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Le retour des coups de force en Afrique

05/05/2013 Commentaires fermés sur Le retour des coups de force en Afrique

<doc7795|left>La naissance du siècle nouveau avait correspondu à l’éclosion d’un élan d’espoir de paix et de concorde sur le continent africain. Malgré les crises persistantes çà et là sur le continent, la toute nouvelle Union Africaine avait pris une résolution radicale consistant à bannir à jamais « le coup d’Etat ». Désormais, en Afrique, toute force politique qui s’emparerait du pouvoir par la force serait condamnée, ostracisée, bannie par ses pairs.
Mais à peine treize ans se sont-ils écoulés que la réalité sur le terrain est toute autre : peut-on parler de l’éradication des coups d’Etat en Afrique ? Quels sont les facteurs déclencheurs et/ou générateurs de ces coups de force ?

La persistance d’une alternance politique violente

Que ce soit par un putsch classique, un soulèvement armé ou un mélange des deux, il est clair que l’alternance politique sous le mode de la violence fait toujours florès en Afrique. L’Union Africaine a eu beau condamner ce phénomène de façon principielle et philosophique, il reste toujours un moyen de prise de pouvoir fort prisé par la classe politique africaine du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest du continent.

Si la mort de la violence politique tarde à venir, c’est d’abord et avant tout à cause d’un mauvais leadership. Et mal diriger ne signifie pas seulement mener le pays à une dérive économique, morale et sociale. C’est aussi donner l’impression de s’installer au pouvoir pour l’éternité ; en quelque sorte, ôter tout espoir d’un lendemain meilleur grâce à une alternance politique qui est toujours source d’un nouvel espoir. En effet, si l’alternance n’est pas une panacée du moins donne-t-elle espoir que les malheurs présents peuvent ou vont prendre fin. Elle inculque dans l’esprit du prince qu’il est légitime non pas seulement parce qu’il a été élu, mais aussi et surtout qu’il est soumis péremptoirement au prescrit de la Constitution et des autres lois régissant la nation.

La violence politique a la vie dure à cause des intérêts extérieurs qui imposent aux populations indigènes des dirigeants et des systèmes politiques dont la préoccupation première est de donner satisfaction au pillage systématique des ressources nationales humaines et économiques.
Cette violence persistera tant que l’opposant au prince ne rêvera que de le remplacer pour jouir des mêmes privilèges coupables. A défaut de propositions nouvelles créatrices d’espoir parce que répondant systématiquement aux attentes du citoyen à court, à moyen et à long terme, l’opposant active le ressentiment, la frayeur et un désir de vengeance effréné dans ses militants.

Que faire ?
– L’Union Africaine et les organisations sous-régionales devraient rester fermes sur le principe de la condamnation de toute alternative violente au pouvoir. Sans compromis aucun. Lorsqu’une tentative de coup d’Etat a lieu, la réprimer par une force coalisée immédiatement sans autre forme de procès ;
– Les mêmes organisations et les Nations unies devraient être plus strictes sur le respect des dénominateurs communs de bonne gouvernance sur le continent. Créer des mécanismes de sanction des régimes n’obéissant pas à ces critères minimum caractérisant un leadership responsable et respectueux d’un Etat de droit ;
– Une représentation de la société civile dans les mécanismes législatifs et exécutifs de l’Union Africaine et des organisations régionales est à explorée pour élargir le débat et affiner le suivi des violations des droits de l’Homme dans les pays membres.

Aussi longtemps que de beaux principes seront émis, mais que face à la réalité du terrain les décideurs tergiversent, se divisent et louvoient quant aux décisions à prendre, la paix et un développement harmonieux en Afrique n’est pas pour demain.

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