Le 3 mai, le Burundi s’est joint au monde entier pour célébrer la Journée de la liberté de la presse. Une occasion pour notre pays de rappeler le rôle fondamental des médias. Des discours ont été prononcés par les autorités. Dans leurs propos, beaucoup de satisfactions, « surtout que le Burundi vient de gagner 40 places dans le classement mondial de la liberté de la presse 2022 par RSF ». Fier de ce classement, un officiel me fait remarquer que notre pays s’approche de certains Etats africains qualifiés de chantres de la liberté et de la démocratie, comme le Ghana, loin devant certains pays de la Région. « Nice to hear that ! » Mieux, il reconnaît que la liberté de la presse est le socle de la démocratie. Par ailleurs, le président Evariste Ndayishimiye avait donné le ton avec son fameux « Never without media ». Question légitime : Est-ce que le reste de nos responsables ont bien compris le message du Chef ? Un bémol.
« Malgré les quelques signaux favorables envoyés par le nouveau président Evariste Ndayishimiye, l’environnement reste encore très hostile pour l’exercice du journalisme au Burundi », nuance le rapport de RSF. Sans reprendre toutes les critiques, retenons une, maillon faible de la liberté de la presse au Burundi, re
connue par presque tous les professionnels des médias burundais : la rétention de l’information.
Le droit à la liberté de la presse est étroitement lié au droit d’accès à l’information qui recouvre celui d’informer et celui d’être informé. Or, force est de constater que nombreux officiels, responsables politiques, administratifs et fonctionnaires ne veulent pas s’exprimer dans les médias, surtout indépendants et privés. Ils adoptent une attitude défensive et insistent sur la nécessité de « limiter la circulation des informations sensibles. » Toute information officielle semble « sensible».
RSF a été on ne peut plus clair : « La presse est surveillée de près, au point que dans certaines provinces, les journalistes doivent disposer d’une autorisation ou être accompagnés d’un membre d’un média d’Etat pour pouvoir traiter certains sujets. » Pourquoi aller faire des salamalecs aux administratifs si un journaliste détient une carte de presse délivrée par l’organe national de régulation ? La liberté de la presse garantit aux journalistes la possibilité d’enquêter librement et d’informer les citoyens sur les sujets de leur choix.
Les autorités devraient comprendre, par contre, que les détenteurs du pouvoir ne font que gérer l’information pour le compte de la population. Comme l’indique la Déclaration de principes sur la liberté d’expression en Afrique, « les organes publics gardent l’information non pas pour eux, mais en tant que gardiens du bien public et toute personne a le droit d’accéder à cette information, sous réserve de règles définies et établies par la loi ».
Nos officiels devraient comprendre et respecter cette liberté.
Il y a au moins deux façons de bloquer l’information: 1) par diverses mesures restrictives, vous bloquez ou mettez hors-jeu les journalistes ou toutes les autres personnes ayant pour mission de recueillir les informations. 2) on bloque par l’autre bout en mettant les détenteurs d’information dans une situation telle qu’ils ne peuvent pas donner les informations. Les plus vieux se rappellent probablement de cette vieille pique qui nous vient de l’autre bout du monde : « Un ministre, ça démissionne ou ça ferme sa gueule ». Remplacez ministre par toute autorité détentrice de pouvoir et d’informations et vous obtenez le même résultat: on ne parle pas, si on veut garder sa place. Si en général la langue des journalistes a été déliée, il me semble tout le contraire des informateurs qui sont loin d’avoir la langue pendue.
« Toute information officielle semble sensible »
C’est très dommage que des autorités censées éclairer le public aient une telle attitude, dans un pays qui se veut démocratique. Une information est un bien public, et elles doivent servir ce public.
»Le droit à la liberté de la presse est étroitement lié au droit d’accès à l’information qui recouvre celui d’informer et celui d’être informé. »
Vous les journalistes, vous avez le vent en poupe surtout que le président de la République S.E. Evariste Ndayishimiye vous soutient. Profitez de cette occasion pour faire avancer les choses. Ma suggestion est que, même si cela n’est pas dans vos attributions, vous aidiez la Ministre en charge des technologies de l’information et des médias, Mme Marie-Chantal Nijimbere, à sortir un projet de loi sur l’accès à l’information. Allez sur internet, copiez par exemple la loi sur l’accès à l’information au Canada et adaptez-là, mutatis mutandis, aux réalités burundiases, puis soumettez-le lui. Ses fonctionnaires pourront affiner cet avant-projet de loi pour en faire un projet de loi. Mme Nijimbere, le moment venu, discutera de ce projet de loi avec ses collègues en cabinet puis ira le présenter devant l’assemblée nationale sous le vocable Loi NIJIMBERE qui restera gravée dans la mémoire des burundais.
Ohoo ! Ngira chef ntabamufasha afise !!! None ko abategetsi bava mu mugambwe wiwe, niwe abatora kuko abagomwe canke barabamwohereza ako ? Abatwara umugambwe none basenyera ku mugozi umwe na chef ? Atari ukwo, niturondere tumenye abajaba.