Le nombre de grossesses non désirées va augmentant en milieu scolaire. Selon les directeurs provinciaux de l’enseignement (DPE), il y a plusieurs causes à cela. <doc1827|center>Selon le directeur provincial de l’enseignement à Kirundo, Rémy Bigerumusase, plus de vingt cas de grossesses sont enregistrés pour l’année scolaire 2010-2011. Parmi ces jeunes filles, certaines vivent actuellement en concubinage. Pour lui, c’est un phénomène plutôt inquiétant. Pourtant, des activités en rapport avec le VIH sont quelquefois organisées par le ministère de l’éducation, comme le souligne M. Bigerumusase. Parallèlement, le DPE Muyinga, Diomède Munyabigo, parle de 45 cas de grossesses enregistrés à l’école primaire : « La plupart de ces élèves ont été détournées. » Pour cette même année scolaire, 95 cas de grossesses s’observent dans les écoles secondaires de cette province du Nord-est du Burundi. Pourtant, d’après le DPE de Muyinga, il existe des clubs « Stop SIDA » dans les écoles qui entretiennent les élèves sur l’éducation sexuelle, et notamment des conséquences des relations sexuelles non protégées : grossesses non désirées et VIH/SIDA En plus de cela, des séances sur le renforcement des capacités sont organisées deux fois l’an. « Un comportement responsable laisse à désirer» D’après Déogratias Ntunguka, DPE de Ruyigi, sur plus de 40 mille élèves de l’école primaire, 28 cas de grossesse ont été enregistrés cette année scolaire. Il fait en outre remarquer que sur près 53 mille filles de l’école secondaire, plus de 900 cas d’abandon s’enregistrent dont 36 cas de grossesses. D’où son pessimisme : « C’est la tranche d’âge où ils sont sexuellement actifs, mais la prise de conscience du danger laisse encore à désirer.» La province scolaire de Rutana a enregistré 38 cas de grossesses dont 15 mariés précocement à l’école secondaire ; et 14 à l’école primaire parmi lesquelles 4 sont déjà mariées. Pour Siméon Ngenzebuhoro, directeur provincial à Rutana, un comportement responsable laisse à désirer. De plus, souligne-t-il, ces élèves donnent un mauvais exemple aux autres malgré l’encadrement des « associations de lutte contre le VIH/SIDA, des clubs « Stop SIDA » et des comités de gestion de l’école : « Ils font tout pour que cette catégorie soit mieux informée.» Pour ce DPE, ces filles doivent s’impliquer davantage dans le changement de comportement. Sébatien Mutankabandi, chef du service de la planification à la DPE Ruyigi, parle de 51 cas de grossesse à l’école primaire, ainsi que 82à l’école secondaire, dans cette province de l’Est du Burundi. Selon ces responsables provinciaux de l’enseignement, le phénomène de copinage, certaines conditions de vie défavorables, la dégradation des mœurs, des violences sexuelles etc., expliquent l’augmentation du nombre de grossesses dans les écoles. « Les résultats ne sont pas immédiats » Emma Gakobwa, coordinatrice du Centre Nturengaho, affirme que les résultats ne peuvent pas être immédiats. Elle est convaincue que le changement de comportement est un travail de longue haleine: « Les acteurs de la lutte contre le VIH ne doivent se lasser. Il faut continuer la sensibilisation. »Mme Gakobwa ajoute que seuls quelques-uns parmi les élèves sont sensibilisés ; car la plupart n’y trouvent pas d’intérêt. La coordinatrice regrette le fait que les mœurs soient dégradées. Malgré cela, au sein de Nturengaho, l’équipe chargée de sensibilisation utilise comme moyen de sensibilisation l’IEC (Information, Education et Communication ») mobile comme moyen de sensibilisation. Elle se rend dans des lieux publics mais proches des établissements pour que tous ceux qui le souhaitent puissent passer écouter. « Nous leur parlons surtout des moyens de prévention du VIH/SIDA, des maladies sexuellement transmissibles à l’aide des outils comme des photos, films documentaires etc. », révèle Mme Gakobwa. Après, il y a un moment consacré aux échanges : ceux qui le souhaitent peuvent poser des questions. Néanmoins, faute de moyens, la coordinatrice de Nturengaho précise que ces activités n’ont déjà été menées qu’à Mwaro et dans la ville de Bujumbura. Mais elle se veut optimiste quant à la poursuite de la campagne: « Nous espérons que nous nous rendrons même dans d’autres provinces bientôt. » Le suivi et la paire éducation sont propices « Le fait d’être sensibilisé ne signifie pas nécessairement le changement de comportement », explique Cédric Nininahazwe, vice-président du Réseau National des Jeunes vivant avec le VIH/SIDA (RNJ+). Pour lui, une personne sensibilisée doit être suivie. Pour un changement de comportement efficace, on doit mettre à contribution la paire éducation. M. Nininahazwe estime par ailleurs qu’il ne faut pas se limiter à une journée de sensibilisation. Pour lui, l’idéal est d’organiser des formations à l’endroit des jeunes pour qu’ils se chargent à leur tour de sensibiliser les autres. Le pair éducateur n’est pas un formateur comme tel. Les sensibilisations sont faites à travers des échanges et c’est ainsi qu’un climat de confiance se crée : « Les jeunes sont beaucoup plus à l’aise entre eux. Ils n’auront plus peur de se confier ou de poser des questions qui leur tiennent à cœur. »