A 13 heures 17 minutes de ce mercredi 20 novembre, nous publions un tweet, les nouvelles ne sont pas bonnes. « Selon nos premières informations, la Cour d’appel a décidé de maintenir en prison les journalistes d’Iwacu, seul le chauffeur va être libéré », écrivons-nous.
Nous n’avons pas honte de le dire. Pendant un moment, c’est l’angoisse. Le découragement. Une mauvaise nouvelle, un choc pour toute la rédaction. Les journalistes s’attendaient à une relaxe. Au siège du groupe, leurs collègues étaient prêts à les accueillir, à reprendre encore ensemble leur noble tâche d’informer. Hélas, la décision a été autre.
Je me suis rappelé ces vers appris dans ma jeunesse. « Gémir, pleurer, prier est également lâche », disait Alfred de Vigny dans La Mort du loup. Très lâche quand on est responsable et qu’on doit remonter le moral de ses « troupes ». Je pensais que les journalistes allaient craquer, s’effondrer, en entendant le sort réservé à leurs collègues. Grande a été ma surprise de constater leur sérénité, leur tranquillité d’esprit. « Je crois encore à la justice, ils seront libérés », a lancé avec assurance le plus jeune. La détermination reste donc intacte. Informer le public est non seulement un droit mais c’est aussi un devoir. Coup de chapeau à leur détermination !
Qu’en est-il des collègues maintenus derrière les barreaux ? Il fallait les visiter, tâter le pouls, se faire une idée sur leur état psychologique. Agnès et Christine sont abattues, non pas par la décision, leur passion est toujours intacte, mais par le paludisme. Avec leurs confrères Térence et Egide, ils restent debout, gardent le moral, croient en la justice. Ils ne se reprochent de rien, estiment que la vérité finira par éclater et la justice dira le droit. Par contre, ils encouragent leurs collègues, leur demandent de ne pas céder à la peur, à l’intimidation mais de continuer à informer professionnellement le public. Ils nous rappellent que l’information est l’oxygène de la démocratie, « le droit à informer et à l’information étant reconnu par la Constitution. » Coup de chapeau à nos confrères et nos consœurs qui, derrière les verrous, continuer à nous encourager. Nous n’avons pas le droit d’être faibles.