Le ministre de la Santé publique a communiqué, dans l’après-midi du jeudi 2 avril, l’existence d’un troisième cas testé positif au Covid-19. L’argument religieux d’ « un pays qui a donné à Dieu la première place » avait déjà fait pschitt dans la soirée du mardi 31 mars, à l’annonce des deux premiers cas.
La Confédération des Syndicats du Burundi (COSYBU) a adressé une déclaration au ministre de la Fonction publique, du Travail et de l’Emploi sur la pandémie du Covid-19. Solidarité est le maître-mot implicite dans cette recommandation au gouvernement : « Il faut mettre en place des infrastructures décentes et hygiéniques d’isolement et rendre gratuits les soins liés à cette pandémie ainsi que les frais liés à la mise en quarantaine (hébergement et restauration). »
Parmi les annonces précédentes du ministre de la Santé publique relatives à la prévention du coronavirus, une mesure barrière contre la solidarité nationale: les Burundais regagnant le bercail et les étrangers résidant au Burundi à leur retour devront prendre en charge les frais liés à leur mise en quarantaine.
La solidarité fait peuple, transcende la précarité économique et les failles du politique. Elle renvoie au but ultime du politique : le souci du bien commun. « Je suis Burundais, rien de ce qui affecte mes compatriotes ne m’est étranger », devrait être la devise des patriotes de tous bords.
A tout seigneur, tout honneur. Le parti politique du « Guide suprême du patriotisme » devrait donner le la. Les autres formations politiques, notamment les plus représentatives, marcheraient dans son sillage. A moins de deux mois des premières échéances électorales, ceux qui ont les reins solides n’auraient pas des oursins dans la poche pour financer un fonds d’aide pour les personnes mises en quarantaine. Lequel serait géré par le ministère de la Solidarité nationale. Ce faisant, les politiques feraient d’une pierre deux coups : rendre ses lettres de noblesse à la politique et remorquer les entreprises qui ont pignon sur rue et toute âme charitable qui a à cœur d’aider son prochain.
Du reste, seule la transparence sans aucune zone d’ombre dans la gestion de cette pandémie pourrait contribuer à tarir les sources des infox circulant sur les réseaux sociaux. Elle donnerait des munitions létales à ceux d’en haut qui s’évertuent à lutter contre. C’est le prix à payer pour ne pas faire du surplace, tel un hamster qui accélère indéfiniment sans aller nulle part.
Le patriote ne proclame pas son patriotisme. Il bondit sur toute occasion de venir en aide à ses compatriotes. Quoi qu’il lui en coûte, quitte à reporter les élections générales sine die à l’instar de l’Ethiopie.
Guibert Mbonimpa