640 porcins, 23 vélos et 23 smartphones ont été distribués à la population de quatre communes (Gatara, Kayanza, Kabarore et Matongo) de la province Kayanza dans le cadre du Projet d’Intensification de la Production Agricole et de Réduction de la Vulnérabilité au Burundi (PIPARV-B), financé par le FIDA.
Province Kayanza, l’une des bénéficiaires du projet du Gouvernement burundais PIPARV-B, financé par le FIDA, il est 11 heures, mercredi 12 juillet 2021.
Au bord de la route principale, une centaine d’hommes et femmes sont réunis, leurs visages rayonnants. De l’autre côté, un camion rempli de porcins. Ces derniers vont être distribués à cette population la plus vulnérable issue de différentes collines de Kayanza.
Une jeune femme, un bébé dans les bras, débarque en courant, visage rempli de sueur. C’est une bénéficiaire, elle est en retard. Alice Nduwayezu vient de parcourir 10 km à pied pour venir recevoir le porc, une manne pour sa famille.
Maman de deux enfants, Alice est une simple cultivatrice. Elle confie qu’elle n’a jamais domestiquer un animal auparavant, faute de moyens. Ce porc va beaucoup améliorer les conditions de vie de sa famille. La production va certes augmenter. « Avant, je récoltais 50 kg de haricots faute de fumier. Avec ce porc, je sais que je vais récolter plus de 100 kg », indique-t-elle, non sans fierté.
Elle affirme de surcroît qu’elle va diversifier les cultures. « Désormais, je pourrai cultiver le maïs, les pommes de terre, les bananes, etc. parce que j’aurai du fumier. » Ses enfants vont manger à leur faim. D’après elle, ils ne mangeaient qu’une seule fois par jour. Des fois, ils passent toute une journée sans avoir de quoi mettre sous la dent.
Les batwa ne sont pas en reste
Parmi les bénéficiaires des porcins, figurent quelques batwa. Jacqueline Kwizerimana, 28 ans, maman de quatre enfants ne cache pas sa joie. « Je vais prendre soin de ce porc, il va se reproduire et la vie familiale va changer. Les enfants vont pouvoir aller à l’école. Ils ne manqueront plus du matériel scolaire. » Jacqueline ne faisait pas d’élevage jusque-là, à cause de la pauvreté.
Jean Marie Ndayisenga est un autre mutwa de 28 ans. Il vit avec sa femme, leurs deux enfants sont morts, emportés par une maladie. Ils ne faisaient pas d’élevage jusque-là, également. Ils n’ont aucune source de revenus.
Jean-Marie vit par le travail saisonnier, il cultive pour les autres pendant toute la journée et ne reçoit que 1.500 BIF, au maximum, ne fut-ce que pour manger. Il n’a pas de terres à cultiver. « Nous mangeons une fois par jour. Avec ce porc, la vie va changer. »
Evelyne Niyonkuru, 32 ans, est une autre bénéficiaire. Maman de trois enfants, elle affirme avoir entendu sur sa colline que ceux qui n’ont aucun animal domestique peuvent s’inscrire. « J’y suis allée en courant et j’étais très contente car je n’avais jamais élevé aucun animal depuis mon existence. » La vie n’est pas facile pour elle, d’autant plus que son mari vient de la quitter. Elle élève seule les enfants.
Evelyne confie que sa production agricole laisse à désirer car elle ne trouve pas de fumier. « Je récolte 5 à 10 kg seulement de haricots. Avec ce porc, je pourrai récolter plus de 50 kg. »
Améliorer la santé animale
A côté de ces porcins, des vélos et des smartphones ont été distribués aux agents communautaires de la santé animale (ACSA) de différentes collines de Kayanza. En tout, 109 vélos et 109 smartphones seront distribués dans les cinq provinces bénéficiaires du PIPARV-B, d’après Maurice Ntahiraja, consultant en élevage dans ce projet.
Anita Nsengiyumva, 24 ans, est un Agent Communautaire de Santé Animale de la colline Kivumu, commune Matongo, province Kayanza. Elle vient de bénéficier d’un vélo et d’un smartphone. Des objets qui vont faciliter leur travail. Anita indique qu’elle ne va plus peiner à se déplacer pour aller soigner le bétail. Elle marchait à pied jusqu’à une distance de 3 km.
Selon ces bénéficiaires, le smartphone sera aussi d’une grande utilité pour la santé des animaux domestiques. Nestor Habogorimana, bénéficiaire, indique que parfois, il surgit une maladie dont ils ignorent et ne sont pas capables de soigner. « Avec le smartphone c’est simple. Je prends la photo de l’animal et l’envoie à des experts pour qu’ils m’aident à trouver une solution. »
Un projet qui va accroître la production
Selon Maurice Ntahiraja, consultant en élevage au PIPARV-B, le principal critère de sélection des bénéficiaires est la pauvreté : « Les ménages qui n’ont pas d’animaux domestiques et une terre à cultiver qui est en dessous d’un demi-hectare. »
Il indique que les bénéficiaires ont eu des formations sur l’élevage. Ils ont également bénéficié des médicaments et passeront une année à recevoir des soins gratuits. Ils ont aussi de la nourriture pour les porcins, pour trois mois, 90 kg par ménage.
La plus-value de ce projet, d’après M. Ntahiraja : les bénéficiaires pourront voir leur production se multiplier par trois ou quatre, dans un ou deux ans. « Ils auront à manger et à vendre et verront leurs vies changées. »
Le responsable des opérations du PIPARV-B, Corneille Ntakiyiruta, indique que ce projet œuvre dans cinq provinces, 20 communes et 218 collines du pays. Il s’agit de Muyinga, Ngozi, Gitega, Kayanza et Karusi.
C’est un projet qui intervient dans les ménages les plus pauvres et vulnérables.
Cependant, il faudra un jour penser à la limitation des naissances pour garder une proportion population/production pas trop déséquilibré.