« Le MSD pouvait tout supporter sauf le mensonge »

Lors de sa réunion du 13 août 2014, le bureau politique du MSD a décidé le retrait du parti dans la participation des démembrements de la CENI. Me Nyamoya indique que sa formation refuse d’être victime d’une machination.

Pourquoi le retrait des CEPI ?

Lors de la rencontre du 2 septembre pour la préparation de la mise en place des CEPI, notre parti a constaté avec grande déception que non seulement la CENI menait cette activité en violation de la loi, mais aussi qu’elle n’entendait pas dialoguer avec les parties prenantes.
Malgré ce signal que le processus électoral sous la direction de l’actuelle CENI prenait un tournant qui ne garantit pas des élections libres, transparentes, etc., notre parti a décidé de présenter des candidats aux CEPI. Fort de cette conviction que la raison finirait par inspirer la CENI.
Toutefois, la publication des noms des candidats retenus a refroidi notre optimisme tant la prédominance du Cndd-Fdd est flagrante. Et ce, à travers notamment de prétendus représentants des confessions religieuses ou de la société civile dont les accointances avec le parti au pouvoir sont un secret de polichinelle.

Quelle est la goutte qui a fait déborder le vase ?

Le mensonge d’un organe chargé de conduire les élections, un organe qui se doit indépendant et impartial.
En effet, notre parti a désigné Odette Ndayisaba et Lumula Bakundukize pour le représenter respectivement dans les CEPI à Ngozi et Gitega. Leur identité ethnique était visiblement et lisiblement mentionnée dans leurs dossiers de candidature.
Néanmoins, à notre plus grand étonnement, nous avons appris que la CENI les a remplacées unilatéralement lors de la soi-disant opération de correction des lacunes constatées.

Pour quelles raisons?

La CENI explique qu’elle avait pris ces deux dames pour des Tutsi avant de constater après publication qu’elles sont Hutu. Nous lui avons fait remarquer que se tromper jusqu’à ce point est impossible parce que tout était mentionné noir sur blanc.
En raison de cette perte totale de la confiance en la CENI, notre parti s’est retiré de ses démembrements. Nous refusons de cautionner cette mascarade électorale qui annonce la couleur dès le départ.

Est-ce que vous avez engagé un recours ?

Evidemment. La CENI a persisté qu’elle avait commis une erreur sur l’identité de nos deux militantes, qu’elle s’en excusait, mais qu’elle ne pouvait rien modifier. Il n’y a pas eu erreur, cela a été fait exprès.
Pour vous, que traduit ce comportement de la CENI ?
Cela présage que la proclamation des résultats des urnes va suivre la même logique. Il y a risque qu’elle publie les gagnants à la place des perdants ou vice-versa.

La politique de la chaise vide ne risque-t-elle de vous coûter cher ?

Sur 163 membres des CEPI et sur 17 provinces, le MSD n’avait que cinq représentants, également dans cinq provinces. Notre retrait ne va rien changer. Nous participerons aux élections quelles que soient les circonstances de leur préparation. Seulement, nous voulons que les différents partenaires du pays veillent davantage sur la CENI. Il y a des choses inadmissibles. La CENI ne doit pas continuer le processus comme si de rien n’était, en se disant que les chiens aboient et la caravane passe.