Fils du Grand Prince Pierre Baranyanka, le Prince Charles Baranyanka s’est éteint ce dimanche 1er août 2021. Il avait 86 ans. Ceux qui l’ont connu évoquent un homme intègre, digne, un Grand Prince.
« J’ai plein de souvenirs. Il était très présent dans notre vie. C’était un homme frugal. C’est connu. Il nous répétait tout le temps que la faim n’existe que chez les loups qui ne savent pas partager même le peu qu’ils ont », confie Régis Baranyanka, son fils, très ému. Pour lui, poursuit son fils, une personne peut vivre très simplement. « C’était un homme qui pouvait habiter dans une chaumière avec une mangue au dîner et dormir profondément sur la paille comme un petit enfant. »
Selon Régis Baranyanka, son père laisse à la famille un héritage d’amour profond qui commence par le lien familial et qui s’élargit vers un lien plus large, social. « Pour le Burundi, son héritage se trouve dans son livre “Le Burundi face à la croix et à la bannière”. C’est un cadeau pour le pays, car on y lit les grands faits historiques dans lesquels on pourra puiser pour s’imprégner de cette notion de sacrifice de nos vaillants guerriers lors des grandes batailles. C’est un livre qui nous remémore la grandeur de nos souverains qui ne tergiversaient pas sur les principes de l’UBUNTU. C’est un livre qui nous parle de cette grande institution des Bashingantahe et surtout de leur sens de l’équité. »
La mort de ses frères, une blessure profonde
D’après toujours son fils, le Prince Charles Baranyanka était un homme très sociable qui ne faisait pas prévaloir son rang de Prince de sang sur les autres. « Il disait que seule l’éducation prime. »
Régis Baranyanka raconte que l’exécution de ses deux frères, Jean Baptiste Ntidendereza et Joseph Birori, a été un événement poignant pour lui. Une blessure à vie. « Une partie de lui venait de s’éteindre. Imaginez avoir deux frères que tu idolâtres et qui finissent au bout d’une corde d’un gibet. Puis, voir tout un peuple danser, festoyer devant un tel spectacle macabre… C’était plus fort que lui. Il était brisé. »
La voix hachée par l’émotion, le fils Baranyanka dit que cette tragédie a brisé le socle familial. « Il a vécu très mal la mort de ses frères. »
Le Prince Charles Baranyanka était un allié du Prince Louis Rwagasore alors que ce dernier était un farouche adversaire de ses frères. « Mon père était un libre penseur. Un esprit libre qui défendait toujours ses positions politiques. Il n’avait aucune ambition politique autre que celle de soutenir et de partager les idées nationalistes de Rwagasore. C’était un électron libre en politique. D’ailleurs, plus tard cela va lui causer pas mal de problèmes politiquement. » Selon lui, le Prince Charles Baranyanka avait ses propres convictions qu’il défendait. « Il ne pouvait pas s’aligner derrière ses frères alors qu’ils n’avaient pas la même vision politique. »
Il va payer cher ses convictions. En février 1967, le Prince Charles Baranyanka, ambassadeur à l’époque, est rappelé à Bujumbura. « Il commence alors le chemin de la croix. Il est emprisonné à la prison centrale de Mpimba. » Le Prince Charles Baranyanka a été condamné à mort par la dictature militaire de l’époque.
Régis Baranyanka raconte une anecdote de la vie du Prince. Elle fait froid dans le dos. « En prison, un brigadier est venu le prendre en pleine nuit pour qu’il aille creuser sa propre tombe avec les autres prisonniers. Le brigadier a ouvert la porte et quand il a vu mon père, il s’est mis au garde-à-vous en le saluant comme si c’était son chef hiérarchique. Il lui a dit en Kirundi : “’ Mwana wa databuja, jewe nanyoye amata y’iwanyu, sinokubahuka kugutwara.”’ (Fils de mon Seigneur, j’ai été serviteur chez vous et j’ai bu le lait à votre cour, je n’oserais pas t’amener à l’abattoir). C’est ainsi que mon père a pu survivre un jour de plus. On ne sait pas jusqu’aujourd’hui où se trouvent les tombes de ses malheureux compagnons de détention. »
Sa peine sera commuée en détention perpétuelle. Libéré en 1973, il sera mis en résidence surveillée jusqu’en 1989. « Mais il a vécu toute sa vie comme un homme qui s’est vu reprocher une infraction, mais à qui on a enlevé le droit à la présomption d’innocence. Il a été frappé par le sceau de l’injustice et de l’arbitraire. » D’après son fils, il a eu l’envie de tout abandonner et de quitter le pays à cause de l’injustice qui pesait sur lui tous les jours.
Le passe-temps préféré du Prince était la lecture et l’écriture. « Je l’ai rarement vu sans un stylo et une feuille. La lecture prenait une grande place dans son temps. Il s’occupait aussi du domaine familial surtout des litiges fonciers, car nous avons été victimes de spoliation des terres. Jusqu’à maintenant, nous avons des dossiers pendant en justice. Malheureusement, il part sans avoir vidé les contentieux, mais nous sommes-là, nous allons prendre la relève. »
Régis Baranyanka a un dernier mot à dire à son père : « Merci pour l’école de la vie ».
Parcours d’un Grand Prince
Né à Rabiro en 1935, le Prince Charles Baranyanka a été le premier ambassadeur accrédité à Bruxelles et Représentant permanent près l’Union européenne. Il aura le privilège, avec son meilleur ami Lorgio Nimubona, ministre des Affaires étrangères de l’époque, de tenir le Burundi indépendant sur les fonts baptismaux internationaux à New York avant d’occuper dans les capitales européennes les Fonctions de Chef de Missions diplomatiques. A ce titre, il participera comme négociateur à la Conférence d’Addis Abeba qui a abouti aux accords économiques du Burundi et du Rwanda. Il aura également l’honneur de négocier la Charte de l’Unité africaine ainsi que la Convention de Yaoundé I, qui créait l’Association des Etats Africains et malgache avec la Communauté économique européenne. Le Prince Charles Baranyanka est porteur des distinctions honorifiques dont : Grand-Croix de l’Ordre de Grégoire – le – Grand (Saint – Siège) Grand Officier de l’Ordre de Léopold (Belgique) Grand – Croix de l’Ordre de la Couronne (Belgique).
En février 2013, le Muganwa Charles Baranyanka a été décoré par la Belgique comme personnalité qui a servi le Burundi pendant le cinquantenaire écoulé. En évoquant sa nomination comme premier ambassadeur du Burundi en Belgique, il s’est souvenu : « C’était une fonction redoutable pour un jeune étudiant, chargé d’une mission délicate pendant la grave crise qui secouait nos deux pays et qui me touchait personnellement ».
S’exprimant sur les 50 ans de l’indépendance du Burundi, le Prince Charles Baranyanka s’est confié à Iwacu : « Le 1er juillet 1962, jour de la proclamation de l’indépendance, les Burundais espéraient que leur pays allait rallumer le feu sacré, le feu antique qui symbolisait la pérennité de la vie et de la nation burundaise. Malheureusement, ce feu n’a pas été rallumé. Tout le malheur vient du fait que nous ne savons pas d’où nous venons et où nous allons. Il faut revenir aux sources, à ce que le Burundi ait sa propre histoire. Il faut éviter que l’histoire du Burundi soit dictée par les Européens qui ne connaissent même pas notre langue. »
Quand nous aurons écrit notre propre histoire, précisait-il, à ce moment-là, tout sera facile. « Il faut que les maladies infantiles de l’indépendance guérissent. Pour ce faire, il faut une prise de conscience et se mettre en tête qu’on doit en sortir sous l’égide des grands hommes comme le Prince Louis Rwagasore, etc. A ce moment, on rallumera alors le feu sacré. Les Burundais se retrouveront ensemble et jureront en disant : « plus jamais ça “’. Nous construirons un Burundi nouveau qui sera respecté. »
Pour Antoine Kaburahe, fondateur du Groupe de presse Iwacu, le Burundi perd une grande personnalité. « Une véritable “bibliothèque vivante”, un trésor pour les historiens. RIP, Grand Prince. »
Les confidences de Régis Baranyanka
Un des fils du Prince, Régis Baranyanka, a confié à Iwacu quelques souvenirs. On découvre un homme humble, digne, ouvert. Le fils se dit fier de porter un nom aussi chargé.
« Le plus beau souvenir que je garde de mon père est notre marche dominicale qui partait de la maison jusqu’au Mausolée du Prince Louis Rwagasore. C’est là qu’il m’a appris à reconnaître les différentes espèces d’arbres : le Frangipanier, le Jacaranda, le Limba, l’Eucalyptus, etc. », se souvient Régis Baranyanka. « C’était captivant pour le gamin de sept ans que j’étais. C’était le moment de bonheur absolu. Mon père avait cette qualité de captiver son auditoire. » D’après lui, son père était fasciné par la flore et la faune car c’était un enfant de la forêt de la Kibira, proche du domaine familial.
« Le plus triste souvenir est quand je regardais sa photo et que je réalisais que l’immortel est devenu l’ombre de lui-même. J’ai compris que l’inévitable est devenu une évidence. »
Evoquant la phrase qui l’a marqué, Régis Baranyanka cite une phrase en kirundi que son père aimait tant : « Ikibira kibira imvura kigahuza isi n’ijuru » (La foret de Kibira, source de pluie, un trait d’union entre la terre et le ciel). C’est le Kirundi d’antan. « C’est une phrase qui m’a marqué et que j’ai gardé en mémoire. » Selon lui, son père serait fier si ses enfants continuaient de transmettre les valeurs ancestrales aux nouvelles générations.
Régis Baranyanka fait savoir que les archives laissées par son père serviront au rayonnement de la culture burundaise. « Elles serviront à la transmission d’un savoir ancestral et à l’élaboration d’une mémoire longtemps enfouie sous les soubassements d’une érosion mentale. »
D’après Régis Baranyanka, il porte avec élégance ce nom historiquement chargé. « Ce nom nous rappelle, à chaque instant de nos vies, cette grande responsabilité que nous avons envers notre pays. Il nous rappelle les innombrables coups durs ainsi que la magnanimité d’un cœur. Ce nom résonne et nous rappelle que l’incompréhension tue l’homme. » Pour lui, ce nom est comme un bouclier, un promontoire sur lequel viennent se briser les flots tumultueux. A la longue, on finit par être comme ce phénix qui symbolise la renaissance et l’immortalité. « Nous avons l’âme d’un combattant. On porte ce nom avec responsabilité et on assume. »
>>Réactions
La disparition de Charles Baranyanka a suscité plusieurs réactions. Les hommages sont unanimes. Tous soulignent ces grandes qualités humaines, sa simplicité, son sens de la diplomatie.
Prime Nyamoya* : « Charles Baranyanka, un fin diplomate »
Un épisode historique majeur qui m’a été rapporté par un ami résume l’homme et sa personnalité. Au moment de la présentation des lettres de créance à Sa Majesté le roi des Belges, les relations diplomatiques entre la Belgique et le Burundi étaient au plus bas à cause du litige lié à la révision du procès de Rwagasore. Le roi Baudouin refuse d’accepter les lettres de créances de l’ambassadeur du royaume du Burundi, à qui il reproche au gouvernement l’exécution de ses propres frères et cousins qui avaient été soutenus pendant la Tutelle belge.
Au sortir de l’audience, les journalistes attendent, impatients, l’ambassadeur. Tout sourire, du haut de sa grande taille, il répond avec aplomb que l’entrevue avec Sa Majesté avait été des plus cordiales et que les relations entre les deux pays étaient au beau fixe malgré quelques problèmes temporaires. Ce fait a été confirmé par l’intéressé lui-même, en ajoutant avec une pointe d’humour qui le caractérisait : « A la fin de ma mission à Bruxelles, le Roi m’a décoré de la plus haute distinction honorifique pour les services rendus à la Belgique. » Il poursuivra ensuite sa carrière à Paris où il sera régulièrement reçu à l’Elysée par le général de Gaulle qui le tenait en haute estime. A partir de là, il est l’artisan de la première mission de coopération franco-burundaise qui envoie dès 1964 une équipe de jeunes agrégés normaliens dont certains furent mes maîtres à l’Athénée royal de Bujumbura. Parmi eux, un certain Jean-Pierre Chrétien qui allait bientôt créer l’Ecole normale supérieure, la future pépinière des historiens burundais.
Ces quelques faits historiques illustrent le sens de l’honneur, de tact et de diplomatie de cette caste aristocratique des Baganwa qui ont servi la royauté et la nation pendant des siècles. Charles Baranyanka est dans la lignée de Ntarugera, fils du roi Mwezi Gisabo, grand chef militaire et fin diplomate, qui négocia en 1903 le Traité de Kiganda avec les Allemands devant l’ampleur de la défaite militaire qui avait décimé des milliers de Burundais. Il a ainsi épargné au pays de subir le sort du génocide des Herero ou de la déportation vers des terres inhospitalières lointaines, ce qui aurait signifié la fin de la nation burundaise dans tous les cas.
L’héritier d’une tradition des valeurs ancestrales
L’histoire retiendra que Charles Baranyanka a tout fait pour sauver son pays d’une bataille diplomatique perdue d’avance avec l’ancienne puissance de Tutelle. Il fut l’héritier d’une tradition des valeurs ancestrales d’Ubuntu, Ubushigantahe, piliers de référence qui ont permis de gouverner aussi longtemps. Mais quelle autre empreinte laisse-t-il à la postérité ? Il y a incontestablement son livre « Le Burundi face à la croix et à la bannière ».
Dans un compte-rendu que j’avais fait pour IWACU en 2009, je notais que c’était une œuvre majeure pour l’histoire de notre pays. Ecrit sans l’aide d’un éditeur, ce livre est admirable parce qu’il éclaire des pans entiers de notre histoire depuis la naissance de la royauté burundaise au XIV siècle jusqu’à son abolition en 1966. La partie concernant l’histoire qui coïncide avec l’arrivée des Européens dès la fin du XIXème siècle donne aux lecteurs des détails importants et des observations susceptibles de faire du livre un classique de l’Histoire du Burundi.
Sa brusque disparition va également priver le public burundais de témoignages uniques sur certains événements récents de notre histoire. Entre autres, un texte qu’il a rédigé sur le deuxième sommet de l’OUA en 1964 au Caire est un trésor historique. Le Burundi était alors le point de mire de l’actualité internationale à cause de son implication non déguisée à la guerre de libération de l’Est du Congo. Avec en toile de fond une présence très active de la CIA et l’arrivée de Che Guevara sur le théâtre des opérations. Au cours de cette conférence conduite par le Premier ministre du royaume du Burundi, Albin Nyamoya, la délégation demande aux pays « amis » -Ghana, Guinée, Egypte, Algérie-, l’appui politique et militaire au cas où le pays serait victime d’actions subversives. Au cours de cette conférence, le Premier ministre fut l’un des ténors de la conférence avec N’Krumah, Nasser, Sékou Touré et Ben Bella. Ce dernier mettra par ailleurs son avion personnel pour rentrer à Bujumbura.
Je suis vraiment rempli de tristesse, car il avait beaucoup de choses à dire. Personnellement, je le remercie d’avoir consacré à mon père, qui fut également son ami, des lignes sublimes : « Albin Nyamoya a rejoint ses pères, mais son action politique et diplomatique demeure dans les mémoires de ceux qui ont eu le privilège d’être ses collaborateurs. » Ces mots m’ont touché profondément.
Aloys Batungwanayo* : « Charles Baranyanka, un combattant de la haine ethnique »
Le Prince Charles Baranyanka part comme un grand homme, car il nous laisse une grande œuvre : son livre « Le Burundi face à la croix et à la bannière ». S’il est vrai que « umuvyeyi adashira uburyohe », (On ne se lasse jamais de son parent). Charles Baranyanka s’était préparé. Je pense qu’il nous quitte dans une certaine sérénité, car il était devenu libre après de longues années d’exil. Le Prince Baranyanka a eu le temps de raconter à tous ceux qui voulaient l’écouter le passé tant douloureux que glorieux du Burundi. Pour rappel, Charles Baranyanka n’a pas suivi le projet macabre de ses grands frères Ntidendereza et Birori. En 1961, il fut le premier à Bruxelles à condamner avec la dernière énergie, le meurtre du Prince et Premier ministre Louis Rwagasore. De son vivant, ce combattant de la haine ethnique n’a cessé de montrer qu’il y avait des mécanismes forts pour renforcer la cohésion du royaume. J’ai été profondément touché lorsqu’il m’a dit le 17 mai 2018 qu’il a été « allaité par une Muhanzakazi comme tout enfant Muganwa. »
Ainsi il grandira dans cet esprit d’unité, car même sa seconde épouse était Muhutukazi. Simple, accueillant, le Prince Charles Baranyanka voulait valoriser la culture pour aider les Barundi à retrouver leur identité afin de décoller vers le développement.
Il serait important que le gouvernement du Burundi cherche à exploiter ses archives pour aider les Barundi à en savoir plus sur leur identité. Si Dieu m’avait consulté, j’aurais demandé encore dix ans pour lui. Que Dieu ait son âme et que la terre des ancêtres lui soit légère.
Jean Marie : Ngendahayo* : « Oncle Charles était un érudit d’histoire du Burundi et de celle de l’Europe. »
Le Muganwa Charles Lwanga Baranyanka est l’un des fils du Prince Pierre Baranyanka qui a marqué l’histoire de notre pays du temps de l’occupation allemande et de la Tutelle belge de façon indélébile. C’était le petit frère de ma mère et celle-ci a toujours eu une affection sans réserve pour lui dans ses moments de gloire, comme dans le désarroi.
Oncle Charles était le « petit » des aînés que furent ses prestigieux frères Jean-Baptiste Ntidendereza et Joseph Birori. Pourtant, malgré tout l’amour fraternel et l’ascendance naturelle des aînés, Charles a suivi un itinéraire politique non seulement différent du leur, je dirais même opposé puisqu’il était compagnon politique du Prince Rwagasore. Son meilleur ami fut l’illustre Lorgio Nimubona, premier chef de la diplomatie burundaise post recouvrement de notre indépendance.
Oncle Charles Baranyanka a représenté le Burundi nouvellement indépendant auprès de la couronne du Royaume de Belgique, de la reine d’Angleterre et de la France sous Charles De Gaule. Le roi Mwambutsa IV Bangiricenge avait une telle confiance et une telle estime en lui qu’il lui confia la tutelle de son jeune prince, Charles, alors aux études en Suisse. Le Capitole étant proche de la Roche Tarpéienne, il fut déchu de ses fonctions peu après le coup d’Etat du Capitaine Michel Micombero et fut même condamné à mort avec certains de ses camarades.
Depuis, après un long exil en Europe, il revint sur les terres patrimoniales à Rabiro en province de Kayanza d’où il s’adonnait essentiellement à l’écriture. A côté de son ouvrage inspiré des archives de son père « Le Burundi face à la Croix et à la Bannière », il était en voie de publier une autobiographie intitulée « Ave César ! ».
Oncle Charles était un érudit d’histoire du Burundi et de celle de l’Europe. Il avait un grand sens de l’humour. S’entretenir avec lui était un vrai délice. Last but not least, sa seconde épouse et lui m’ont fait l’insigne honneur d’être le parrain de leur premier né. Il est décédé, malheureusement, encore bébé.
J’ai eu la chance de côtoyer Baranyanka et je garde de lui le souvenir d’un homme digne d’Ubuntu! L’avant dernière fois fut ce moment solennel du rapatriement du corps du feu son père, de Bujumbura à sa terre natale de Rabiro. La dernière fut ce moment, autour d’une bière , dans les enceintes du centre culturel français de Bujumbura où il m’avait donné rendez-vous car j’avais des questions sur l’histoire de mon pays. Je vous assure, il m’a instruit cet après midi là.Mes questionnements ont trouvé réponse ! Du coup, ce fut l’occasion de (re)découvrir l’immense richesse dans cet homme, qui, dans ses veines ne circulait que l’amour et rien que l’amour pour ses semblables que nous sommes! Et si le Burundi avaient été peuplé des Baranyankana, le Burundi aurait été autre ! Que le Burundi enfante de tant de Baranyanka.
Repose toi en paix . Tu as vécu!!