Du 23 au 24 juillet, le parti de Melchior Ndadaye tient son 5ème congrès ordinaire national. Parmi les points à l’ordre du jour, la mise en place de nouveaux organes dirigeants. Léonce Ngendakumana, président sortant, fait figure de favori pour rester à la tête du parti de Ndadaye.
A point nommé ? Depuis le dernier congrès (28 et 29 octobre 2006), beaucoup d’eau a coulé sous les ponts pour le parti de Melchior Ndadaye : nouvelle déroute électorale en 2010, dissensions, départs vers d’autres formations politiques, divergences internes notamment au sujet d’adhésion à l’ADC Ikibiri. Il y a aussi les textes régissant le parti, mais qui ne collent pas au contexte politique actuel. Sans oublier la revendication de la jeunesse pour être représentée dans les organes du parti.
« Le parti ne peut pas rester là où il était au moment de son agrément », lance Léonce Ngendakumana, président sortant. Aujourd’hui, constate-t-il amèrement, il y a prédominance de la logique militaire sur la politique : « L’opinion nationale et internationale privilégie l’homme armé qui vole et tue.» Durant 30 ans, explique-t-il, le parti Uprona a dirigé le Burundi avec l’appui de l’armée. Et avec l’accession du CNDD-FDD au pouvoir, la police contrôle presque tout : « Elle fait la pluie et le beau temps. » Ainsi, pour le président du Frodebu, le parti doit travailler pour amener tout ce monde sur les rails de la démocratie. Ce rendez-vous très attendu des {Inziraguhemuka} (membres du Frodebu) est aussi une occasion de faire le bilan et arrêter des stratégies pour l’avenir du parti.
Des noms sont déjà connus
Selon des sources au Frodebu, Léonce Ngendakumana serait le seul candidat à la présidence de ce parti. Il aurait notamment la faveur de la Centrale des Jeunes Démocrates (CJD), la jeunesse du Frodebu. Cette dernière verrait en M. Ngendakumana un leader digne de ce nom. Pour avoir dirigé le parti dans les moments difficiles et pour avoir maîtrisé des « déviants » comme Jean Minani, président du parti Sahwanya Frodebu Nyakuri Iragi rya Ndadaye. Patrick N, président de la CJD affirme que personne d’autre ne peut être à la hauteur sauf Léonce Ngendakumana, un homme réputé direct avec ses opposants et soutenu par la base.
Frédéric Bamvuginyumvira et Pierre Claver Nahimana seraient candidats au poste de vice-président et Euphrasie Bigirimana pour le secrétariat exécutif. Il serait aussi question de remplacer Pancrace Cimpaye, le porte-parole aujourd’hui en exil.
« L’avenir du Frodebu dépend de ses choix stratégiques et techniques »
Pour Sylvestre Ntibantunganya, ancien Président de la République et un des membres fondateurs du Frodebu, ce parti est un grand acteur de l’avènement de la démocratie au Burundi et doit s’inscrire dans la voie de sa consolidation : « C’est un mode de gouvernement dont les Burundais ont déjà pris connaissance, en défendant les acquis et en dressant de nouvelles perspectives. ». Pour ce sénateur donc, un parti comme le Frodebu doit lutter pour la conquête du pouvoir selon la nouvelle donne démocratique, en identifiant et en maîtrisant certains paramètres.
Ainsi donc, ajoute–il, lors des précédentes élections, la création de l’ADC-Ikibiri aurait mieux fait de continuer les élections, pour défendre et consolider la démocratie. Pour l’ancien Chef d’Etat donc, l’avenir du Frodebu dépend de ses choix stratégiques et tactiques : « L’important est qu’on voie qu’un parti participe au débat sur les questions fondamentales du pays », affirme Sylvestre Ntibantunganya. Et pour lui ce n’est pas la fin du monde quand on n’est pas au pouvoir : « Sinon ce ne serait pas maîtriser la démocratie, car elle signifie également l’alternance. »