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Le projet PROPA-O engagé dans la lutte contre la malnutrition au Burundi

07/08/2018 Commentaires fermés sur Le projet PROPA-O engagé dans la lutte contre la malnutrition au Burundi
Le projet PROPA-O engagé dans la lutte contre la malnutrition au Burundi
Les participants en train de suivre les méthodes de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant.

Le projet pour accélérer l’atteinte de l’OMD1c (PROPA-O) sous sa composante « nutrition », en étroite collaboration avec le Programme National Intégré d’Alimentation et de Nutrition (PRONIANUT/MSPLS), a organisé du 23 au 28 juillet 2018 un atelier de formation et de renforcement des capacités des équipes cadres des bureaux provinciaux de santé des provinces Cibitoke et Ruyigi.

La préparation d’une alimentation équilibrée, comment allaiter efficacement un enfant, les concepts de base en nutrition communautaire, la lutte contre la malnutrition dans le cadre de l’approche multisectorielle, méthodes de gestion, de suivi et de rapportage rigoureux des résultats et des données récoltées lors du dépistage communautaire de la nutrition ; étaient entre autres les points principaux à l’agenda de cette formation.

Colombe Kaneza, responsable de la composante nutrition au sein du PROPA-O, indique que cette formation a été organisée en faveur de 40 membres des équipes cadres des bureaux provinciaux de santé (BPS), des districts sanitaires (BDS), les cadres du Centre de développement familial et communautaire (CDFC), ceux de la direction provinciale de l’agriculture et de l’élevage (DPAE) ainsi que les cadres des directions provinciales de l’enseignement (DPE).

Elle affirme que la malnutrition est devenue un problème de santé publique. Pour ce, tous les intervenants doivent conjuguer leurs efforts pour lutter contre ce problème. « C’est pourquoi dans cette formation les cadres de la DPAE sont invités. Eux aussi ont leur pierre à apporter dans la réduction de la malnutrition au Burundi. »

Selon elle, après la formation, les équipes cadre des différents ministères doivent aller dans leurs provinces respectives pour renforcer les capacités des communautés. Il faut que la population soit sensibilisée sur le bien-fondé de la lutte contre la malnutrition.

Mme Kaneza souligne que le problème de malnutrition n’est pas seulement lié au manque de nourriture, mais aussi à l’ignorance. Certaines personnes ont toute la nourriture nécessaire mais ne savent pas comment la préparer pour constituer un repas équilibré.

La malnutrition chronique plus inquiétante au Burundi

Dr Alain Patrick Bimenyimana, directeur adjoint technique du PRONIANUT/MSPLS, évoque 3 formes de malnutrition, à savoir la malnutrition chronique qui se manifeste par le retard de croissance, la malnutrition aigüe qui se manifeste par un poids inférieur par rapport à la taille de l’enfant. Et l’insuffisance pondérale qui souvent associe les 2 premières.

Selon lui, la forme la plus répandue au Burundi est la malnutrition chronique. « Les statistiques nous montrent que plus de la moitié des enfants ont un retard de croissance. Et 17 provinces sur 18 sont au-delà du seuil de l’OMS des 40% ». Pourtant, poursuit-il, en ce qui est de la malnutrition aigüe, la situation est encore acceptable. « Nous sommes en dessous des 5% du seuil de l’OMS. Le taux global avoisine 4,5 % ».

Il ajoute que les causes structurelles de ce problème ne doivent pas être traitées uniquement par le ministère de la Santé. « Ce sont des causes multiples qui doivent être traitées à différents niveaux par différents ministères ». Et de souligner également des causes intermédiaires qui se trouvent au niveau des communautés, dont l’accès aux services de santé, l’accès à la terre, la violation des droits de la femme. « Il y a également des causes directes qui sont entre autres une alimentation inadéquate et les maladies ».

Dr Bimenyimana fait savoir que les conséquences directes de cette mauvaise situation nutritionnelle se manifestent par une forte mortalité des enfants. « Une étude a montré que plus 40% de décès des enfants de moins de 5 ans seraient liés à une mauvaise situation nutritionnelle ».

En outre, des conséquences néfastes à long terme pour ce qui est de la malnutrition chronique ne manquent pas. « Les enfants qui en souffrent ont un taux de mortalité très élevé. Même si ces derniers arrivent à passer le cap de l’enfance et deviennent adultes ils sont plus exposés à développer des pathologies cardiovasculaire et chronique comme le diabète, l’hypertension ».

Pour lui, l’une des conséquences les plus redoutables de la malnutrition chronique à long terme est que l’enfant n’aura pas des capacités intellectuelles développées au même niveau que les enfants qui n’ont pas souffert de cette pathologie. A long terme, le pays pourrait manquer de ressources humaines compétentes. « Il faut mettre ensemble tous les intervenants et élaborer des projets multisectoriels dans lesquels nous pouvons trouver tous les aspects de prévention, de protection des droits de l’enfant, de production agricole et laitière pour que la population puisse accéder à une alimentation suffisante et de bonne qualité ».

Une expérience hors du commun

Dr Dora Aimée Dushime, une des formatrices, fait savoir que cette formation va aider les bénéficiaires : à maîtriser les bonnes pratiques pour alimenter le nourrisson ou le jeune enfant, à développer les aptitudes d’écoute, d’évaluation et d’analyse.

Côté bénéficiaires, la satisfaction était totale. Marie-Grâce Ndayishimiye, infirmière à l’hôpital Kinyinya, se dit satisfaite des nouvelles connaissances acquises dans la formation. « J’ai appris qu’après la naissance, l’enfant doit directement téter le sein de sa mère quand elle est encore sur la table d’accouchement. Je croyais également qu’après 6 mois l’enfant doit spécifiquement prendre des aliments sous forme de bouillie très légère. On nous a appris plutôt que c’est conseillé que l’enfant prenne des aliments sous forme de bouillie très concentrée ». En plus, insiste-t-elle, j’ignorais qu’un enfant de moins de 9 mois peut manger des aliments avec de l’huile.

Même son de cloche chez Festus Ntihabose, directeur de la DPAE Ruyigi, qui soutient que cette formation lui a été bénéfique. « Je vais beaucoup plus sensibiliser les gens pour bien préparer les aliments qu’ils vont consommer. »

Financé par l’Union Européenne et administré par le FIDA, le PROPA-O est mis en œuvre dans 8 provinces : Bubanza, Cibitoke, Ruyigi, Cankuzo, Rutana, Bujumbura, Rumonge, Makamba. La formation des équipes cadres des bureaux provinciaux de santé et des districts sanitaires a débuté dans 2 provinces. Prochainement, cette formation sera organisée dans les provinces restantes.

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