Maître Isidore Rufyikiri est emprisonné à Mpimba pour outrage à magistrat et à l’autorité publique. Le procureur général près la Cour d’appel l’avait convoqué pour question d’enquête.
Le bâtonnier Banzubaze n’en revient pas : « Ce que nous venons de voir est scandaleux ! » Le porte-parole de l’ordre des avocats du Burundi parle d’une catastrophe dans la société que de voir la « défense se retrouver en prison » pour des délits montés de toutes pièces : « Si cela continue, la société va se désagréger. »
Une inquiétude partagée par la société civile qui s’exprime à travers le Forsc (Forum pour le renforcement de la société civile). Pacifique Nininahazwe, son président parle d’une « justice qui met en danger la défense en arrêtant les avocats. »
Il demande la libération immédiate de Me Rufyikiri dont l’emprisonnement n’a aucun fondement judiciaire « d’autant plus que personne ne craignait sa fuite » et que rien n’explique son incarcération : « Il a été convoqué et n’a pas hésité une seule seconde de se présenter chez le procureur. »
Il y rejoint Me Suzanne Bukuru dont il demandait la libération
Dans une « déclaration de l’ordre des avocats du Burundi suite à l’emprisonnement de Maître Suzanne Bukuru », Me Rufyikiri s’inquiète : « Quand un système judiciaire commence à emprisonner les Avocats, les journalistes et tous les autres défenseurs des droits humains, cela dénote un phénomène d’autophagie de l’Etat. »
Et lors d’une intervention sur les ondes d’une radio locale, il avait qualifié d’ « {utugabo n’utugore tw’uducamanza twononera Intahe} » ( » de petits hommes et femmes de magistrats qui salissent la justice » ), ceux de ces confrères qui outrepassent la loi et les règles de la déontologie du métier. Ainsi parlait-il pour fustiger l’emprisonnement Me Bukuru accusée d’ « espionnage ».
L’incarcération du bâtonnier Rufyikiri intervient alors que plus de 90 avocats sont en grève d’une semaine (depuis lundi 25 juillet), réclamant la libération sans condition de leur consœur Me Suzanne Bukuru.