Fréderic Mbonihankuye, un jeune motard, assure avoir été blessé par balle par un policier en commune Kinama à cause d’un mauvais chargement. La police donne une version différente.
<doc4743|right>L’auteur de cette bavure, selon Fréderic Mbonihankuye, 16 ans, serait Fréderic Rumeca, un policier de la position de Kanga, en commune Kinama. Selon ce jeune homme motard, un mauvais chargement en serait la cause. «Le code de la route aurait-t-il changé?», s’interroge Fréderic Mbonihankuye, désespéré. Pour la police, ce policier n’a pas eu de choix.
Selon Frédéric Mbonihankuye, c’était le 13 juillet 2012. A 15 heures. Il venait de Buhinyuza. Il avait deux passagers sur sa moto. Au poste de police de Kanga, un policier est assis sur une chaise. C’est Fréderic Rumeca. Quand la moto arrive à sa hauteur, il lance la chaise dans ses roues. Fréderic Mbonihankuye et ses deux passagers tombent. Le jeune motard tente, péniblement, de se relever. D’après lui, Fréderic Rumeca lui tire dessus à bout portant. La balle entre au niveau des reins et sort tout près du nombril. Il s’effondre.
Le calvaire continue. Il est entraîné à l’intérieur de la maison des policiers. Il est roué de coups. Il soutient que trois policiers s’acharnent sur lui. Les badauds commencent à protester. Excédés, les policiers appellent une de leurs voitures. Fréderic Mbonihankuye est amené à l’hôpital militaire de Kamenge. Les deux passagers sont conduits dans les cachots de la commune Kinama. Il est, ensuite, acheminé manu militari vers le camp de police de socartie. «J’y ai passé trois jours.», raconte le jeune homme.
«Ce policier doit être arrêté et traduit devant la justice.», martèle-il. Il ne comprend pas comment ses passagers ont été arrêtés au lieu de Fréderic Rumeca. Il demande aux bienfaiteurs de l’aider à se faire soigner, car il a des douleurs atroces au niveau de l’abdomen. Il sollicite l’aide des organisations des droits de l’Homme pour que justice soit faite.
« Inadmissible dans un pays de droit »
Les activistes des droits de l’Homme condamnent à l’unanimité cet acte. «Une tentative de meurtre et le coupable n’est pas puni. C’est une aberration », s’indigne Rémy Ntaco, directeur exécutif de la Ligue burundaise des droits de l’homme "ITEKA". Armel Niyongere, président d’Action des chrétiens pour l’abolition de l’esclavage (ACAT), fustige l’inaction des responsables de la police. Pour lui, on dirait que les chefs cautionnent cet acte de leur subordonné. Même son de cloche de la part de Rémy Ntaco. D’après lui, les policiers pourraient se sentir intouchables. «Si des mesures ne sont pas prises dans les plus brefs délais, les Burundais pourraient perdre confiance en la justice », souligne Armel Niyongere. Et, poursuit-t-il, se faire justice eux-mêmes.
« Fréderic Rumeca a fait son travail »
Elie Bizindavyi, porte-parole de la police, donne une autre version. 6 personnes suspectes, dont Fréderic Mbonihankuye, se trouvent dans une maison de Buhinyuza, en commune Kinama. A la vue de la police, quatre personnes sont montées sur la moto du jeune motard et se sont enfouies. La police les a poursuivies. Elle a donné l’information au poste de Kanga. Les fugitifs ont été interceptés par Fréderic Rumeca. D’après Elie Bizindavyi, ils ont essayé de maîtriser le policier. Fréderic Rumeca a tiré sur le jeune motard, qui a été transporté à l’hôpital, et deux de ces suspects ont été arrêtés. Ils sont maintenant à la prison centrale de Mpimba, selon le porte-parole. «Il y avait un état de nécessité et de légitime défense», conclut Elie Bizindavyi.