Des feux de brousse, des occupations illégales… s’observent dans les aires protégées du sud du pays, malgré un nouveau code forestier. Un environnementaliste dénonce un manque d’engagement de l’administration.
Il y a quelques jours, environ 4 ha de la réserve forestière de Vyanda-Rumonge ont été ravagés par le feu, signale Léonidas Nzigiyimpa, responsable de ces aires dans cette partie.
En 2016, l’Office burundais pour la protection de l’environnement (OBPE) parle de 9612,6 ha partis en fumée au niveau national. Les provinces Rutana et Bururi respectivement première et deuxième avec 2444 ha et 1987 ha.
M. Nzigiyimpa indique que les feux de brousse sont récurrents dans son secteur. « Les feux criminels, les cultures sur-brûlis, la régénération des pâturages, l’enfumage des ruches ou la carbonisation du bois en sont les causes. »
Quelques sanctions prévues par le nouveau code foncier
« Toute infraction à la règlementation des feux de brousse et des incendies de forêt est punie d’un emprisonnement de 10 ans à 20 ans et d’une amende de 100.000Fbu à 500.000 Fbu», stipule le code forestier en son article 212. En cas d’imprudence, de négligence, d’inattention, etc, l’article 211 prévoit une peine de prison de deux mois à un an ainsi qu’une amende variant de 50.000Fbu à 250.000 Fbu. S’il y a des pertes en vies humaines, la peine est de 5 ans à 10 ans de servitude pénale. A l’encontre de ceux qui restent passifs en cas de feux de brousse, ce code dispose, en son article 214, que sans justification plausible, tout coupable de cette infraction est puni d’un emprisonnement de 3 mois à un an et une amende de 150.000Fbu à 200.000Fbu.
Il évoque également les 300 ménages installés dans la réserve forestière de Vyanda-Rumonge. « C’est là qu’ils cherchent le bois de chauffage, qu’ils cultivent, etc. »
Gérard Nduwayezu, directeur des forêts au sein du ministère de l’Environnement, observe que la protection des forêts reste problématique : « L’insuffisance des éco-gardes, le manque d’équipements, comme les moyens de déplacement, les tentes, les jumelles… handicapent nos actions.» Il pense que le salut résultera de la synergie de la population et de l’administration dans ce combat.
Avec ce nouveau texte, il se veut optimiste : « Avec le nouveau code forestier, les gens seront très vigilants pour protéger les forêts.»
Il annonce, par ailleurs, que des sensibilisations populaires, administratives sont en cours, depuis avril 2017. « Notre objectif est de les amener à comprendre que les forêts sont indispensables à leur survie. »
Des textes restés lettre morte
Côté environnementaliste, on ne se fait pas trop d’illusions. « Pour réussir, il faut une implication de tout un chacun. Les textes de lois sont là, mais la question qui se pose est de savoir ce que l’on en fait », réagit Albert Mbonerane, activiste de la protection de l’environnement.
Pour lui, l’important est qu’il ne reste pas lettre morte. Il regrette que certains administratifs semblent ignorer leurs obligations en la matière.
Il estime que la protection des forêts devrait être une priorité nationale: « Si par exemple le parc national de la Ruvubu venait à disparaître suite aux feux de brousse, les premières victimes de cet acte ignoble seraient les riverains. »
Signalons que le nouveau code forestier a été promulgué le 15 juillet 2016 en remplacement de celui de 1985.
>> Sur le même sujet : Surface forestière