Le Programme d’autonomisation économique et d’emploi des jeunes(PAEEJ) vient réduire le chômage des jeunes et booster le développement. Après quelques mois d’activités, des politiques et certaines associations des jeunes prônent l’inclusion de tous les jeunes pour la réussite de ce programme.
Par Guy-Arsène Izere et Clarisse Shaka
Le PAEEJ est une initiative du gouvernement du Burundi qui vient résoudre la question épineuse liée au chômage très élevé chez les jeunes. Il a été mis en place par le décret présidentiel d’avril 2021.
D’après le coordinateur de ce programme, Désiré Manirakiza, les données actualisées montrent que plus de 90% des jeunes lauréats universitaires passent plus de 5 ans avant d’avoir un emploi.
Le recensement des jeunes chômeurs de 2020 a identifié 400 mille jeunes diplômés sans emploi. Or, l’Etat n’emploie que 120 mille fonctionnaires, d’après ce coordinateur. « La question essentielle était donc de savoir ce que l’on allait faire de tous ces jeunes».
Pour répondre à cette question, explique M. Manirakiza, un forum national des jeunes a eu lieu en novembre 2020 au Cercle hippique. Parmi les recommandations au sortir de ce forum, le président de la République a annoncé la mise en place d’un programme qui va gérer cette question de chômage des jeunes.
Ce programme a un fonds de 48 milliards de BIF pris en charge par le budget général de l’Etat, selon le décret présidentiel. D’après Désiré Manirakiza, ce budget va essentiellement couvrir trois axes stratégiques. Des formations pratiques des jeunes ciblés dans des domaines bien spécifiques. Ces jeunes formés seront ensuite appelés à créer des projets dont les meilleurs seront directement financés par le PAEEJ, moyennant remboursement. Et enfin l’insertion professionnelle des jeunes lauréats qui ne désirent pas nécessairement entreprendre. « C’est à dire que le PAEEJ va créer des partenariats avec les entreprises locales qui vont donner des stages à ces jeunes avec comme close d’embaucher certains de ces stagiaires ».
Les bénéficiaires de ce programme, pour la catégorie formation, sont choisis sur toutes les collines du pays. Le PAEEJ financera au moins un projet de chaque colline.
Actuellement, 396 jeunes répartis dans 66 coopératives de la commune Giheta et province Mwaro sont déjà formés en technique moderne d’élevage de porcs et de poules. Bientôt, 272 jeunes de la province Kayanza seront formés.
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Gabriel Rufyiri : « Evitons les malversations économiques qui se sont manifestées dans d’autres programmes.»
Le président de l’Olucome, Gabriel Rufyiri, reconnaît la nécessité de telles initiatives, d’autant plus que 65% des jeunes sont au chômage. Il demande au gouvernement de mener une étude sur la faisabilité de ce programme afin de trouver des solutions durables au chômage des jeunes.
Il confie qu’il ne faut pas que ce programme soit bénéfique à une partie de la jeunesse : « L’inclusivité de tous les jeunes burundais sans tenir compte de leur appartenance politique ou ethnique pourrait contribuer à la réussite de ce programme.»
De surcroît, l’Olucome constate avec regret que les bénéficiaires de ce genre de programme sont les membres du parti au pouvoir. Pour lui, le fait d’exclure certains groupes de personnes est contre-productif. « La plupart des coopératives Sangwe sont exclusives et leur rendement est minime».
M. Rufyiri demande au gouvernement de veiller au respect strict des critères pour bénéficier de ce programme. Il propose également une évaluation à mi-parcours et un suivi rigoureux pour se rassurer de sa bonne exécution.
« Il faut éviter à tout prix les malversations économiques qui se sont manifestées dans d’autres programmes, notamment celui de 500 millions pour le financement des projets communaux, pour un meilleur rendement. »
REJA : « La consultation de tous les jeunes, une voie pour le meilleur rendement. »
Pour Eric Ndayikengurutse, coordinateur national du Réseau des organisations des jeunes en action (REJA), il n’y a pas eu consultation de tous les jeunes. Pourtant, les besoins des jeunes non instruits ne sont pas forcément similaires aux besoins des jeunes scolarisés.
Il estime qu’il fallait une consultation de tous les jeunes pour qu’il y ait identification de leurs besoins et une meilleure rentabilité. « Au cas contraire, le rendement escompté pourrait ne pas être atteint».
Il propose l’organisation des Etats généraux de toutes les parties prenantes afin de faire le plan de la mise en application de ce programme. « Il y a ceux qui sont experts en élaboration des projets, d’autres en suivi-évaluation et bien d’autres domaines. Si ces derniers acceptent de contribuer en formant les bénéficiaires, je ne doute pas de la rentabilité du programme».
AJAP : « Nous sommes satisfaits.»
Eric Nsengimana, représentant de l’Association pour une jeunesse africaine progressiste (AJAP), salue l’initiative du gouvernement de mettre en place un tel programme pour le développement des jeunes.
Il indique que ce programme est le résultat du forum des jeunes intellectuels dans lequel l’association était invitée. « Nous saluons d’ailleurs les efforts du gouvernement pour le développement des jeunes, surtout la lutte contre le chômage des jeunes».
Selon lui, les responsables de ce programme ont été élus par les jeunes qui étaient présents au forum, le président n’a fait que valider leurs noms. « Jusqu’à présent, ils font très bien leur travail car il n’y a pas encore de plainte d’exclusion de nos membres. Nous sommes satisfaits».
Uprona : « Il ne faut pas que ce soit un programme d’un quelconque parti politique.»
Olivier Nkurunziza, président du parti Uprona, indique que les jeunes de son parti ne sont pas au courant de ce programme. Si le coordinateur de ce programme dit qu’il a sillonné tout le pays pour sa vulgarisation, poursuit-il, il faut voir quel était son groupe cible.
Olivier Nkurunziza appelle à l’inclusion de tous les jeunes pour une meilleure productivité : « Si réellement nous voulons un développement intégral, il ne faut pas que ce projet soit d’un quelconque parti politique ou d’une telle ethnie.»
M. Nkurunziza suggère de faire connaître davantage ce programme : « Nous sommes prêts à les aider dans la vulgarisation pour que ce programme soit bénéfique à tous les Burundais. »
CNL : « Evitons la politisation, si l’on veut atteindre les résultats escomptés.»
Le secrétaire général du parti CNL, Simon Bizimungu, fait savoir que les jeunes de son parti ne connaissent pas ce programme : « Nous avons des jeunes sur toutes les collines du pays, comment se fait-il que nos jeunes ne soient pas au courant de ce programme ?»
Il recommande au responsable de ce programme de mettre en place des critères objectifs de sélection de projet à financer. « Pour que ce programme produise des résultats escomptés, il faut aussi éviter la politisation», conclut-il.
Il a fallu attendre d’avoir 400 mille jeunes chômeurs sur les bras pour réagir et penser à un plan de sauvetage. Traiter un problème en amont est toujours périlleux, car l’accumulation des problèmes demandent des moyens exorbitants que l’Etat n’a toujours pas. Il aurait fallu chercher des solutions en aval, c’est-à-dire injecter les 48 milliards de BIF dans l’enseignement professionnel de qualité. Comme cela à l’issue de la scolarité on aurait peut-être eu 200 mille jeunes professionnels bien formés pour voler de leurs propres ailes, et peut-être 200 mille diplômés académiques à aider dans la recherche d’un emploi. Si on garde le schéma actuel, on aura toujours des milliers de jeunes qui vont chaque année gonfler les chiffres de chômage, le PAEEJ sera vite débordé.
Attention attention ! Notre malheureuse enfance de la majorité d’entre nous nous pousserait à nous servir avant de servir ? Mettre en place des structures pour sortir de la pauvreté devrait être accompagné par une moralisation créant une responsabilité collective de nous en sortir tous.
« Turi hamwe vyose birashoboka « ! La question est la suivante: Est -ce que réellement turi hamwe?? Et le slogan « caratuvunye » ??? Tutari hamwe rero impossible développement!
Trafic d influence, nomination partisane, manque de formation
Manque de transparence
Ça ne marchera de nouveau pas …
Twe Urwaruka Tuzoguma Dusoma Uko Nyene Kubinyamakuru Imigambi. Tuzohaga Umuhisha Wiyo Migambi Ngo Y’urwaruka.
Le développement est une affaire de tous. L’exclusion engendre des frustrations et génère des crises. D’où ce pas en avant et deux en arrière que nous faisons régulièrement depuis le départ du colon. Sommes-nous devenus de nouveaux colons de nous-mêmes ?