A l’ouverture de la session parlementaire du mois de décembre, le président de l’Assemblée nationale a tenu des propos qui, de l’avis de certains, remettent en cause les missions premières du Parlement.
Tout part du discours prononcé par le président de l’Assemblée nationale, Gélase Ndabirabe, à l’ouverture de la session parlementaire de décembre. Vingt-trois points composent ce discours. Au point 6 de ce discours, il a déclaré. « En effet, en vue d’appuyer, d’accompagner et de porter haut la visibilité de Reta Nkozi, Reta Mvyeyi, Reta Nsenzi, en plus des actes posés sur le plan de la solidarité sociale et de la consolidation de la cohésion communautaire, les membres du Bureau de l’Assemblée nationale et les Honorables Députés, associés aux Honorables Sénateurs, ont joint leurs efforts à ceux des citoyens dans les travaux de développement destinés à doter le pays d’infrastructures dans les domaines scolaires, sanitaires, de transport, de sport, de culture et des administrations locales. »
Des propos qui, de l’avis du porte-parole de l’Assemblée nationale, Alexis Badian Ndayihimbaze, n’ont rien de problématique. Selon lui, le président de l’Assemblée nationale ne s’est nullement contredit dans son rôle. « Qu’il ait dit cela n’annule pas les missions principales de l’Assemblée nationale. Car, voyez-vous, les députés sont des citoyens comme les autres et par ce biais-là, peuvent appuyer les actions du gouvernement. » M. Ndayihimbaze ne s’arrête pas là. Il ajoute que le fait de prendre part à des travaux communautaires pour les députés, sert aussi à donner l’exemple à la population en tant que représentants du peuple.
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Gaspard Kobako : « Un parlement croupion »
Le porte-parole du Cndd, ancien ministre des Travaux publics, témoigne de son expérience à l’égard de l’Assemblée nationale. « De notre époque, l’Assemblée nationale exerçait parfaitement son droit de contrôle de l’action gouvernementale. Je me rappelle même, une fois, lors des questions des députés à mon égard, un député de ma promotion m’a posé une question juste pour me déstabiliser. »
M. Kobako ne se montre pas tendre vis-à-vis des propos du président de l’Assemblée nationale. « C’est carrément une démission de son rôle de président de l’Assemblée » Et d’ajouter. « Dès lors, nous aurons un parlement qui va se confondre avec l’exécutif, bref un parlement croupion, de béni-oui-oui ! »
Zénon Nicayenzi : « Le Parlement est là pour secouer »
Pour le leader du Parena, le parlement a le rôle d’inhiber l’abus gouvernemental. « Le parlement c’est le peuple en microcosme. Au moment où le Gouvernement gère le bien communautaire, le Parlement valide ou non les propositions émises par celui-ci » Selon ce vieux routier de la politique, avec les propos de M. Gélase Ndabirabe, le pouvoir législatif n’en est plus un. Et de préciser. « Le Parlement n’est pas là pour accompagner le Gouvernement, il est là pour secouer ! »
Abdul Kassim : « C’est une simple erreur »
Le président de l’UPD-Zigamibanga plaide pour une simple erreur de la part des rédacteurs du discours du président de l’Assemblée nationale. « Je pense sincèrement que ceux qui ont rédigé ce discours ne se sont pas relus. Ça arrive de se tromper »
Gabriel Banzawitonde : « En votant les lois, c’est aussi appuyer le Gouvernement »
Pour le chef de l’Alliance pour la Paix, la Démocratie et la Réconciliation, l’accompagnement de l’action gouvernementale fait implicitement partie du rôle de l’Assemblée nationale. « En votant les lois, c’est aussi appuyer le Gouvernement. » Le leader de l’APDR avance également que les dires du président de l’Assemblée nationale démontrent que le Gouvernement et l’Assemblée nationale « travaillent en totale cohésion pour le développement du pays ».
Simon Bizimungu : « Quand on accompagne le Gouvernement, on n’a plus rien à dire »
Le secrétaire du CNL et député rappelle que le mandat de l’Assemblée nationale est de voter les lois, représenter le peuple et contrôler l’action gouvernementale. « Accompagner l’action gouvernementale ne figure nulle part dans nos attributions ! » Et de s’indigner. « Quand on accompagne le Gouvernement, on n’a plus rien à dire. » Le député Bizimungu s’inquiète aussi pour l’avenir du travail parlementaire. « Que se passera-t-il quand nous inviterons un ministre à répondre aux questions ? Va-t-on demander des comptes à un gouvernement dont nous ne sommes là que pour accompagner les activités ? »
Olivier Nkurunziza : « les députés doivent contribuer au développement du pays »
Le secrétaire de l’UPRONA souligne que le travail parlementaire consiste notamment dans le contrôle de l’action gouvernementale. Mais pour lui, le président de l’Assemblée nationale ne s’est pas contredit pour autant. « En dehors de leur travail à l’Assemblée, les députés doivent contribuer au développement du pays » Mieux, le haut responsable du parti du Prince Rwagasore explique que « les députés font partie de la population burundaise » et qu’ils doivent également s’enquérir de la mise en œuvre des projets de société de leurs partis politiques.