Mercredi 25 décembre 2024

Économie

Le NIF quasi inconnu à Makamba

12/06/2014 2

Sur près de 550 commerçants exerçant aux marchés de Makamba et Nyanza-Lac, une minorité dispose du Numéro d’Immatriculation Fiscale (NIF). Les commerçants réclament plus de sensibilisation de la part de l’OBR.

La plupart des commerçants de Makamba s’approvisionnent sur place ©Iwacu
La plupart des commerçants de Makamba s’approvisionnent sur place ©Iwacu

« Et si je me fais inscrire, les taxes vont-elles diminuer ? »se demande Alexis Nimubona, un commerçant des ustensiles de cuisine au marché de Makamba. Il s’approvisionne à Bujumbura. « L’essentiel, pour nous, est que les commerçants paient moins de taxes pour que les consommateurs n’en fassent pas les frais. »
Pour Benoît Bigirimana, président de l’association des commerçants de Makamba, la majorité des commerçants s’approvisionnant sur place ne voient pas l’intérêt de se faire immatriculer. « Hormis les grands commerçants qui connaissent l’importance d’avoir le numéro d’identification fiscale, ces petits commerçants ont des préjugés envers l’OBR. Ils estiment que ce sont des taxes qui s’ajouteront à d’autres, » explique M. Bigirimana.

Même son de cloche à Nyanza-Lac

A Nyanza-Lac, les vendeurs ignorent aussi l’importance de se faire immatriculer. Japhet Ndikuriyo, commerçant depuis une année, n’y va pas par quatre chemins : « Comment est-ce que nous pouvons savoir l’importance du NIF, alors que nous n’avons jamais eu à l’utiliser ? Pour le moment, je ne vois pas l’intérêt de l’immatriculation. »
Francine Sindayigaya, vendeuse de pagnes, abonde dans le même sens : « Déjà, je paie les taxes, alors que je m’approvisionne à Bujumbura. Si je me fais immatriculer, sûrement que je payerai des taxes de trop. »

Pour Gilbert Nduwayo, gouverneur de Makamba, se faire immatriculer rassure la province que le commerçant travaille dans la légalité ©Iwacu
Pour Gilbert Nduwayo, gouverneur de Makamba, se faire immatriculer rassure la province que le commerçant travaille dans la légalité ©Iwacu

Quant à Sadock Matata, président de la société de gestion du marché de Nyanza-Lac, il assure que peu de commerçants du marché de Nyanza-lac sont au courant de l’importance de se faire immatriculer. « Les commerçants ont peur de l’OBR. Ils estiment que les taxes collectées peuvent excéder leurs capitaux. Imaginez si une personne a un capital d’un million et que l’OBR lui demande 500 mille Fbu d’amende ! Comment, dans ces conditions, ira-t-il chercher l’immatriculation auprès de cet office ? » fait-il remarquer. Et de réclamer la sensibilisation sur le civisme fiscal pour plus de compréhension : « Nous nous sommes faits inscrire au cours de la dernière campagne, mais nous ne savons pas à quoi vont nous servir ces numéros d’identification fiscale. »

Les avantages de  se faire immatriculer

Dieudonné Kwizera, Directeur de l’Immatriculation des contribuables, Véhicules et Entreprises à l’OBR, rappelle l’importance d’avoir un NIF pour tout commerçant : « C’est une obligation pour accéder aux différents services comme les crédits bancaires, le transfert de propriété, les dédouanements ou toute activité commerciale et fiscale. » Le NIF est considéré comme une carte d’identité pour un contribuable.
Par ailleurs,« Etre un contribuable, c’est manifester la volonté d’un patriote. Toute personne qui exerce une activité qui génère des revenus, quel que soit le capital, doit contribuer au bon développement du pays, » insiste M.Kwizera.

Même constat pour Gilbert Nduwayo, gouverneur de la province de Makamba : « Le fait de travailler dans la légalité donne de l’espoir à la province pour différentes passations de marché.»
Il prévient que les récalcitrants vont avoir des problèmes prochainement : « Makamba est frontalière de la Tanzanie, et la plupart des commerçants exercent dans l’informel et pratiquent souvent la fraude. S’ils continuent ainsi, ils n’auront plus le droit de faire du commerce car il y a des taxations obligatoires aux frontières. La compétition avec nos voisins sera nulle. » M. Nduwayo appelle tous les commerçants à être en ordre afin de contribuer au développement du pays. « Si ces commerçants ne sont pas inscrits, la province ne saura pas avec qui travailler légalement. »

Certains commerçants voient déjà l’importance de se faire immatriculer. Amos Nijimbere qui s’est fait inscrire pendant la campagne de l’OBR indique que grâce au NIF«  des clients peuvent le trouver facilement »
Quant à ces commerçants qui ont peur de se faire immatriculer, M.Kwizera souligne qu’ils s’exposent aux sanctions prévues par la loi fiscale.
L’OBR fait savoir qu’il continuera ces campagnes de sensibilisation qui ont commencé au second semestre de 2013. « Dans un premier temps, on a procédé par la registration, après suivra l’établissement des impôts égaux en rapport avec la catégorie du commerçant, »rassure M.Kwizera.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. CND

    « …….Imaginez si une personne a un capital d’un million et que l’OBR lui demande 500 mille Fbu d’amende…… » à quoi cette révélation est-elle relationnelle avec le NIF??! A moins que le concerné a commis des actes frauduleux. Par ailleurs en cas de fraude ce n’est pas le capital qui est frappé par l’amende mais c’est la valeur des marchandises attrapées en fraude. Eduquons – nous.

  2. TIM

    les gens se plaignent que les taxes et impôts sont exorbitants. quelle solution?

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 1 403 users online