Tout commence par une "simple" colonne de fumée qui s’élève du plus grand marché du Burundi. Iwacu, comme tous les autres médias locaux, dépêche des journalistes pour comprendre ce qui se passe. Il est aux environs de 7h du matin.
<doc6884|right>« A ce moment-là, j’ai constaté une absence de corps de sécurité et de pompiers. Les premiers policiers organisés sont arrivés vers 8h30 et ils protégeaient les commerces et s’interposaient pour empêcher les pillages. Quant aux premiers pompiers, ils sont arrivés vers 8h, mais sans eau. La première lance-à-eau en activité a été déclenchée vers 9 h 15. Ces observations ont été faites devant l’entrée centrale du marché, je n’ai pas été derrière », raconte Luc, un témoin, présent lui aussi au marché dès 7h30.
Derrière donc, c’est à dire le côté sud du marché et le côté nord-est : voilà les vrais objectifs des pompiers. Impuissants face à la fournaise à l’intérieur du marché, ils se concentrent sur les deux stations de pompe à carburant qui pourrait exploser si le feu les atteint, et propager l’incendie au reste du centre-ville. Même travail de circonscription du feu côté ouest, pour éviter qu’il n’aille notamment vers les sièges de la Poste et de l’Onatel.
<doc6885|right>Trois heures plus tard, la fumée est devenue une épaisse et large colonne noire qui s’élève dans la capitale, alors qu’un feu ardent ravage des dizaines de tonnes de produits entreposés dans le marché.
Sur place, une immense foule est accourue de toute la capitale. La police ne parvient à sécuriser l’entrée centrale du marché que vers 11h30. Entre temps, le gouvernement, par la voix du Premier vice-président, lance un appel à l’aide aux pays de l’EAC, avant d’annoncer la création d’une Commission nationale chargée de gérer la crise.
On apprend aussi que le Président en réunion à Addis-Abeba dans le 20ème sommet de l’Union Africaine a écourté en urgence son voyage.
Vers 13h, la réponse à l’appel au secours lancé par le Burundi se matérialise dans le ciel par un hélicoptère aux couleurs rwandaises, qui commence à dessiner des cercles au dessus du site.
<doc6887|left>Sur le sol, c’est la fatigue. Albert Maniratunga, le patron de l’Aviation civile est venu avec ses engins de l’aéroport, pour aider à éteindre l’incendie. Il n’a presque plus de voix : depuis 10h, il est sur la brèche. 4h de combat.
Avec un groupe de journalistes, Iwacu le coince côté ouest du marché, alors qu’il guide un camion qui vient encore déverser de l’eau. Il fait chaud, la partie centrale du marché brûle toujours. Dans un bruit infernal, l’hélicoptère de l’armée rwandaise passe au dessus de nous et déverse de l’eau qu’il traîne dans une sorte de seau géant.
Albert Maniratunga évoque les difficultés auxquelles les secours font face : « Les lieux de l’accident doivent être protégés par un périmètre de sécurité, pour faciliter le travail des pompiers. Or nous avions affaire à une foule indisciplinée, il y avait des commerçants qui tentaient de sauver leurs biens mais aussi des pillards », regrette-t-il.
Effectivement, toute la matinée c’était un chaos indescriptible. Des gens entraient et sortaient, avec des caisses, des marchandises, impossibles de distinguer si c’étaient les propriétaires ou des voleurs. « Notre travail était aussi compliqué par la difficulté d’accéder dans la partie centrale du marché, ({NDLR : Non respect des voies réservées aux pompiers}). Mais nous avons pu limiter les dégâts».
Selon Albert Maniratunga, à 14H30 heure de Bujumbura, l’objectif des pompiers est d’éteindre les foyers résiduels, alors qu’on distingue encore des flammes au centre du marché. Un bruit sourd. « Ce sont des cartons de parfums qui explosent », explique Maniratunga. Son téléphone sonne, il s’en va en courant.
<doc6886|left>Autour du marché, les militaires appelés en renfort depuis le matin quadrillent les lieux. Personne ne peut plus passer le cordon de sécurité.
Une foule atterrée regarde la noria de l’hélico rwandais qui fend la fumée noire qui s’élève encore du marché. Un lourd silence plane sur la foule.
Dans les hôpitaux, les victimes du désastre ont été accueillies et gratuitement soignées.
Puis peu à peu, la fumée baisse d’intensité. Vers 17h passées, le cortège présidentiel arrive en trombe, avant que le numéro un burundais ne fasse un tour des lieux, appelant tout le peuple burundais à la solidarité nationale. Il quitte les lieux 30 minutes plus tard pour une réunion du Conseil national de sécurité, dont attend d’un moment à l’autre les mesures.
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