Après son journal hebdomadaire en français et sa version en kirundi, après son site web et sa newsletter électronique quotidienne, le Groupe de Presse Iwacu, agrandit son champ d’action ou de rayonnement et vient de lancer un mensuel, "Le Magazine Iwacu" pour aller plus loin que l’actualité. Les cérémonies de lancement de ce nouveau produit se sont déroulées à l’Hôtel Safari Gate ce jeudi 17 novembre. <doc2143|left>Plusieurs diplomates dont l’ambassadeur du Royaume de Belgique au Burundi et des délégués des organismes internationaux dont le Représentant de l’UNESCO au Burundi étaient de la fête de même que l’ancien Chef d’Etat, le Sénateur Sylvestre Ntibantunganya ainsi que le Colonel Gaspard Baratuza, le porte-parole de l’armée burundaise. Des chefs d’entreprise et plusieurs personnalités dont des représentants de la société civile et de la presse ont pris part à ces cérémonies. Pour le directeur du Groupe de Presse Iwacu, Antoine Kaburahe, ce mensuel veut aller plus en profondeur, analyser, enquêter, interroger les spécialistes, recueillir des témoignages et offrir une grande analyse. Il explique : « Le Magazine Iwacu ne court pas derrière l’information, on veut comprendre, expliquer, restituer l’information dans le contexte global. Le mensuel Iwacu ne court pas contre le temps mais le temps devient un allié ». Ce nouveau-né dans le paysage médiatique burundais se veut ouvert aux contributions de spécialistes et autres intellectuels burundais et étrangers. Ce magazine devient par voie de conséquence un canal privilégié pour comprendre les grands enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels auxquels le Burundi et la sous-région font face. « Nous voulons contribuer à la création d’une mémoire écrite au Burundi, faire parler les grands témoins de notre histoire, comprendre d’où nous venons et où nous allons », signale le directeur du Groupe de Presse Iwacu. Le Magazine Iwacu est également un régal pour les annonceurs avec un tirage de 5.000 exemplaires. Ce mensuel est un grand défi, il n’est pas subventionné et le pari à relever est de pouvoir vivre des abonnements et de la publicité. Le Chef de bureau et Représentant de l’UNESCO au Burundi, Dr Colin Nicholls, promet de soutenir cette initiative. Selon lui, Le Magazine Iwacu, c’est comme Jeune Afrique. Le contexte tendu entre le pouvoir et la presse a été évoqué au cours de ces cérémonies de lancement de ce nouveau magazine. Selon M. Antoine Kaburahe, rédacteur en chef du Journal Iwacu, il ne faut pas que le gouvernement se trompe, son adversaire ce n’est pas la presse mais le chômage, la démographie galopante, l’énergie, etc. Il appelle le Conseil National de la Communication (CNC) à briser son silence et à assainir le climat entre les médias et le gouvernement. Pour l’ambassadeur du Royaume de Belgique au Burundi, Josef Smets, le menu offert par Iwacu est équilibré et les plats proposé sont bons même si chez certains, parfois la digestion est difficile. « Iwacu donne la parole à tout le monde et interpelle sans détour la classe politique. Il y a à Iwacu un respect pour la vérité avec un sens critique sans pitié pour tout ce qui est inacceptable comme les violations des droits de la personne humaine et les détournements des deniers publics ». L’ambassadeur Josef Smets demande qu’il y ait un climat apaisé autour des médias : « S’il y a des choses qui gênent ou qui fâchent, il faudrait dialoguer, se voir, se parler, continuer à se rencontrer et à se concerter. Je ne pense pas que la méthode des convocations fréquentes soit un instrument qui contribue à l’harmonie ou à l’apaisement ». Selon l’ambassadeur du Royaume de Belgique au Burundi, en démocratie, la tolérance et le débat contradictoire doivent avoir droit de cité. « Même les plats qui ont un goût amer ont une place dans une société ouverte et sans tabou et il ne faudrait pas y mettre du poison dans le but de faire du mal ». Le climat tendu entre les pouvoirs publics et les médias a failli voler la vedette au lancement du Magazine Iwacu, ce débat s’est invité à ces cérémonies. L’ancien Président de la République, le Sénateur Sylvestre Ntibantunganya, en appelle à la responsabilité du CNC. Il demande à cet organe nanti d’un pouvoir délibératif reconnu par la Constitution de jouer pleinement son rôle. Il ne tarit pas de conseils : « Les tensions et les confrontations n’ont jamais aidé ni les peuples, ni les sociétés, ni les Etats à avancer. La négation des droits reconnus peut malheureusement conduire à l’exploration d’autres voies. Il reconnaît avoir à un certain moment opté pour la clandestinité mais ’’ je ne suis pas partisan de cette méthode même si je l’ai pratiquée’’. « Les meilleurs militaires sont aussi ceux qui savent battre en retraite tactique », fait remarquer cet ancien chef d’Etat.