Malgré les lamentations de certains politiques dénonçant que leurs recommandations n’ont pas été considérées lors de l’élaboration du Code électoral, ce dernier a été adopté ce mardi 9 avril par l’Assemblée nationale en plénière par 115 voix contre deux abstentions.
Parmi les grandes innovations apportées dans ce nouveau Code électoral, l’on notera la revue à la hausse de la caution des candidats, et la réduction de la période de la campagne électorale.
D’après certains députés, ces innovations risquent d’être discriminatoires. Ces derniers demandent la révision de ces innovations en particulier la caution exigée aux candidats variant entre 200 mille pour les conseillers communaux et 100 millions pour les présidentielles.
En 2020, fait remarque Abel Gashatsi, 2ème vice-président de l’Assemblée nationale, la somme des cautions pour toutes les candidatures était de 37 millions 200 mille. « Aujourd’hui, nous sommes 128 millions 400 mille soit une différence de 91 millions 200 mille ».
Selon lui, le risque est grand parce qu’il ne faut pas entrer dans la période électorale avec un seul candidat, pour le cas des élections présidentielles mais c’est la même appréhension pour les autres échéances électorales.
« Les Burundais ont le droit de voter et de se faire élire, il y a risque d’avoir un problème au moment où il y aurait un seul candidat surtout lors des présidentielles. Allons-nous dire qu’il y a eu des élections ? Je trouve compréhensible de revoir à la hausse, mais pas à ce niveau. C’est exagéré », s’est-il indigné.
« Il y a eu dans le passé des discriminations basées sur l’ethnie et sur les provinces, puis il y a eu des discriminations basées sur l’appartenance politique. Ce code amène une nouvelle forme de discrimination basée sur l’économie », a tenu à souligner le député Pascal Gikeke.
« Je ne sais pas sur quoi monsieur le ministre vous êtes basés en fixant ces 100 millions pour les candidats aux présidentielles au vu de l’inflation qui règne dans le pays ? », s’est interrogé ce député.
Et ce n’est pas tout comme question : « Êtes-vous confiant que d’ici 2027 la situation économique du pays se sera améliorée pour qu’une personne qui voudra se faire élire puisse avoir ce montant ? Je dirai que vous êtes en train de réduire la chance des Burundais d’élire un président de leur choix ».
D’après le ministre de l’Intérieur, Martin Niteretse, la caution des candidats a été revue à la hausse en vue de bannir les déclarations de candidature fantaisistes.
« On ne peut pas dire que cette somme est exorbitante pour les candidatures aux présidentielles. Certains ont même proposé que la caution soit revue jusqu’à 500 millions. Ce n’est pas n’importe qui se fait élire au poste de président de la République. Il doit avoir un grand soutien des membres de son parti et des appuis extérieurs le financer », a-t-il expliqué.
« Vous avez de la chance que cette caution soit annoncée d’avance. Vous avez encore jusqu’en 2027 pour préparer vos candidatures en respectant les conditions exigées y compris cette caution. Ces 100 millions vont directement dans les caisses publiques et ce montant sera remboursé lorsque le candidat aura totalisé 5% des voix », a fait savoir le ministre Niteretse.
Dans le Code électoral précédent du 20 mai 2019, la caution des candidats à la présidentielle était de 30 millions. Avec le nouveau Code électoral, les conseillers communaux n’exerceront aucune autre fonction que ce soit publique ou être membre d’un organe quelconque.
Musique, ouvrez le ban!
Je vois une logique implacable dans cette décision. Le parti au pouvoir qui règne depuis longtemps a un portefeuille assez long pour se permettre d’augmenter la mise. Par contre son bilan quand aux réalisations est un peu maigre qu’une courte période de campagne suffit à l’expliquer.
C’est le contraire pour les opposants: leur portefeuille est si maigre et court qu’ils auront les peines du monde à répondre à cette hausse inflationniste de la caution. Par contre, les opposants ont des tonnes de critiques et projets qu’ils n’auront pas assez de temps pour exposer et convaincre les électeurs.
Dans les deux cas, le piège est bien ficelé. On augmente d’un côté, on diminue de l’autre, dans un mouvement de balancier qui écarte presque définitivement les troubles-fêtes.
Musique, fermez le ban!
Ceci tend à donner raison à Chirac qui affirmait que la démocratie est un luxe que les pays pauvres se payent très difficilement.