Le prix de l’huile de palme est depuis quelques mois monté à Bujumbura avec des répercutions sur tout le territoire. Une des causes est la saisonnalité et surtout la montée des eaux du lac Tanganyika qui ont dévastés d’immenses palmeraies sur le littoral de ce lac ainsi que la spéculation.
Certains commerçants ont vite réagit en revoyant à la hausse le prix de l’huile de palme arguant qu’il leur est difficile de s’approvisionner. D’autres flairant une bonne affaire, se sont mis à écouler leurs stocks au compte-gouttes à un prix corsé. Cette pratique porte un nom : spéculation.
Au marché de Bujumbura City Market dit “Kwa Siyoni”, bouteilles en plastique et des bidons bien rangés sur une table en bois. Elle est gluante, des traces de ce qu’elle endure à longueur de journée. Mais d’autres stands sont vides. Et les clients ne se pressent pas pour faire des achats.
Les vendeurs d’huile de palme rencontrés sur les lieux, forment de petits cercles au milieu des rangées, échangent mais rigolent peu. Pour cause : pas de clients. Le nombre des points de vente d’huile a sensiblement diminué.
Stève, 18 ans, est vendeur d’huile de palme, il parle de difficultés de s’approvisionner. Selon lui, un se vend à 80 mille BIF. Avant le mois de mai, poursuit-il, il était à 64 mille BIF.
«La hausse des prix d’huile a négativement affecté mon commerce», déplore-t-il. La preuve, explique-t-il, le chiffre d’affaires a passé de 300 à 200 mille BIF en moins d’un mois.
Faida est une femme de la zone Ngagara. Elle est venue acheter de l’huile de palme aux stands réservés pour cette denrée. Selon elle, le prix d’huile augmente à une allure inquiétante.
A titre d’exemple, témoigne-t-elle, 5 litres d’huile de palme coûtaient 16 mille BIF à la mi-mai. « Et voici, en moins de deux semaines, il faut débourser 18 mille BIF », s’étonna-elle. Si rien n’est fait, dit-elle, les familles démunies vont bientôt arrêter la consommation de cette denrée.
Même si la production d’huile de palme a baissé, des signes de spéculations s’observent sur le marché. Les prix d’un bidon d’huile fixés par chaque commerçant sont différents. « Un bidon de 20 litres coûte 82 mille par ici », confie un commerçant interrogé qui veut garder l’anonymat. Un autre commerçant interrogé affirme vendre ce même bidon à 78 mille BIF.
« 550 mille BIF est le prix actuel de 200 litres d’huiles à Rumonge », indique Festus Ciza, un représentant de l’Association pour la Promotion des Palmiculteurs du Burundi (APROPABU). Avant, ajoute-t-il, le prix était de 400 mille BIF.
M. Ciza fait savoir que la diminution de la production d’huile de palme résulte de plusieurs facteurs. «Le palmier à huile est une plante saisonnière», souligne-il. Selon lui, cette plante est plus productive aux mois de septembre et d’octobre.
Il évoque aussi la montée des eaux du lac Tanganyika comme preuve de la faible production de cette denrée. «Exemple, ces inondations ont dévasté une palmeraie d’environ 13 hectares à Dama », indique-t-il pour illustrer. Lorsqu’un palmier à huile passe une semaine dans l’eau, explique-t-il, ses racines pourrissent et sa vie s’arrête. «Vous comprenez bien que les causes de la diminution d’huile sont nombreuses ».