Vendredi 22 novembre 2024

Économie

Le projet MarkUp pour l’amélioration de la qualité du thé au Burundi

06/01/2023 1
Le projet MarkUp pour l’amélioration de la qualité du thé au Burundi
Une plantation du thé dans la commune Mugamba province Bururi.

Des équipements de qualité, des formations, des renforcements de capacités, des coachings font partie de l’appui du projet MarkUp, financé par l’Union européenne, au secteur du thé au Burundi. Des opérateurs dans ce secteur se réjouissent de l’amélioration de la qualité du thé burundais et de sa compétitivité dans les marchés internationaux.

Financé par l’Union européenne à hauteur de 3,680 millions d’euros, le programme de l’amélioration de l’accès aux marchés MarkUp (Market Access Upgrade Programme) a appuyé PROTHEM Usine, une entreprise privée opérant dans le secteur du thé au Burundi. Des formations et des sessions de coaching sont parmi des services qu’a bénéficié cette société à travers ce projet.

« Pas mal de nos techniciens ont bénéficié des formations et de renforcement sur de bonnes pratiques agricoles et des pratiques d’usinage. Des représentants des théiculteurs bénéficiaires de nos services ont reçu des formations », explique Tanguy Hicuburundi, responsable commercial de PROTHEM Usine.

En plus des formations, indique-t-il, il y a eu des visites et des échanges d’expérience avec des partenaires œuvrant dans le secteur du thé : « Il y a eu aussi des sessions de coaching et audits qui ont été faits par des consultants de MarkUp.  Ils nous ont montré ce qui se fait ailleurs, les pratiques nouvelles pour avoir du thé de bonne qualité. Après, des recommandations ont été formulées ».

Il apprécie les appuis techniques leur octroyés par le programme MarkUp, dont du matériel pour le suivi des paramètres dans l’usine.
« Le projet nous a beaucoup appuyés. Avec le projet, on exporte du thé de qualité. Avant, on était obligé d’amener des consultants étrangers et chers. Quand on a des consultants financés par un projet, c’est bénéfique pour nous ».

Pour Jacques Habimana, responsable du département industriel à PROTHEM Usine et en même temps bénéficiaire des formations et coachings, la qualité du thé a considérablement amélioré avec l’appui du projet MarkUp : « On nous a surtout formés sur l’amélioration de la qualité du thé en vue de répondre aux normes exigées par le marché international. La plus-value est qu’aujourd’hui, nous sommes capables de nous aligner aux normes internationales telles qu’exigées par les acheteurs ».

Selon lui, les techniciens savent actuellement contrôler les paramètres d’usinage pour avoir du thé de qualité. Il explique qu’avant les formations et le renforcement des capacités à travers le projet MarkUp, certains paramètres n’étaient pas contrôlés : « Au niveau de la fermentation, par exemple, on pouvait dépasser les normes, car certains de nos techniciens n’étaient pas bien formés. A travers les formations et les visites effectuées dans des meilleures usines de la région, notamment au Kenya, nous avons appris ce que les autres font ».

Il se réjouit que la qualité du thé burundais soit désormais appréciée sur le marché international. Selon lui, il y a eu des changements positifs d’après les rapports des dégustateurs basés à Mombasa : « Les dégustateurs disent qu’il y a eu une amélioration de la qualité du thé produit par notre usine ».

« Nous avons reçu des appuis multiformes de MarkUP »

L’Office du thé du Burundi (OTB), une entreprise publique ayant pour mission la promotion de la théiculture au niveau national et la commercialisation du thé au Burundi et à l’étranger, est parmi les bénéficiaires directes de l’appui du projet MarkUp financé par l’Union européenne. A travers ce projet, les responsables de l’OTB disent avoir reçu des appuis multiformes.

« Le projet MarkUp nous a appuyés dans le renforcement des capacités pour que le thé produit puisse avoir l’accès sur le marché international. Il a d’abord passé à la sensibilisation, à la formation et à l’appui technique de nos techniciens », indique Méthode Habwawihe, chef de service qualité et certification à l’OTB.

Selon lui, les cadres qui ont été formés sont de toutes les usines de production de l’OTB : « On a formé les encadreurs de terrain, les responsables techniques sur l’infrastructure qualité. Le personnel de l’OTB a reçu des certificats reconnus ».

Il confie que l’OTB a aussi eu un appui pour le coaching de la part d’un consultant international pour la production du thé de qualité : « Le coaching a duré au moins une semaine par unité de production. Le consultant est passé plus de deux fois par unité ». En plus des sessions de coaching, les équipes de cette entreprise ont aussi bénéficié d’échanges d’expériences au Burundi et à l’étranger.

Selon Méthode Habwawihe, le projet MarkUp a aussi renforcé les capacités des laboratoires de l’OTB en leur octroyant des équipements de laboratoire qui permettent la production du thé de qualité. Ainsi, explique-t-il, l’appréciation et l’analyse au niveau des laboratoires peuvent être faits actuellement avec beaucoup d’assurance : « Ce n’est pas suffisant, mais cela a contribué dans l’amélioration de la qualité du thé ».

De la certification Rainforest Alliance pour accéder aux marchés européens

Méthode Habwawihe apprécie l’appui de MarkUp pour la certification Rainforest Alliance des usines de production de l’OTB.

Selon Méthode Habwawihe, le projet MarkUp a aussi appuyé l’OTB pour que ses usines de production aient le certificat Rainforest Alliance. Ce certificat rassure que le produit respecte les trois piliers de la durabilité : social, économique et environnemental.

Il fait savoir qu’au moins cinq cadres par usine de production de l’OTB ont été formés sur la norme Rainforest Alliance et ont reçu des certificats. Et de se réjouir que toutes les usines de production de cette entreprise publique soient actuellement certifiées Rainforest Alliance. Pour lui, cela apporte une plus-value au secteur du thé burundais : « La plus-value est surtout au niveau de la compétitivité sur les prix suite à l’amélioration de la qualité ».

D’après lui, la certification Rain Alliance obtenue grâce au projet MarkUp leur permet de gagner la confiance des clients, car le thé certifié donne de l’assurance aux consommateurs.

Et de préciser que cette certification permet à l’OTB d’accéder aux marchés et d’exporter le thé burundais en Europe : « Si le thé burundais n’est pas certifié Rainforest Alliance, il ne peut pas accéder à certains marchés et ne peut plus être compétitif ».

Il rassure que le thé burundais soit actuellement accepté partout : « Pour le moment, la qualité du thé burundais est appréciée partout au monde. Mais, la qualité n’a pas de fin. Il faut toujours améliorer et maintenir les acquis ».

Pour la société PROTHEM Usine, le processus de certification Rainforest Alliance est à 60 %. Le responsable commercial de cette société Tanguy Hicuburundi apprécie le pas franchi : « On espère que le projet se clôture ayant obtenu ce certificat. Il est trop cher. Pour une entreprise, cela peut prendre beaucoup d’années pour avoir ce certificat à cause des coûts, ceux des consultants, des auditeurs externes, etc.”

Il explique que ce certificat permettra à l’entreprise de vendre ses produits à l’étranger, notamment en Europe. Selon lui, l’entreprise sera en contact direct avec ses clients sans toutefois passer par des intermédiaires : « Quand on est en contact direct avec des clients, la société gagne. On a des feedbacks directs de nos acheteurs et cela nous permet de savoir où changer, améliorer pour différentes procédures ».

Quid de la plus-value pour les théiculteurs ?

« Dans les formations, on nous a enseigné de pratiques théicoles modernes. Nous avons appris qu’il ne faut pas dépasser trois feuilles dans la cueillette : deux feuilles et un bourgeon, pour respecter les normes standards de qualité », explique Etienne Hakizimana, théiculteur et encadreur des théiculteurs en commune Gisozi, province Mwaro au centre du pays.

Pour lui, la production du thé sera meilleure dans les mois de janvier et février cette année suite aux formations et encadrements obtenus dans le cadre du projet MarkUp.

Etienne Hakizimana regrette que le prix de 280 BIF par kilo de feuilles vertes reste très bas par rapport aux moyens et efforts investis dans la culture du thé : « Il faut que le prix soit revu à la hausse jusqu’à 400 BIF. Avec les bonnes pratiques agricoles et l’amélioration de la qualité, on espère que notre souhait soit bientôt pris en considération ».

Tanguy Hicuburundi : « Avec l’appui du projet MarkUp, on exporte du thé de bonne qualité. »

Selon Tanguy Hicuburundi, les théiculteurs avaient des pratiques anciennes avant le projet : « On évaluait la production par hectare. Actuellement, ils commencent à évaluer leur production par bouture ou plant. Ils sont en train de développer des techniques pour améliorer leur rendement ».

Selon lui, PROTHEM Usine est en train de mettre en place un projet de digitalisation qui sera bénéfique pour les théiculteurs : « Cela permettra aux théiculteurs d’avoir des données fiables, car il n’y aura plus d’erreurs. Les paiements seront désormais électroniques ».

Selon le chef de service qualité et certification à l’OTB, Méthode Habwawihe, l’OTB ne ménage aucun effort pour renforcer l’encadrement et la vulgarisation pour que les techniques culturales du thé soient maîtrisées par les producteurs pour augmenter de la production.

Il explique que le prix par kilo de feuilles vertes dépend du prix international et de l’augmentation de la production : « Régulièrement, selon les conditions du marché, l’OTB donne une prime aux théiculteurs ».

Et de souligner que les théiculteurs et l’Etat, tous gagnent dans la vente du thé de qualité : « Quand la qualité augmente, les recettes en devises augmentent. Comme l’OTB est une entreprise de l’Etat, toutes les devises issues de la vente du thé sont rapatriées à la banque centrale ». Et de rappeler que 95 % du thé produit au Burundi est exporté.

Concernant la pérennisation des activités après la fin du projet MarkUp, Méthode Habwawihe tranquillise que l’OTB, en tant qu’entreprise commerciale, devra maintenir la qualité de ses produits avec ses propres moyens.

Il se réjouit que le projet MarkUp II soit en cours d’élaboration et continuera d’appuyer le secteur du thé : « D’autres activités seront précisées dans ce nouveau projet et pourront faciliter l’augmentation de la production, l’amélioration de la qualité et l’accès au marché international ».

Conçu conjointement par l’Union européenne avec le secrétariat général de la communauté est-africaine (EAC), le projet MarkUP est une initiative régionale qui vise à contribuer à la croissance économique de la communauté et à l’augmentation des exportations des produits agroalimentaires et horticoles vers le marché régional et européen.

Lancé en 2018 au Burundi, ce programme se focalise sur le renforcement des services des infrastructures de qualité et les réglementations techniques au Burundi avec un accent particulier aux secteurs du thé et du café.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. arsène

    « Dans les formations, on nous a enseigné de pratiques théicoles modernes. Nous avons appris qu’il ne faut pas dépasser trois feuilles dans la cueillette : deux feuilles et un bourgeon, pour respecter les normes standards de qualité »

    C’est quand même surprenant. Dans les années 70, nos parents savaient que l’on cueille les trois feuilles comme c’était d’ailleurs illustré sur les emballages plastiques – je ne sais pas si lesdits emballages existent encore. Qu’un encadreur l’apprennent dans le cadre de ce projet MarkUP questionne sur le profil des encadreurs.

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