Presque tous les points de vente du produit sont vides. Les camions des fournisseurs viennent de passer une semaine bloqués par la police à Nyabiraba et à Matana. Ils sont accusés de mauvais chargement, violant ainsi l’article 512 du nouveau code routier au Burundi. Entre-temps, le sac de charbon a doublé de prix.
<doc6739|left>Félix est malheureux. Il travaille comme cuisinier dans la commune urbaine de Rohero : "J’utilisais 1.500 Fbu par jour pour se procurer du charbon de bois mais, aujourd’hui il lui faut le double de cette somme pour une même quantité. Je vous laisse imaginer le regard de ma patronne quand je lui explique cela", soupire le jeune homme.
Et il n’est pas le seul. A Gasenyi, plus au nord de Bujumbura, certains ménages en sont à des bûches pour cuisiner, tant le prix du charbon a explosé : Luc Batije, le porte-parole de l’association Ibiti ni Ubuzima qui regroupe les transporteurs de charbon pose la situation : "Avant les grossistes pouvaient se procurer un sac à 18 ou 19 mille Fbu et le vendre à 24 ou 25 mille. Maintenant, un sac coûte par fraude entre 50 ou 60 mille Fbu", regrette-t-il.
Alors que le nouveau Code de la route n’autorise pas des sacs dépassant le bac à chargement des camions, ces derniers, qui livraient entre 80 et 120 sacs pour un seul tour sont pour la plupart bloqués soit à l’école primaire de Nyabiraba (Bujumbura rural), soit dans la commune de Matana (Bururi). Ajoutez au manque à gagner les assurances déjà payés, les impôts et taxes plus la location de chaque véhicule, à 250 mille Fbu/jour.
En plus, "il fait très froid, par ici", déplore un autre chauffeur, qui assure avoir faim : "Nous n’étions absolument pas préparés à cette situation", explique-t-il.
Mais que va-t-il se passer, finalement ? Vont-ils se plier au contenu du nouveau Code de la route ? Silence … "Nous voulons que les choses rentrent dans l’ordre", expliquent-ils. Le charbon risque encore de manquer à Bujumbura.