Initialement prévu du 19 au 24 octobre à Arusha à l’hôtel Ngurdoto Mountain Lodge, ce round décisif se déroulera du 24 au 29 octobre. En attendant cette date, les commentaires de la classe politique burundaise divergent.
Pour Macocha Moshe Tembele, assistant du facilitateur dans le dialogue inter-burundais, Benjamin Mkapa, il n’y a qu’une seule raison : la commémoration du 25ème anniversaire de l’assassinat du premier président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye.
«Ce changement intervient suite à des demandes officielles pour permettre à certains protagonistes de prendre part à ces cérémonies du 21 octobre», peut-on lire sur son compte Twitter.
Léonce Ngendakumana, vice-président du Frodebu affirme que son parti a bien accueilli ce report mais apporte une nuance de taille. «Ce n’est pas le premier report». Il parle de 8 à 9 reports depuis le début de ces pourparlers sous la houlette du facilitateur tanzanien, Benjamin Mkapa. «Ce report n’augure rien de bon sur l’avenir du peuple burundais».
Selon lui, il y a beaucoup d’interrogations et de non-dits. Soit, il y a la mauvaise volonté du pouvoir de Bujumbura . «L’opposition quant à elle, veut absolument négocier la paix et la sécurité pour que ses leaders aujourd’hui en exil puissent rentrer».
Soit il y aurait incompétence de la médiation. Même la négociation et la conclusion de l’accord d’Arusha n’a pas pris autant de temps. «Nous l’avons fait en 2 ans et nous avons conclu un accord, maintenant nous venons de faire plus de 3 ans sans avoir eu même un seul compromis sur la crise burundaise».
M. Ngendakumana fait savoir qu’il est possible que la négociation soit complice du pouvoir. «Dans tous les cas, le peuple burundais va continuer à croupir et vivre dans la misère, l’insécurité, l’isolement et une cohabitation difficile».
Un report nécessaire
Jean de Dieu Mutabazi, président du parti Radebu, proche du pouvoir, n’est pas du même avis. «Nous sommes parmi ceux qui avaient demandé que la date de cette session soit revue. Cette date ne nous convenait pas suite à la commémoration du 25ème anniversaire de l’assassinat de Melchior Ndadaye». C’est une date très importante dans l’histoire de la démocratie au Burundi, souligne-t-il.
Pour le président du Radebu, ceux qui pensent que ce report est une stratégie du gouvernement pour esquiver les pourparlers ont tort. «La situation sur terrain démontre que le parti au pouvoir est en position de force. C’est au contraire ce dernier qui tirerait profit de cette session». Pour lui, ce report arrange tout le monde. Reculer d’une semaine ne change pas grand-chose.
Et d’ajouter que ce 5ème round va permettre au parti au pouvoir et à l’opposition de pouvoir discuter sur les modalités des élections de 2020.
Lors du lancement des invitations pour cette 5ème session des pourparlers, le facilitateur Benjamin Mkapa s’attendait à ce que les Burundais discutent librement et de manière concluante de tous les sujets qui permettraient de tenir avec succès des élections de 2020, rappelle son assistant Macocha Tembele.