Le Révérend Eliphaze Ndayizeye, pasteur de l’église Eusebu est en cavale depuis un mois. Sa famille dit ne connaître ni les mobiles ni son pays d’exil. Elle soupçonne ses proches collaborateurs d’avoir monté un coup pour l’écarter de la gestion de l’Eusebu.
<doc3070|left>Lundi, 9 janvier 2012 entre 10 et 11 heures. Eliphaze Ndayizeye quitte son domicile de Nyanza-Lac à destination de Bujumbura. Son épouse Joséphine Minani se rappelle qu’il n’avait pas de bagages sur lui, preuve selon elle, qu’il n’allait pas passer la nuit là-bas. Vers 15 heures, la mauvaise nouvelle tombe : sa famille apprend de gens venus de Bujumbura que le Révérend Ndayizeye a été arrêté dans la commune urbaine de Kanyosha puis conduit dans les cachots du Bureau spécial de recherche (BSR).
Sans trop de détails, Joséphine Minani parle d’informations en provenance de Bujumbura selon lesquelles son mari aurait été roulé par une personne encore inconnue qui lui aurait demandé de garder ses bagages. Interrogée sur le contenu de ces derniers, Joséphine Minani refuse de dire quoi que ce soit pour n’avoir pas été sur les lieux au moment de l’arrestation de son mari. Cependant, des sources fiables à Nyanza-Lac ont indiqué aux reporters d’Iwacu que c’était une machine pour fabriquer de l’argent. D’après toujours ses sources, le pasteur avait aussi plus de six millions de Fbu sur lui.
Iwacu a essayé de joindre la police pour savoir si c’était de la vraie ou fausse monnaie mais en vain.
Eliphaze Ndayizeye passera trois nuits au BSR et sera libéré après payement d’une amende de six millions de Fbu. Joséphine Minani se souvient qu’avant de s’exiler son mari avait déjà payé un million. Et elle se veut sincère : « Quand mon mari est rentré, je lui ai demandé les raisons de son arrestation et l’identité de cet homme qui lui avait joué un sale tour. Il m’a répondu que je ne devrais pas me mêler des affaires entre hommes. »
Sanctionné par son Eglise
Une journée après la détention du pasteur Eliphaze Ndayizeye, le conseil de l’Eglise Eusebu se réunit. Il décide de le suspendre dans ses activités. « L’Eglise ne peut pas être dirigée par quelqu’un dont la moralité est douteuse », lance l’un de ses proches collaborateurs. « En attendant leurs propres investigations l’Eglise sera sous la responsabilité du conseil», ajoute-t-il.
Cependant, la femme du pasteur déchu voit une main de ce conseil derrière cette affaire : « C’est son adjoint qui est venu lui dire de fuir parce que selon lui, le dossier était en train de prendre une autre allure. » Elle déclare en outre qu’un mauvais climat régnait entre son mari et ses collaborateurs suite à un problème de régionalisme : « La plupart des membres du conseil ne voulaient pas de lui parce qu’il est de Kiremba (Bururi). » Selon elle, ils veulent voir l’Eglise dirigée par un pasteur natif de Nyanza-Lac. Et la femme de jurer qu’ils paieront le sang de son mari aujourd’hui dans un lieu inconnu.