« Coalisons-nous pour sauver la démocratie, héritage de son excellence Melchior Ndadaye. » C’est autour de ce thème que le parti Sahwanya Frodebu a célébré, ce dimanche 29 juillet, à Gitega, ses vingt ans d’existence.
<doc4770|left>Le drapeau en vert et blanc flotte presque partout dans la ville de Gitega. Les militants du parti de Melchior Ndadaye ont répondu massivement à l’invitation. Ils ont effectué une marche à partir de la permanence provinciale, au quartier Magarama, jusqu’au quartier Shatanya, dans une grande salle où les festivités ont débuté. La police était là, pour assurer la sécurité. Des tambourinaires et des groupes de danseuses des communes Taba et Rutegama agrémentent les cérémonies, avant les discours.
D’après Léonce Ngendakumana, président du parti, cet anniversaire intervient au moment où le Burundi se trouve dans des moments difficiles. « La situation du pays est identique à celle que le Burundi connaissait au moment de la création du parti Sahwanya Frodebu, en 1992 », s’indigne-t-il. Selon lui, la dictature, les violations des droits de l’Homme, le mépris, le népotisme, la corruption, la démagogie,… faisaient le quotidien des Burundais à cette période.
C’est pourquoi, poursuit-il, la lutte reste la même jusqu’à l’instauration d’un régime démocratique respectant les droits de l’Homme, la liberté d’expression, le multipartisme,….
{ La démocratie en danger }
Au niveau politique, le président du Sahwanya-Frodebu indique que le pouvoir actuel est en train d’instaurer le monopartisme. Le parti au pouvoir, dit-il, s’identifie au gouvernement, ce qui était le cas dans les années 1992 où le parti Uprona faisait de même.
Pour lui, cette confusion s’est manifestée dans la célébration du cinquantenaire. « Le parti Cndd-fdd en a profité pour intensifier ses actions propagandistes sous prétexte d’inauguration des œuvres du cinquantenaire, qui, malheureusement sont encore en chantier », fustige M. Ngendakumana.
Il souligne que la justice, la police, le service national de renseignements semblent travailler pour le parti au pouvoir. Cela se manifeste, d’après lui, par des falsifications des dossiers judiciaires, des exécutions extrajudiciaires, des intimidations,… à l’endroit des opposants politiques ou tous ceux qui ne veulent pas adhérer aux idéaux du parti au pouvoir. Dans toutes ces affaires, précise-t-il, il y a une implication des éléments de ces différents organes.
Le président du parti Sahwanya Frodebu affirme que l’économie burundaise est à l’agonie. « La monnaie burundaise connait une forte dévaluation. Et le gouvernement n’a aucun projet d’augmenter la production. Son seul recours est de hausser les prix des différents produits. Ce qui porte un coup dure à la vie de la population burundaise qui, en majorité, est pauvre et s’appauvrit davantage », explique-t-il.
Cependant, M. Ngendakumana affirme que l’héritage de Melchior Ndadaye existe et a été respecté. En effet, explique-t-il, la société civile, les radios et journaux privés ainsi que les partis politiques, sont une réalité même s’ils ne travaillent pas dans de bonnes conditions.
Faire la politique, c’est avoir une vision à long terme
Présent dans ces cérémonies, Sylvestre Ntibantunganya, ex-président de la République et membre fondateur de ce parti, signale qu’il n’y a pas de péché quand on parle de la paix, de la démocratie, du respect des droits de l’Homme et de la liberté d’expression. Ces éléments, dit-il, n’ont pas de limites.
Au nom de l’Alliance des Démocrates pour le Changement (ADC-Ikibiri), François Bizimana, fait remarquer que tout ce qui se passe, aujourd’hui, est lié à la dégradation de l’éducation. Il rappelle que dans le Burundi traditionnel, il était strictement interdit de tuer même un lézard, de dire n’importe quoi,… « L’enfant grandissait avec des valeurs qui lui permettaient de respecter les autres, de se garder de commettre un tel crime, etc. », souligne-t-il. Pour lui donc, l’éducation est la base du développement du pays.
Etaient présents aussi dans ces cérémonies, des représentants des partis de l’ADC-Ikibiri, Jean Berchmans Ndahabonimana, président de la section Frodebu Belgique et son épouse Hyacinthe Ndadaye, un représentant des corps diplomatiques et d’autres cadres du parti Sahwanya-Frodebu. L’absence de Domitien Ndayizeye, ancien président de la République et membre de ce parti a été très remarquée.