« Le roi Mwambutsa a accepté de perdre l’un ou l’autre procès face à des citoyens ordinaires et je ne vois pas pourquoi il n’en serait pas de même dans le cas du dossier d’emprisonnement du correspondant de la Radio France Internationale (RFI, section Swahili), Hassan Ruvakuki. Surtout qu’il ne faisait que son métier de journaliste au moment de l’arrestation », a souligné Innocent Muhozi, lors de l’émission club de la presse qui donne la parole aux professionnels des médias pour décortiquer l’actualité nationale et internationale dominante de la semaine et parler de la vie de leur corporation.
Quant au sénateur et secrétaire général du conseil national pour la défense de la démocratie/forces de défense de la démocratie(CNDD-FDD, parti au pouvoir), Gélase Ndabirabe, qui a qualifié récemment Hassan Ruvakuki de « rebelle », le directeur général de Télé-renaissance s’est insurgé contre de tels propos.
« Je revendique le droit d’être rebelle depuis 20 ans. Mais je suis un rebelle contre l’injustice. Nous devons tous l’être. Le tout est de savoir pourquoi on se rebelle. Si Hassan faisait un travail reconnu par la Constitution et qu’il passe pour un rebelle aux yeux de certains, nous sommes dans ce cas tous des rebelles. Ce qui est sûr, nous n’allons pas accepter qu’il soit condamné pour des choses pareilles », lance-t-il. Et d’ajouter : « S’il fallait pousser encore plus loin la réflexion sur ce dossier, je dirais qu’il y a eu une grosse erreur dès le départ de la part de ceux qui ont arrêté Hassan. Ils n’ont pas voulu reculer à temps ».
De son côté, le président de l’Union burundaise des journalistes(UBJ), Alexandre Niyungeko a trouvé qu’«il ne manquait que cela à la longue liste de maux dont on charge Hassan Ruvakuki. Le comble est que de tels propos viennent maintenant d’un représentant du peuple. Notre intime conviction est que, malgré tout, la suite du dossier va dépendre de la personnalité et du professionnalisme des magistrats. « S’il n’est pas libéré, le combat va se poursuivre. Surtout que nous serons des Hassan en puissance», assure-t-il.
L’analyste et journaliste au groupe de presse indépendant Iwacu, Pierre Claver Nsengiyumva, quant à lui, a estimé que la récente déclaration du sénateur sonne à l’oreille comme une mise en garde contre les journalistes et ceux qui voudraient s’intéresser au fonctionnement des affaires publiques. Il estime que demain on va étendre la contrainte aux défenseurs des droits de l’homme. Et de conclure : « On dit que c’est un rebelle. On ne l’a jamais surpris avec des armes à la main. Finalement, c’est aussi une façon à peine voilée de suggérer au juge que si jamais il venait à libérer cette personne, il se sera lui-même rebellé ».