Un mois après la disparition du journaliste Jean BIGIRIMANA , nous vous envoyons ce message pour vous dire que nous sommes de tout coeur avec vous les journalistes de IWACU et sa famille
Depuis Avril 2015, les burundais sont quotidiennement confrontés à la perte de leurs proches, ils portent le deuil des leurs assassinés, ils essuient des larmes que rien ne peut consoler, ils essaient de reprendre tant bien que mal le cours de leur existence. Mais ces burundais-là sont ceux qui ont pu enterrer dignement les dépouilles des défunts comme le prescrit la tradition, ceux qui ont pu les faire reposer dans une sépulture décente.
Il n’en n’est pas ainsi pour tous. Loin de là.
On ne compte plus les enlèvements, les égorgements, les cadavres retrouvés dans les rivières et les ruisseaux.
De nos jours, est considéré comme chanceux celui qui retrouve le corps sans vie du proche ou du parent disparu ou celui qui apprend l’endroit où il serait détenu. Tandis que le malheureux qui n’a toujours pas des nouvelles demeure la peur au ventre, incapable d’espérer le revoir en vie. Il en est souvent réduit à espérer retrouver le corps.
QUELLE TRISTESSE QUE D’ESPERER RETROUVER UN CADAVRE !
C’est le cri de Godeberthe, Don et Timmy, l’épouse et les enfants de Jean Bigirimana qui n’ont toujours pas de ses nouvelles depuis sa disparition.
Son cas est l’un des rares connus car il travaillait pour un journal renommé qui fait tout pour que la lumière soit faite sur sa disparition
Non, les burundais ne pleurent plus ! La douleur est trop grande !
Aujourd’hui pleure la mère Patrie Burundi
Le Burundi de lait et de miel
Le Burundi des oiseaux qui chantent
Le Burundi qui nous est tous si cher
C’est ce Burundi qui pleure
C’est l’eau de source que chantait Canco Amissi et que nous reprenions en chœur qui pleure
Qui la consolera ?
Ceux qui l’auraient consolé sont ceux-là même qui la maudissent et la rende impure
Au Burundi, ceux qui dénonçaient ces crimes odieux se sont tus
Les médias ont été muselés
Ceux qui osent encore alerter vivent constamment dans la crainte de subir le même sort
Aujourd’hui tant de burundais sont démissionnaires, résignés, préoccupés par leur propre survie
MAIS LE BURUNDI NE SE TAIT PAS
Ses pleurs résonnent dans nos cœurs
Dans les cœurs meurtris des parents, des mères
Nous les Femmes et Filles du mouvement pour la Paix et la Sécurité au Burundi nous joignons à notre mère patrie pour crier :
‘’Ne me rendez pas impure !
Je suis un beau pays, je vous apporte l’air que vous respirez gratuitement, une eau pure que vous buvez sans filtre, une terre riche qui vous nourrit et que nombreux vous envie.’’
Cette terre et ses eaux ne vous ont pas été données pour en faire des cimetières
Ne me rendez pas impure en y versant le sang de mes enfants
Ne me souillez pas en tuant les bénédictions que je vous avais données.’’
C’est notre appel à tous les burundais qui mettent en colère le Burundi et Dieu qui nous l’a donné.Nous ne nous tairons pas, nous ne cesserons de crier. Jusqu’à ce que le Burundi retrouve l’honneur et la dignité dont Dieu l’avait revêtu
Pour le Mouvement des Femmes et Filles pour la Paix et la Sécurité au Burundi.
Catherine Mabobori