autant de Hutu que de Tutsi, autant d’hommes que de femmes, quel que soient les résultats des tests de recrutement. L’ambassadeur de l’Union Européenne est accusé par Charles Karerwa d’avoir accepté la proposition de la ministre des Finances, « parce qu’elle est ministre ». L’UE appliquerait-elle également la discrimination positive ? Le temps en dira plus…