C’est au nom de la Constitution que le ministre Gabriel Nizigama encourage ces jeunes affiliés au Cndd-Fdd à collaborer étroitement avec la police pour traquer les malfaiteurs. Selon le Forum pour le renfoncement de la société civile burundaise (FORSC), la loi fondamentale est mal interprétée sur ce point.
<doc6352|right>Pour le ministre de la Sécurité publique, cette collaboration est « une action patriotique à encourager ». D’après lui, dans tous les pays démocratiques, la police est un instrument du pouvoir : « La sécurité incombe tout d’abord à la population et c’est un devoir reconnu à tout citoyen. C’est quand la population est dépassée qu’elle fait appel à la police», explique le ministre Nizigama. « On veut que toute la population collabore avec la police pour que la sécurité soit garantie, la police n’agit que sur base des informations fournies par la population. Elle doit travailler en étroite collaboration avec toute la population sans distinction », ajoute-t-il.
Le Forsc est catégorique : « Invoquer l’article 73 qui stipule que ’’tout individu a le devoir de contribuer à la sauvegarde de la paix, de la démocratie et de la justice sociale’’, pour justifier la collaboration entre la police et les jeunes Imbonerakure est une mauvaise interprétation de la Constitution ». ’’Sauvegarder la paix’’, signifie dans ce contexte que tout citoyen est tenu à ne pas perturber l’ordre public, car tout Etat possédant la puissance publique garantie par la loi fondamentale, dispose d’une armée, d’une la police et du parquet pour veiller à la quiétude des citoyens et pour défendre la patrie, fait savoir Célestin Hicuburundi, chargé de la communication au Forsc.
Selon le ministre de la Sécurité publique, « s’il y a un groupe donné de jeunes gens qui offrent à collaborer ou à appuyer la police, cette dernière ne regarde pas leur obédience politique ni leur confession religieuse». Cependant le ministère de la Sécurité Publique affirme désapprouver les actes ignobles commis par ceux qui s’écartent de la loi : « Si ces Imbonerakure posent des actes isolés, ils sont poursuivis. Il y en a qui sont arrêtés. Même nos collègues sont arrêtés quand ils commettent des bavures. C’est pour vous dire que la police n’hésiterait pas à mettre sous les verrous certains Imbonerakure fautifs », reconnaît le ministre Nizigama.
Pour le Forsc, le parti au pouvoir ne devrait pas entretenir une sorte de mouvement paramilitaire sensé participer à la sauvegarde de la sécurité alors qu’il y des instances reconnues par la Constitution, habilitées à le faire. « Les dérapages de la JRR, il y a 40 ans et du Jedebu, il y a 20 ans, sont décriés par la plupart des ténors du pouvoir actuel. Ils devraient servir de leçon, c’est à ne pas rééditer. L’expérience de nos voisins est tristement éloquente. Tout mouvement paramilitaire affilié à un parti politique est voué à l’échec, il est inacceptable dans toute république digne de ce nom », rappelle Célestin Hicuburundi, chargé de la communication au Forsc.