Aucun développement n’est possible sans l’implication de la femme. C’est l’avis des jeunes filles, femmes et hommes leaders des provinces Bubanza et Bujumbura. C’était lors des formations organisées, du 17 décembre au 20 décembre 2018, dans le cadre du projet « soutenir les femmes leaders d’aujourd’hui et de demain pour faire avancer la paix au Burundi». Un projet de Search for common ground (SFCG) financé par United Nations Peacebuilding Fund (UNPBF).
« On ne peut pas se prévaloir soi-même leader. C’est la communauté qui te désigne comme tel au regard de tes qualités», relèvent les participants à ces ateliers de formation. «Dans le passé, un leader était assimilé à un homme riche, mais aujourd’hui, même un pauvre peut être un leader dans la communauté». Selon les participants, être un leader est inné mais aussi on peut acquérir les qualités d’un bon leader au cours de la vie. Ils trouvent également que les femmes ont été longtemps écartées des affaires de la communauté. «Les femmes ont déjà franchi un pas pour être des leaders dans leurs communautés mais il reste un long chemin à faire».
En commune Bubanza, cette formation avait été organisée par les associations Dushirehamwe et le Réseau des organisations des Jeunes en Action (REJA). Dans les communes de Mukike et Mugongomanga en province Bujumbura, c’étaient les associations Dushirehamwe et le Collectif pour la Promotion des Associations des Jeunes (CPAJ). Dans chaque commune, on avait invité une quarantaine de jeunes filles, femmes et hommes leaders. Ils ont été choisis parmi les différentes appartenances ethniques, socio-économiques, politiques et culturelles. Les grandes thématiques abordées étaient le leadership, la résolution pacifique des conflits, le plaidoyer et le réseautage ainsi que la masculinité positive.
«Les femmes peuvent faire des merveilles!»
Pour Adeline Kanyange, conseillère chargée des questions administratives et sociales en commune Bubanza, ce projet arrive à point nommé dans cette période où le pays s’achemine vers les élections de 2020. Elle espère que les femmes se mobiliseront pour ces échéances électorales : «Si les femmes ne se font pas élire, leurs voix ne porteront pas loin.» Adeline Kanyange se réjouit que ce projet mette en avant les jeunes filles : «C’est une bonne chose pour le pays. Le Burundi se développera si les hommes et femmes travaillent en synergie». Elle exhorte les autres femmes à se consacrer beaucoup plus aux activités de développement mais aussi politiques.
Stany Bantereke, chef de zone Ijenda en commune Mugongomanga, trouve que les talents des femmes ne sont pas suffisamment exploités. «Certains hommes ont des idées des temps révolus. Ils doivent plutôt soutenir les femmes au lieu de les stigmatiser». Le chef de zone appelle les femmes à se présenter massivement aux élections de 2020 afin d’intégrer les institutions qui seront élues. Il s’engage à aider dans la sensibilisation des femmes et jeunes filles de sa zone afin qu’elles puissent elles-aussi devenir des leaders dans la communauté.
D’après Emelyne Nzeyimana, responsable du parti Cndd-Fdd sur la colline Mayuyu en commune Mukike, la plupart des conflits qui s’observent dans cette localité sont liés à la politique. «En cas de conflit, nous essayons de nous asseoir ensemble afin de trouver une solution sans qu’il y ait confrontation». Cette jeune fille d’une vingtaine d’années fait savoir que ce n’est pas toujours facile. «Ces nouvelles connaissances vont beaucoup nous aider pour résoudre pacifiquement nos conflits». Elle demande aux autres jeunes filles d’adhérer massivement aux partis politiques. « Dans ces organisations, on peut apprendre beaucoup de choses. Cela nous permet aussi de faire avancer nos revendications».
Marie Rose Habonimana de la colline Mayuyu indique que dans leur association « Twunge Urunani », elles mettent en avant le dialogue pour régler leurs conflits. Cette jeune fille est convaincue que ces nouvelles connaissances acquises au cours de cette formation vont être très bénéfiques pour son association et pour sa communauté. «Je vais les partager avec mes amies pour qu’elles n’aient plus peur de s’exprimer en public et de participer efficacement aux développement du pays».
C’est aussi l’engagement d’Adrien Katihabwa de la commune Bubanza : «Les femmes chefs de colline, administrateurs ou chefs d’entreprise ne sont pas nombreuses. Nous irons sur les collines pour les sensibiliser afin de remédier à ce problème qui prévaut depuis belle lurette.» Pour ce trentenaire, les femmes sont les piliers du développement des ménages en particulier et du pays en général. «Parler de développement sans les femmes est utopique. Elles doivent être impliquées au même titre que les hommes».
Signalons que ce projet couvrira 7 provinces à savoir Bujumbura mairie, Bujumbura Rural, Bubanza, Kirundo, Makamba, Cibitoke, et Kayanza.