Le parcours inspirant de Filda Nahimana

Bien que Mme Nahimana n’ait pas eu l’opportunité de terminer ses études, elle a su saisir les occasions qui se sont présentées à elle. « Je n’ai pas pu finir mes études, mais j’ai eu la chance de participer à des formations sur l’entrepreneuriat », confie-t-elle en souriant. Elle a alors pris l’initiative de créer une coopérative avec quelques femmes qu’elle jugeait dynamiques, donnant ainsi naissance à la coopérative Ingeregere en 1992. L’objectif était clair : favoriser le développement de sa localité. À cette époque, les femmes étaient peu informées sur les moyens d’améliorer leurs revenus. L’idée même d’entreprendre leur semblait un défi de taille.

L’ascension en politique locale

Grâce au succès de sa coopérative, Filda Nahimana attire l’attention des responsables du parti politique au pouvoir. Elle et ses collaboratrices sont invitées à rejoindre le mouvement. Ce qu’elles acceptent. Très vite, elle est élue chef de la ligue des femmes du parti au niveau de la colline. Après une année de travail remarquable, elle est réélue pour représenter les femmes du parti au niveau communal où elle exercera deux mandats consécutifs.

Cette expérience lui permet de se faire un nom dans la politique locale. Par la suite, elle rejoint le Conseil communal et y passe encore deux mandats. « Je croyais être à la retraite vu mon âge avancé mais, les habitants de ma localité m’ont proposé de me présenter aux élections des chefs de collines », raconte-t-elle avec amusement. Ils insistaient pour qu’elle soit leur candidate. Elle a remporté l’élection, il y a maintenant quatre ans. C’est une première sur sa colline : une femme élue chef de colline.

De la détermination

L’élection de Mme Nahimana comme chef de colline a été une véritable révolution dans la culture locale. « C’était exceptionnel de voir une femme élue chef de colline », témoigne une habitante de Biganda. « Elle traite les différends avec beaucoup de détails et de considération. Ce qui est rare chez d’autres chefs de collines. » Malgré les résistances de certains, elle s’est battue pour prouver qu’elle était à la hauteur.

Les critiques n’ont pas tardé notamment de la part de certains hommes qui présageaient son incapacité à répondre aux besoins de la population. « Certains disaient qu’elle était incapable de gérer, qu’une femme ne pouvait pas assumer ce rôle. Mais, les plaintes ont été rares, à l’exception d’un homme qui se plaignait de son absence la nuit en cas de bagarres », raconte un habitant de Biganda, non sans humour.

Une femme engagée, une famille épanouie

En dépit des défis, Mme Nahimana n’a jamais négligé ses responsabilités familiales. « On disait souvent que je dominais mon mari, mais cela ne le gênait pas. J’assurais mes responsabilités familiales », confie-t-elle. Aujourd’hui, tous ses huit enfants ont terminé leurs études. Ils ont déjà fondé leur propre famille, à l’exception du cadet, qui se prépare à se marier. « La famille passe avant tout. Il faut d’abord balayer devant sa propre porte avant celle d’autrui », affirme-t-elle soulignant ainsi l’importance de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Encourager les femmes à s’impliquer

Mme Nahimana incite d’autres femmes à se lancer en politique et à participer aux élections. « Les femmes sont tout à fait capables d’assumer des rôles de direction. Il leur faut de la volonté, de la patience et surtout de la résilience », déclare-t-elle avec conviction. Elle encourage les femmes à surmonter les obstacles et à se battre pour faire entendre leur voix, car, selon elle, les défis sont nombreux mais, chaque femme peut y faire face.