Jeudi 26 septembre 2024

Editorial

Le prix du sucre de plus en plus salé !

20/09/2024 6

Le sucre connaît une hausse de prix la plus spectaculaire jamais connue au Burundi. Inédit ! La société sucrière du Moso, Sosumo, a décidé que le prix d’un kilo de sucre passe de 3 300 francs à 8 000 francs, soit plus du double ! Une hausse due, selon la société sucrière, au souci de s’aligner sur les prix des importateurs privés et de tenir compte du coût de production de l’usine.

Pour rappel, il y a un peu plus d’un mois, le gouvernement a décidé de libéraliser totalement le commerce du sucre et les importateurs privés ont tout de suite augmenté leurs prix. L’élévation des tarifs du sucre impacte négativement le panier de la ménagère, le sucre étant un composant de nombreux produits consommés dans les ménages.

Par Léandre Sikuyavuga
Directeur du groupe de presse Iwacu

La flambée du prix du sucre par la seule usine de production au Burundi est sous les feux des critiques. Elle suscite des interrogations. Les explications données n’ont pas convaincu l’opinion, y compris les plus hautes autorités.

Le rôle d’une entreprise publique, comme la Sosumo, est de réguler les prix et de protéger les consommateurs. Comment comprendre qu’une entreprise nationale, utilisant des matières premières locales, une main-d’œuvre moins chère, et des subventions de l’Etat, aille aligner ses prix sur ceux des importateurs privés ? L’augmentation du prix du sucre va-t-elle booster la production ? Qu’a fait l’Etat, actionnaire principal, pour investir dans cette entreprise ?

Selon l’économiste André Nikwigize, le problème auquel fait face la Sosumo est similaire à ce que rencontrent d’autres entreprises publiques du Burundi : la gouvernance. « Une entreprise ne peut pas opérer pendant 40 ans sans aucun investissement pour renouveler ses équipements de production, sachant que la population et la demande augmentent et espérer que la performance sera toujours au rendez-vous. »

Des promesses ont été faites par les autorités pour redynamiser la Sosumo, des projets initiés pour étendre ses plantations. On peut citer entre autres la société ougandaise Sarrai Group, « une firme très performante », qui devrait s’associer à la Sosumo dans l’optique de booster la production du sucre et de maîtriser la pénurie récurrente de ce produit , la volonté du gouvernement de débourser environ 106 milliards de Fbu pour la réhabilitation, la modernisation et l’extension de l’usine ainsi que 26 milliards de Fbu pour l’implantation d’une distillerie.

Lors de sa création en juillet 1982, la mission de la Sosumo était non seulement de satisfaire le marché national en sucre, mais également le marché régional au sein de la CEPGL. Plus de quarante ans après, l’entreprise semble avancer à reculons. Actuellement, l’usine ne dépasse pas 20 mille tonnes de sucre par campagne. Elle ne parvient même pas à satisfaire la demande locale.

Un cadre de la société, qui s’est confié à Iwacu, propose des solutions en vue de rendre l’usine plus performante, plus rentable. Il cite notamment l’acquisition des engins et équipements agricoles, l’installation d’un système d’irrigation, la modernisation du laboratoire et la redynamisation de la recherche agronomique. J’estime que ce n’est pas sorcier, c’est faisable. Mais en attendant Godot, il faut d’abord la bonne gouvernance. Dans le cas contraire, le prix du sucre Sosumo sera de plus en plus salé.

Forum des lecteurs d'Iwacu

6 réactions
  1. Nyanzira

     » Mais en attendant Godot, il faut d’abord la bonne gouvernance. »
    Merci M. Le Journaliste. Vous avez tout dit : que de la bonne gouvernance !! Oh là là ! On ne demande même pas de choisir une politique de gauche ou de droite, cela serait peut-être compliqué. Que de la bonne gouvernance et non du populisme.

  2. Karabadogomba Melchior

    Pénurie après pénurie: carburant, sucre, ciment, médicaments… sans parler de la carence d’eau et d’électricité. Le quartier Busoro de Kanyosha vient de passer 5 mois sans aucune goutte d’eau! « Burundi bwacu, Burundi buhire ».

  3. Claypton

    Le dernier fleuron de la politique visionnaire de Jean Baptiste Bagaza tombe… A qui la faute ? Du haut de mes 60 ans je peut me permettre de regarder dans le rétroviseur:
    – Le putsh du 03/09/1987 par des officers sans vision.
    – L Assassinat du président Melchior Ndadaye.
    – L arrogance intellectuelle des dirigeants pourtant « historiques » de la région ( Julius Nyerere , Nelson Mandela et autres Yoweri Museveni
    Jakaya Kikwete etc ) … et enfin le caractère attentiste du peuple murundi. Tout ça ne pouvait qu enfantait qu un monstre le CNDD FDD , alors à quand la solution ? Je suis personellement pessimiste… Continuous à prier.

    • Stan Siyomana

      @Claypton
      1. Pourriez-vous nous expliquer comment des etrangers (certains deja decedes) comme Nelson Mandela, Mwalimu Julius Kambarage Nyerere, Jakaya Mrisho Kikwete et Yoweri Kaguta Museveni sont responsables de l’actuelle punerie du sucre au Burundi?.
      2. Est-ce que ces etrangers ont pu forcer le peuple burundais pour vote pour en 2005, 2010, 2015 et 2020?

      • Claypton

        @Stan, Ces dirigeants dont j ai mentionné les noms ont porté au pouvoir des gens incompétents au pouvoir et cette incompétence est à la source de toute sorte de problème dont le peuple Burundaise souffre ( Sucre , devises, Carburant , médicaments etc….). Je suis convaincu que Vous aviez compris où je voulais en venir.
        A part les élections de 2005 avec un vote par dépit dans l éspoir d arrêter la guerre , Je suis sûr que vous savez très bien que les autres dont vous faites réference n ont pas exprimé la volonté du peuple.

        • Stan Siyomana

          @Clayton
          Si vous dites que « Ces dirigeants dont j ai mentionné les noms ont porté au pouvoir des gens incompétents au pouvoir… » qui d’apres vous etait mieux place pour diriger le pays au moment des accords d’Arusha? Dans tout mouvement rebelle, il y aura toujours la mentalite CARATUVUNYE.
          Moi je crois tout simplement que le Burundi est un autre cas ou les liberateurs deviennent des dictateurs/profiteurs une fois arrives au pouvoir.
          La communaute internationale a fait de son mieux dans la recherche de la paix au Burundi.
          C’EST A NOUS LES BURUNDAIS DE SAVOIR COMMENT BIEN GERER NOS AFFAIRES.

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