La FAO a reçu le mandat du Gouvernement pour exécuter le projet Multinational de Renforcement de l’état de préparation et de la réponse d’urgence à la crise alimentaire au Burundi, aux Comores, en Somalie et au Soudan du Sud (SEPAREF), financé sur un don de la BAD dans l’objectif d’améliorer la production agricole, la productivité et la résilience des systèmes de production agricole dans les pays cibles, pour atténuer les risques à court et à long terme aggravés par la guerre en Ukraine.
La mise en œuvre du projet Multinational de Renforcement de l’état de préparation et de la réponse d’urgence à la crise alimentaire au Burundi, aux Comores, en Somalie et au Soudan du Sud (SEPAREF) passe par le renforcement des institutions nationales. Il s’agit notamment pour le Burundi, de l’ISABU, ONCCS et Bureaux provinciaux de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage/BPEAE) et les OP/privés à accroître la production de semences de première génération pour les cultures de maïs, haricot, blé et soja
Selon les bénéficiaires, le projet est venu à point nommé et permet la multiplication des semences de qualité pour les rendre accessibles aux agriculteurs de la zone d’action du projet constitué des provinces de Kayanza, Gitega, Rutana et Mwaro.
Les activités sur terrain ont démarré avec la saison 2024A. Les organisations de producteurs ainsi que les privés multiplicateurs de semences ont été ciblés par les Bureaux Provinciaux de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage et appuyés dans la production des semences certifiées de haricot, de blé et de soja durant la saison 2024 B sur des sites validés par l’Office National de Contrôle et de Certification de semences dans les 4 provinces d’intervention du projet.
Dans le cadre de l’appui aux services de l’État, le projet SEPAREF a appuyé l’ISABU dans la multiplication des semences de pré base sur le haricot, le soja et le blé, pour un total de 12ha soit 4ha pour chaque culture. En même temps L’ISABU a été soutenu dans la multiplication des lignées parentales pour la production des semences de maïs hybride trois voies, afin qu’à terme, il puisse contribuer à produire suffisamment de semences localement sans recourir à l’importation.
Des champs de maïs hybride de base de ligné parentale sont installés au centre d’innovation de l’ISABU Mparambo en commune Rugombo. Jonas Ndikumana, chercheur et responsable de la composante Céréales à l’ISABU indique que plusieurs activités appuyées par la FAO dans le cadre du projet SEPAREF sont en cours. C’est la multiplication des semences de première génération de haricot, de blé, du soja. « Pour le maïs c’est la semence hybride qui est développée. Nous multiplions des Semences de base de lignée parentale. Ce sont des parents des hybrides que nous allons produire dans les zones agro-écologiques ».
Il indique que le Burundi, depuis un certain temps, est engagé dans le processus de production des semences de maïs hybrides au niveau local. La FAO, via le projet financé par la BAD appuie la multiplication des prébases. A terme du processus, les agriculteurs vont accéder à ces semences hybrides moins chères comparativement à celles habituellement importées.
M.Ndikumana indique que ces semences vont parvenir aux agriculteurs via le chemin classique. « ISABU produit des semences de première génération, lignées parentales et les hybrides simples. Les multiplicateurs semenciers vont produire des semences certifiées à vendre aux producteurs agricoles ».
Il salue la fructueuse collaboration entre l’ISABU et la FAO. M. Ndikumana estime que le financement de la BAD dans le domaine semencier est venu à point nommé. SEPAREF appuiera également la réhabilitation du périmètre irrigué de Rujembo sur 40 hectares.
En province Kayanza, on multiplie essentiellement le blé. L’objectif est de donner aux agriculteurs des semences de qualité pour booster la production. Selon Raphael Minani, chef du centre d’innovation l’ISABU de Munanira, en commune Muruta, en province Kayanza, sur trois hectares ils ont pu récolter plus de cinq tonnes. Il considère néanmoins que la production aurait été meilleure n’eût été les aléas climatiques.
Des multiplicateurs des semences ne sont pas en reste
A côté de l’ISABU il y a déjà près d’une soixantaine de multiplicateurs de semences en tant que groupements ou privés qui sont impliqués dans cette filière de production des semences de qualité avec l’appui du projet SEPAREF. Jeanine Niyonzima est une multiplicatrice de semences qui a un hangar sur la colline Kinga en commune Kayanza. Elle salue l’appui du projet. Mme Niyonzima a bénéficié des appuis pour produire, entre autres, le soja et le haricot. « Ces appuis multiformes permettent aux agriculteurs à accéder aux semences de qualité ».
Evariste Gasunzu, est un multiplicateur de semences de la zone Kiriba, commune Giheta en province Gitega. Il a été appuyé pour la multiplication des semences de qualité. Il salue un projet dont les fruits lui donnent du baume au cœur. « Nous produisons des semences de maïs et des haricots. SEPAREF nous a donné tout le kit nécessaire notamment les intrants agricoles en l’occurrence le fumier, les engrais chimiques et les semences ».
Dans le même cadre d’appui à l’ISABU, le projet a commencé la construction de quatre aires de séchage avec abris dans quatre centres de l’ISABU notamment Mparambo (Cibitoke), Bukemba (Rutana), Gisozi (Mwaro) et Rukoba (Gitega).
Selon Nabor Barancira coordonnateur du projet Multinational de Renforcement de l’état de préparation et de la réponse d’urgence à la crise alimentaire au Burundi, aux Comores, en Somalie et au Soudan du Sud (SEPAREF), le projet a été actif au niveau de la FAO en février 2023 et le lancement officiel pour les quatre pays a eu lieu au mois de mai à Bujumbura. Même si la coordination a été mise en place un peu tardivement, dit-il, ils ont pu démarrer la saison 2024 A. « Nous avons mis en place du maïs sur plus de 90 hectares, culture du haricot sur 60 hectares, le blé sur 25 hectares et le soja sur 36 hectares. Les données de production brute sont disponibles mais la quantité de semences produites est en cours de collecte.
D’après lui, il faut attendre que l’Office national de contrôle et de certification des semences, ONCCS puisse faire la certification des semences avant de donner la quantité réellement produite. On doit passer par le triage, dit-il, car, toute la quantité produite n’est pas dédiée aux semences. Et d’ajouter qu’il y a une partie triée qui est destinée à la consommation.
Avec l’appui de la BAD, le projet a renforcé les capacités des inspecteurs semenciers de l’ONCCS et de la direction de la promotion des filières agricoles et des produits forestiers non ligneux (DPFAPFNL). De ce fait, ces inspecteurs ont reçu une mise à jour de leurs connaissances en matière de lutte intégrée contre les maladies et ravageurs des plantes en vue d’assurer un meilleur encadrement des producteurs et le contrôle et de la certification de la qualité de semences.
Un appui multiforme
Un renforcement des capacités des associations et des coopératives ainsi que des multiplicateurs de semences dans le cadre de la lutte intégrée contre les maladies et les ravageurs a été organisé. La formation en deux temps, en salle et sur terrain, se focalisait sur la lutte intégrée contre les maladies et ravageurs des quatre cultures principales en l’occurrence le blé, le maïs, le haricot et le soja sur lesquelles intervient le projet mais également sur la compréhension du processus de de contrôle et de certification des semences. Une action qui a permis d’identifier des maladies et les ravageurs qu’ils rencontrent dans les champs et en stocks.
Le coordonnateur du projet indique qu’actuellement, il y a 56 Organisations des Producteurs (OP) et des privés multiplicateurs des semences. La majorité sont des producteurs privés impliqués dans la multiplication des semences. « Au moment de la mise en œuvre des foires aux semences, nous essayerons que la moitié de bénéficiaires soient des femmes. C’est un indicateur qui tient à cœur aussi bien le gouvernement que le bailleur et la FAO en termes d’équité et d’accès aux intrants », a-t-il souligné.
D’après lui, même parmi les multiplicateurs, il y a des femmes. Quand elles remplissent les conditions exigées en termes de superficie et des critères au niveau de l’ONCCS elles sont admises parmi les bénéficiaires.
Nabor Barancira dit être satisfait des réalisations malgré des contraintes climatiques face auxquelles l’homme est impuissant . On peut seulement atténuer les effets du changement climatique, dit-il.
Il souligne que la variabilité du climat et l’irrégularité des pluies a causé un choc sur certaines cultures comme le haricot et le soja dans certaines localités notamment dans la province de Rutana. « C’est pourquoi on répartit sur plusieurs sites de multiplication pour que s’il y a choc dans certaines communes, on récolte ailleurs.
Le coordinateur du projet poursuit que d’autres réalisations sont envisagées. Il s’agit dans un deuxième temps d’appuyer les services gouvernementaux impliqués dans la multiplication des semences dans la digitalisation. C’est donc la mise en place d’une plateforme numérique de suivi du secteur des semences au Burundi qui permettra aux différents utilisateurs d’avoir un accès facile aux informations et données sur la production, sur le marché en termes de disponibilité et de prix pour faciliter cet aspect de rendre disponible des semences de qualité sur tout le territoire national.
Oscar Uwikunda, directeur du bureau provincial de l’environnement, de l’agriculture et l’élevage à Gitega salue un projet qui est venu promouvoir la production. « Le projet SEPAREF financé par la BAD et mis en œuvre par la FAO, soutient et encourage les multiplicateurs des semences. Il s’agit d’augmenter le nombre de multiplicateurs pour faciliter l’accès aux semences de qualité aux producteurs ».
Pour lui, le projet est venu résoudre le problème d’insuffisance des semences certifiées. Il se dit confiant que les semences multipliées aideront à réduire la vulnérabilité. Il encourage les producteurs à s’approvisionner en semence de qualité auprès des multiplicateurs de semences agréés par l’ONCCS afin de booster la production.