Très peu d’établissements permettent d’accueil des femmes pour les formations. Mais aussi, au Burundi, c’est un métier qui est encore considéré comme « masculin. »
Depuis le premier recrutement des femmes dans la police nationale du Burundi en 2004, le pourcentage des femmes recrues est passé de 2% à 30% en 2011, 20% en 2014, 15% en 2016 et 10% au cours du dernier recrutement en 2018.
Les femmes venant des milieux urbains sont plus nombreuses à intégrer la police que celles du milieu rural selon le ministère en charge de la sécurité.
Encore des préjugés et des stéréotypes…
Alors qu’elles peinent à s’intégrer dans les corps de la police, les femmes déjà policières font face à plusieurs préjugés et stéréotypes de la part de la population tout comme de leur collègue de la gent masculine.
E.G. a intégré la police en 2014 et travaille en mairie de Bujumbura, elle est souvent taxée d’être « sans pitié » dans son travail.
« On dit souvent que les femmes policières sont très strictes mais on ne fait que notre devoir, on fait respecter la loi, peut-être que les gens nous imaginaient plus faibles, ils ont l’image de la Burundaise tendre et timide et ont du mal à nous voir autoritaires. C’est pourtant notre travail. »
Pour C.N., dans les corps de la police nationale du Burundi depuis 9 ans, les femmes policières doivent aussi s’affirmer et se montrer plus fortes face à leurs collègues hommes.
« Dans certaines situations, des collègues masculins tentent aussi de nous affecter à des tâches secondaires, Lors des situations délicates certains ont tendance à ne pas nous faire confiance, on doit faire preuve de courage et de beaucoup de force au quotidien pour marquer notre place. Moi je vais des fois jusqu’à les défier » nous-a-t-elle confié.
Iwacu est allé à la rencontre de certains habitants de la capitale Bujumbura pour leur demander leur appréciation du travail des femmes policières.
Agressivité, mauvaises épouses, elles sont qualifiées de tous les maux alors que plusieurs policières s’estiment heureuses dans la police.
« La plupart des femmes policières ne peuvent pas être des épouses, elles veulent toujours être au-dessus de leur mari, garder la casquette autoritaire qu’elles ont au boulot. Une amie à ma mère policière battait son mari, Dieu soit loué, ils ne sont plus ensemble aujourd’hui. Son mari a dû quitter le toit conjugal pour s’installer ailleurs. » témoigne O.B, habitant de la zone Kanyosha de la mairie de Bujumbura
Pour M.D., conducteur de taxi, résident en zone Cibitoke, les femmes policières responsables de la sécurité routière sont moins flexibles que les hommes.
« Pour un petit incident, elles sont sur la défensive et n’écoutent pas. Elles ont tendance à penser qu’on les sous-estime alors que quelque fois on essaie juste de nous expliquer. »
Jeanne D’Arc de la zone Bwiza affirme que les femmes policières sont venues à la rescousse des femmes battues et victimes des violences conjugales, solidarité féminine, diront-ils.
« On sait que si tu es battue par ton mari, que si tu es victime de telle ou telle autre injustice au foyer et que tu te rends à la police, c’est toujours mieux d’y rencontrer une femme. Elles sont plus compréhensives, elles nous rendent toujours justice alors que les hommes ont tendance à ne pas nous donner raison même quand la vérité est de notre côté. »
Clotilde Poyongo, chargée de la cellule de la promotion du genre au sein du ministère de l’intérieur, de la Sécurité publique et du Développement communautaire est la première femme au bureau du commissariat de la recherche BCR en sigle.
Elle affirme que beaucoup de femmes et enfants refusaient de se faire auditionner par les hommes, et faisaient la queue devant son bureau.
« Elles demandaient toutes à ce qu’elles soient écoutées par moi, c’est parce qu’elles avaient subi depuis longtemps des injustices, elles avaient besoin d’une oreille féminine. »
Le chemin est encore long…
Bien que les femmes jouissent des mêmes avantages que les hommes dans la police nationale du Burundi, Clotilde Poyongo, chargée de la promotion du genre au sein du ministère en charge de la sécurité, estime que les maisons d’accueil et d’hébergement pour les femmes ne sont pas encore suffisantes.
« Des femmes se retrouvent dans tous les échelons de la police : officiers, sous-officiers, elles occupent plusieurs fonctions au sein de l’institution mais le recrutement se fait sur base de la capacité d’accueil de leur hébergement, elles répondent présentes aux différents appels à candidature mais malheureusement, on ne prend qu’un nombre limité à cause de ce problème logistique. »
Dans la police depuis 2004, la chargée de la promotion du genre au sein du ministère de la sécurité indique qu’une fois les maisons d’accueil réhabilitées et en tenant compte des besoins sexo-spécifiques, les femmes seraient plus nombreuses à intégrer la police burundaise.
Clotilde Poyongo lance d’ailleurs un appel aux jeunes femmes de ne pas avoir peur d’intégrer la police car, selon elle, c’est un travail comme tous les autres.
Uti courage none commissaire Generose ko mutamubajije niwe azivyishi yobabwira