Jamais un sujet n’est resté aussi longtemps sur les ondes et antennes comme ce [nouveau projet de loi sur la presse au Burundi->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article3449] qui a été élaboré sans concertation préalable avec les professionnels des médias. Le Club de la presse y revient.
Patrick Nduwimana, directeur de la radio Bonesha FM, se souvient que les médias
ont toujours demandé la dépénalisation des délits de presse. Et voilà que le législateur s’arrange pour remplacer les emprisonnements par de très fortes amendes. D’un autre côté, on a beaucoup d’interdictions dont certaines étaient dans l’ancienne loi. « La nouvelle loi n’augure rien de bon. Elle veut museler la presse, alors que nous étions assez avancés en matière de liberté d’expression », indique-t-il.
Quant à Philbert Musobozi, vice-président de l’association des journalistes pour la liberté de la presse, il trouve que l’exposé des motifs était alléchant dans le projet de loi de 2012. Mais dans le fond, « c’est une loi scélérate ». Nous sommes
pourtant dans un monde qui veut évoluer vers plus de droits de l’Homme et de libertés publiques. Mais à voir tous les articles qui sont dans le projet de loi, ils constituent plutôt un frein à la liberté d’expression. Sommes-nous retournés à cette époque où l’on dictait aux gens ce qu’ils doivent faire ou penser ?
Les journalistes ne demandent qu’à être associés à la réflexion sur le projet de loi. Pour Festus Ntanyungu, membre de la commission politique au niveau de l’Assemblée nationale, " nous sommes petit à petit entrés en démocratie. Cela suppose le respect des principes inscrits dans la Constitution. Dans les procédures, l’Assemblée nationale reçoit des projets de loi pour analyse, d’abord au niveau des commissions ad hoc. Les mêmes commissions ont la latitude d’accueillir les avis et propositions extérieures. Nous l’avons fait au sujet du projet de loi sur les partis
politiques. Nous sommes ouverts au niveau de la commission. Ce que nous allons faire, c’est le travail parlementaire.
De son côté, François Bizimana, ancien député à l’Assemblée législative de la communauté est africaine (CEA), a affirmé que quand la loi sur la presse de 2003 a été adoptée, il était secrétaire général en charge des questions relatives à la Communication à l’Assemblée nationale. Il faut aussi rappeler qu’en 2003, le ministre de l’Information de l’époque, Albert Mbonerane, avait invité tous les partenaires avant que le projet de loi ne soit analysé au niveau du gouvernement. Les représentants des médias ont même participé aux séances de la commission parlementaire qui avait été saisie sur le fond du projet de loi sur la presse de 2003. Cela se passe également de la même façon ailleurs dans le monde. Et même si dans la loi de 2003, il y avait des sanctions, elles ne sont pas de la même nature que celles proposées aujourd’hui.
Dans le nouveau projet, il y a 20 articles qui parlent de sanctions, contre 9 seulement qui parlent des droits des professionnels des médias. « Je ne sais pas si
depuis 2003, il y a eu une telle régression qu’il faille adopter de telles lois », lance-t-il.