Le 10 septembre, l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès, ont rejeté en bloc le rapport Diène. Les représentants du peuple dénoncent le caractère diffamatoire des conclusions. Ils y voient une main du « colonisateur ».
Selon Révérien Ndikuriyo, président du sénat, le rapport émane des putschistes. La seule différence est qu’ils sont en uniforme bleu des Nations unies. Le « très » honorable sénateur pointe du doigt la Belgique, l’ancienne puissance coloniale. « Des experts burundais sont à pied d’œuvre pour confectionner un document de plus de 200 pages mettant en exergue le rôle de la Belgique dans la déstabilisation du Burundi ».
Un avis partagé par le ministre de l’Intérieur Pascal Barandagiye, appelé en renfort lors des débats. Il est accompagné par ses homologues de la Justice et des Droits de l’homme. Il indique que les membres de la commission veulent plaire à celui qui les mandate. Pour lui, ce sont des mercenaires à la solde du colonisateur. Il explique que les Occidentaux ont concocté un plan pour asservir certains pays.
C’est un document qui vise notamment la propagation de l’homosexualité et le vol des richesses du sous-sol. M. Barandagiye estime que le Burundi est le «mauvais élève ». Il refuse de se plier à ces exigences. D’où l’acharnement à son encontre. » Ils ont essayé en vain de renverser les institutions par un coup d’Etat. Ils ont voulu faire comparaître nos dirigeants à la Cour pénale internationale et nous avons pris la décision de nous en retirer. » Et d’expliquer que lorsque les ennemis du Burundi sont désormais à court de munitions, ils se rabattent sur la question des droits de l’homme. Ce qui occasionne des sanctions contre le Burundi.
Sa collègue de la Justice, Aimée Laurentine Kanyana, elle, remet en cause l’indépendance de la commission. Pour elle la preuve est que certains membres de la commission sont parfois nommés à la CPI. (Elle fait allusion à Reine Alapini Gansou, ancien membre de la commission élue à la Cour pénale internationale).
Les élus exigent réparation
Dans le rapport de la commission, les experts de l’ONU affirment que la crise a contribué à » l’appauvrissement des Burundais. Pascal Nyabenda, président de la chambre basse du Parlement, s’en offusque. Il affirme que le tort n’est pas imputable au gouvernement, mais à ceux qui ferment les robinets : » Si nous analysons les pertes dues au gel de la coopération avec notre pays, alors qu’ils nous y avaient habitués, n’est-ce pas qu’ils nous dédommageront ? Si bien sûr la justice internationale fonctionne ».
Sur les contributions jugées « forcées » par les experts, le président de l’Assemblée nationale balaie du revers de la main ces allégations. « Certains élus ont demandé à ce qu’on ne retranche pas la contribution sur leurs salaires et leurs souhaits ont été exaucés. » Il s’interroge sur quelle base ce rapport dresse une situation de plus en plus calamiteuse. Il déplore que ces experts ne mesurent pas l’ampleur des dégâts causés sur le Burundi. « S’ils avaient réellement de bonnes intentions à notre égard, ils appuieraient la commission vérité et réconciliation et la commission nationale des droits de l’homme (Cndih) qui manquent de moyens». Un député, Zénon Ndaruvukanye, prend la défense des services de renseignements et de la police. Ils sont cités avec les Imbonerakure comme responsables des violations des droits de l’homme.
Pour lui, ils font les frais d’avoir réussi à venir à bout des putschistes. Quant à la mise en cause du président de la République, certains élus interprètent cela comme une « déclaration de guerre ».Une ligne rouge que les experts ne devraient pas franchir. Les représentants du peuple ont exigé des poursuites et des réparations.